Perico Legasse, ancien soutien de Debout la France devenu conseiller régional sur la liste de la majorité présidentielle conduite par le ministre Marc Fesneau, vient d’apporter son soutien au discours raciste d’Éric Zemmour. Une déclaration qui met le groupe d’opposition républicain dans l’embarras.
par Mourad Guichard
Chassez le naturel, il revient au galop. Il n’aura pas fallu longtemps à Perico Legasse, ancien soutien de l’extrême droitier Nicolas Dupont Aignan et candidat aux régionales blanchi par Marc Fesneau, sous la bannière de la majorité présidentielle (LREM-Modem), pour se distinguer de ses petits camarades de jeu. À l’occasion d’Estelle Midi, un talk-show de la chaîne RMC de ce lundi 13 septembre, le nouvel élu régional du Centre-Val de Loire a apporté son soutien appuyé au militant d’extrême droite multi-condamné Éric Zemmour. Ce dernier avait affirmé que, lui président, interdirait les prénoms étrangers.
« Si ce sont des parents qui ne sont pas intégrés qui considèrent que la République française doit être soumise aux lois de l’Islam, qu’ils renient cette appartenance à la laïcité… », justifie l’élu, par ailleurs critique gastronomique. Ce à quoi la journaliste Estelle Denis lui répond sèchement : « Comment vous voulez le savoir quand ils donnent ce prénom à leur enfant? ». L’élu régional acquiesce tout en enfonçant le clou : « On ne le saura jamais, attendez, je mets les pieds dans le plat. Nous savons… on suppose qu’il y a des parents qui sont admirateurs d’Al-Qaïda ou de Daech, s’ils prénomment leur enfant Oussama, qu’est-ce qu’on fait? Après la guerre, il n’y avait pas beaucoup d’Adolf (…) Donc, Mohammed Merah, Mohammed… ». Estelle Denis bondit aussitôt : « Pardon, mais Mohammed, c’est pas Mohammed Merah ! Vous plaisantez ! Les gens n’appellent pas leur enfant parce que c’est Mohammed Merah ! ». Notre homme ne se démonte pas. « Je suis totalement d’accord (…) Il faut protéger l’enfant par rapport au fait que ses parents puissent lui donner un prénom à connotation confessionnelle ou politique pour manifester une détestation de la France ». Sur le plateau, un chroniqueur s’offusque : « Comment vous le savez ? ». De nouveau, le critique gastronomique reste droit dans ses bottes.« J’ai des amis [nés dans les années 40] qui se prénommaient Philippe parce que les parents étaient fans du Maréchal Pétain ». Argument imparable. Tous les Philippe sont fils de collabos.
Jihan Chelly. cl CB
L’élu de la liste « Majorité présidentielle » à la Région conclut son propos par un soutien net et précis à Zemmour, candidat en devenir et multi-condamné par les tribunaux français pour ses appels à la haine raciale : « Je comprends pourquoi Zemmour a dit ça. On a un problème aujourd’hui d’intégration (…) On garde ses origines, on garde ses racines, on garde ses traditions dans la sphère privée ». Face au silence des élus régionaux de son groupe, des militants affichent leur désaccord à l’image de Jihan Chelly, l’une des ex-colistières de Marc Fesneau : « Je me suis engagée en politique pour combattre le racisme. Là, je suis outrée, sidérée », insiste-t-elle. « Je dénonce ouvertement ces propos. Une petite maladresse peut être excusée. Là, ça n’est pas le cas. Je me désolidarise totalement de ces propos ». Un autre ex-colistier rapporte que Perico Legasse aurait bénéficié d’appuis au niveau national. « Il s’est marié dans la commune de Jacqueline Gourault et a des amitiés connues avec des parlementaires locaux, notamment sur les questions de malbouffe. Ceci explique peut-être cela… ».
Dans tous les cas, Perico Legasse, l’homme au prénom pas forcément intégré, serait bien inspiré d’ouvrir un calendrier des Postes pour réaliser que dans toute civilisation, les prénoms ont pour origine un conte religieux incarné par des Saints. Contactés par Magcentre, ni Marc Fesneau (tête de liste « Majorité présidentielle »), ni Matthieu Schlesinger (conseiller régional sur cette même liste), ni Richard Ramos (député Modem, également ex-colistier) n’ont souhaité donner suite.