Le Fay’stival de Fay aux Loges (Loiret) lance sa troisième édition ce mercredi jusqu’à dimanche. Théâtre, et musique sont au programme d’un festival qui se veut différent notamment en proposant un In et un Off mêlant création professionnelle et amateure. Gérard Audax, son créateur et directeur artistique nous en dit plus.
Propos recueillis par Gérard Poitou
De rocs et d’Ecume cl JB Loiseau
Mc D’où vient le Fay’stival ?
Gérard Audax Je peux raconter l’histoire du Fay’stival en partant du premier spectacle que nous avons joué il y a trois ans, ça s’appelait “Scène Natale” , c’était une rencontre fictive, improbable ou probable entre Dulin Jouvet et Copeaux donc sur la décentralisation théâtrale. J’ai demandé à trois copains, Christian Scaretti qui était directeur du TNP, Robin Renucci directeur des Tréteaux de France et Jean Claude Bourbault directeur du Théâtre du Soleil de jouer et ce spectacle inattendu a rempli la salle, ça a été les fonts baptismaux du Fay’Stival et ce n’était pas un hasard que ce soit justement un spectacle sur la décentralisation. Je crois vraiment à la biodiversité culturelle: il peut y avoir de grandes scènes, des moyennes scènes et des petites scènes, mais je pense que l’on peut partout faire du qualitatif, et c’est pourquoi dans le Fay’stival de cette année il y a le In et le Off, pour dire qu’il y a des amateurs ou des professionnels du théâtre qui sont tous des pratiquants du théâtre.
Mc: Et le programme 2021 ?
GA On ouvre avec L’Envol du Pingouin de Jean-Jacques Vanier qui est un homme d’humour, d’un humour que j’aime, très poétique qui ressemble à son personnage, il faisait partie de la bande du”Fou du Roi” sur France Inter et il amène un plein de poésie. Ensuite il y a Qui a peur de Peter Pan qui propose tout un travail avec les enfants avec la compagnie orléanaise Allo Maman Bobo qui propose un travail en primaire autour de l’univers de Peter Pan.
Après il y a le Zaï Zaï Zaï Zaï, c’est une adaptation de la BD de Fabcaro dans une forme de théâtre de rue, puis la création de la compagnie Clin d’œil, De Rocs et d’Ecume, présentée en Avignon, entièrement composée par Aurélie Audax c’est à dire le montage des textes, la scénographie la direction d’acteurs et la mise en scène.
De Rocs et d’Ecume est un pari suite à une discussion avec Marie Christine Barrault à propos du poète Eugène Guillevic, c’est un poète que j’adore, on s’est bien connu pendant une quinzaine d’années, il disait “Faire court pour en dire long”. Il existe aussi un recueil d’interviews qui s’intitule “Vivre en Poésie”. Aurélie a fait un montage de proses, de textes poétiques et d’interviews d’Eugène Guillevic, ça parle de la vie et de la mort mais ce n’est pas un récital poétique. En fait, nous sommes trois Guillevic sur le plateau: il y a Marie Christine Barrault, Guillaume Dettmar au violon, c’est une autre manière de dire la poésie de Guillevic, et moi-même et on raconte une histoire, de la naissance jusqu’à la mort. […]
Au théâtre, on est polyglotte, on peut parler alexandrin, on peut parler Brassens, on peut parler musical, on peut parler une autre langue que la langue poétique avec de la poésie en faisant du théâtre. Quand Guillevic écrit “En toi le monde se résume sans se réduire”, ce n’est pas un truc d’intello , c’est une question de sentiment et on a tous des sentiments, et je crois aux émotions de la poésie.
Mc Et pour finir c programme 2021 ?
GA Il y a Zoothèque mon amour, qui est une création de Paul Albert Rudelle, donc je ne peux que difficilement en parler. Après il y a Le Souper avec les deux Mesguich, l’histoire de Foucher et Talleyrand qui décident de donner un nouveau régime à la France. Ensuite nous avons le Petit Chaperon Louche, c’est une fable poétique pas du tout ennuyeuse, qui parle de la douceur ou de la rudesse de la vie, un bel hommage au droit à la différence et au choix de la liberté. Après, il y a la Promesse de l’aube, un Romain Gary qui n’en finit pas de régler les problèmes avec sa maman. Et puis l’Avare que l’on ne présente pas, joué par la compagnie du Kronope qui nous vient d’Avignon. Ce sont des circassiens qui jouent masqués: c’est l’Avare bien perché ! C’est Molière, ils n’ont pas touché au texte mais le traitement visuel en fait un spectacle à voir en famille, et on finit dimanche avec Sax Avenue bien connu des Orléanais, on finit en musique.
Parallèlement, il y a le Off, avant chaque spectacle il y a des spectacles joués par des compagnies amateurs, des chanteurs, des musiciens qui sont aussi importants dans cette décentralisation théâtrale: on ne vient pas avec notre savoir, on construit des choses ensemble. On a ainsi un Fay’stival qui mélange du théâtre amateur et du théâtre professionnel en gardant les lettres de noblesse de l’un et de l’autre.
Le programme détaillé, les tarifs et les réservations: https://faystival.fr/