Première rentrée pour Jacques Fleury, le tout nouveau président LR du département du Cher. Le cahier de texte n’est pas encore plein et l’agenda se remplit peu à peu. Par contre, pas de cours de rattrapage, ni de révision. On entre dans le vif du sujet. Axes de travail, secteurs sensibles, actions importantes et nécessaires sont d’ores et déjà ciblés.
Par Fabrice Simoes
Conseiller municipal, adjoint au maire, conseiller départemental (1er mandat en 1996), Jacques Fleury n’est pas un novice de la politique berrichonne. L’ancien journaliste du Berry Républicain en connaît les rouages et les hommes et les femmes qui la composent. Il sait que la tâche est rude, dans un département où les personnalités sont fortes.
Après les élections, le groupe Avenir pour le Cher, déjà majoritaire lors de la précédente mandature avait conforté sa position. Cependant, au sein de la famille politique, les petites bisbilles internes d’avant élection au poste de président du conseil départemental du Cher avaient un peu chagriné Jacques Fleury. Le climat s’est depuis apaisé dans la majorité départementale. Pour quelqu’un qui assume une forte volonté de consensus et de cohésion, c’était nécessaire. L’ancien vice-président sortant, chargé alors des personnes handicapées et du personnel départemental, est un homme d’écoute mais aussi de recherche de l’intérêt collectif plutôt qu’individuel. Son retrait pragmatique du canton de Bourges 2, au début des années 2000, pour laisser le champ libre à d’autres, en est une preuve.
Désormais les couleuvres sont ravalées et les mauvais souvenirs quasi-oubliés. L’ancien « sacrifié sur l’autel de l’union » est maintenant le boss du département et vient de lancer ses chantiers pour le nouveau mandat.
La gestion de l’eau, pas le seul grand chantier…
Parmi les sujets chauds, la politique départementale de l’eau est en haut de la pile des dossiers. De l’agriculture aux cités, l’eau est un élément indispensable. De fait son utilisation demande à être suivie au plus près. « La politique de l’eau est un gros dossier. Surtout, ses réserves. Il va falloir vraiment se pencher sur l’interconnexion des bassins pour les champs captants, entre autres. » Quant au canal de Berry, certes devenu attractif avec un aménagement pour les vélos de plus en plus de qualité et ouvert, il connaît un entretien de ses berges problématique. « Il va falloir trouver une entente avec les communes », estime Jacques Fleury, qui a déjà quelques idées en tête sur le sujet comme la possibilité pour le Département de prendre à son compte le nettoyage, avec une participation des communes. Plus local, mais ô combien important pour Bourges, un schéma d’entretien et de remise en état naturel des marais lui semble indispensable.
Si le maintien du réseau actuel est une évidence, le chantier de la rocade nord-ouest de Bourges est là pour rappeler que tout n’avance pas à la vitesse voulue en ce qui concerne les infrastructures routières. La rocade est un sujet éminemment important mais aussi économiquement compliqué. Le conseil départemental a beau avoir anticipé pour « conserver une marge de manœuvre financière, même avec des dépenses Covid chiffrées à 10 millions d’euros », il va falloir trouver le financement pour terminer les 7 kilomètres de contournement de Bourges. Une enveloppe de 5 à 8 millions d’euros tout de même… « On espère avoir fini en 2025… Pour le moment il faut se mettre autour de la table pour trouver les derniers financements. Le département, l’agglomération devront remettre un peu d’argent, l’État aussi. »
Quant à un éventuel deuxième échangeur berruyer, la volonté de Cofiroute de lancer les études pour construire une bretelle de délestage sur la sortie existante n’incite pas à un optimisme béat. D’autant que, sur ce sujet, l’unanimité n‘est pas d’actualité parmi tous les potentiels décideurs.
La politique sociale impactée par un budget serré
Les choix de politique sociale vont eux-aussi se heurter à la gestion financière du département. Même si elle devrait « inclure toutes les catégories d’âges, et plus particulièrement les personnes en situation de handicap. » On devrait bien voir des créations comme celle d’un comité départemental des jeunes (type conseil municipal des jeunes), en partenariat avec l’Éducation nationale, ou encore celle d’un centre d’accueil d’urgence. Poursuivre et enrichir la proposition de l’opération « mobilité-secours » est elle aussi actée. Le Cher devra tout de même faire avec une crise Covid qui a fortement impacté le marché de l’emploi avec, pour l’heure, près de 10 000 allocataires du Revenu de solidarité active. Une situation qui nécessite une grande vigilance.
Là comme sur d’autres importants dossiers, tels que le legs du château de Culan ou la cathédrale de Jean-Linard, l’aspect financier sera le fil rouge des prochaines années. « Il va falloir jouer serré. Nous n’avons pas de droit à l’erreur », estime un Jacques Fleury qui ne désespère pas, un jour, de voir des rapprochements entre Cher et Indre pour mutualiser certains secteurs : le tourisme par exemple. Au niveau des présidents c’est déjà fait. Avec les deux FLEUR de Fleury et de Fleuret, on est déjà raccord sur plus de la moitié des lettres, non ?