« Nous voulons toucher tous les publics », Catherine Bizouarn, la Halle aux Grains, Blois

Danse, théâtre, musique, cirque, en famille, diversité… la saison 2021.22 de la Halle aux Grains, Scène nationale de Blois, est lancée. Catherine Bizouarn, directrice de la structure, fait le point sur une programmation riche et diversifiée qui s’étalera jusqu’en juin prochain. 

Catherine Bizouarn, directrice de la HAG a concocté une programmation solidaire, riche et diversifiée. Photo Jean-Luc Vezon

La saison a démarré le 3 septembre dernier avec le quatuor Debussy, quel regard portez-vous sur les mois écoulés ?

Catherine Bizouarn : Comme l’ensemble du secteur de la culture, la Halle aux Grains (HAG) a été très impactée avec plusieurs mois de fermeture et de nombreuses annulations. Pendant le deuxième confinement, nous avons pu heureusement proposer des spectacles aux scolaires, proposer des tournées décentralisées et mettre en place « l’Autre saison ». Cela nous a permis de garder le lien avec notre public et de montrer à nos tutelles que l’équipe restait mobilisée malgré les contraintes. Globalement, la fermeture a été perçue comme injuste et mal vécue, nous avons été solidaires avec le mouvement d’occupation des intermittents et précaires (CIP 41).   

Comment cela se traduit-il dans le fonctionnement et le budget de la HAG ?

C.B. : L’équipe est restée motivée et solidaire. C’est précieux. Nous avons organisé beaucoup de réunions et beaucoup discuté avec les élus. Ces derniers sont restés à nos côtés en ne baissant pas les subventions. Je les remercie du fond du cœur. Grâce aussi aux aides de l’État, nous avons pu indemniser les spectacles annulés – sur 2021, cela représente 72 représentations – et payer les contrats des intermittents. Ce soutien des collectivités et de l’État a permis au secteur culturel de passer le cap. Ce n’est pas la même histoire dans d’autres pays. Finalement, grâce aux efforts de tous, la HAG reste une association saine financièrement.

CRIA, d’Alice Ripoll, un concentré d’énergie contagieuse issue des danses urbaines des ghettos brésiliens. Photo Renato Mangolin

Vous lancez la saison 2021.22, comment se présente-t-elle ?

C.B. : La saison sera très dense avec les reports. En début de saison, nous avons conçu « une programmation solidaire » avec des artistes de la région comme la compagnie Lune Blanche (“Quand toute la ville est sur le trottoir d’en face”), le chorégraphe Mickaël Phelippeau (“Lou”, de Françoise à Alice) ou la compagnie Oups. La programmation sera aussi hors norme avec des formats de spectacle importants comme celui de l’ensemble Accentus, Thomas de Pourquery & Supersonic ou les danseurs brésiliens de Cria (Alice Ripoll). J’espère que cela va remotiver notre public, le faire revenir.

Les histoires de France revisitées par la compagnie loiretaine du Double (coproduction HAG). Photo Géraldine Aresteanu_Cie du Double

Les femmes semblent aussi être le fil rouge de la programmation ?

C.B. : En effet, c’est à la fois l’ère du temps et la volonté de nos tutelles de mettre en avant nos chorégraphes, autrices, metteurs en scène… Ce sera par exemple le cas les 6 et 7 janvier avec Viviane, une création de Mélanie Leray inspirée du roman de Julia Deck. La compagnie 2052 propose un texte formidable entre polar psychanalytique et roman noir. 

Il est sans doute difficile de choisir mais quels sont vos autres coups de cœur ?

C.B. : Je dirai l’intégrale de Sophocle (Ajax, Antigone, Héraklès & Uneo Uplusi Eurstragé Dies) de Gwénaël Morin, le créateur du « théâtre permanent », Mazùt de Camille Decourtye et Blaï Mateu Trias (Cie Baro d’Evel), un spectacle drôle et saisissant à la grâce solaire et crépusculaire et Poquelin II du collectif TG STAN, un hommage version flamande à Molière dont on fêtera le 400e anniversaire de sa naissance en 2022.

Poquelin II du collectif TG STAN, fête théâtrale en hommage à Molière. Photo Kurt Van Der Elst

La HAG s’emploie aussi à diversifier ses publics et à montrer la richesse de la diversité culturelle…

C.B. : Le cœur de notre projet est de ne pas se laisser enfermer. C’est le sens de nos actions hors les murs à Cheverny ou sur le parc des expositions avec du cirque. Nous voulons de la sorte atteindre les néo-ruraux, les personnes plus éloignés du centre-ville mais aussi les habitants des quartiers. Pour les impliquer, nous travaillons avec des associations comme la compagnie des femmes. A l’image, « D’ici et d’ailleurs », notre saison est le reflet de cette diversité. Elle veut être une recherche d’équilibre entre l’esthétisme, l’ouverture et le mélange des publics. Le 11 juin prochain, la conférence théâtrale La Diversité de la compagnie du Double d’Amine Adjina et Émilie Prévosteau, artistes associés de la HAG, illustrera de façon très forte cette volonté.      

Propos recueillis par Jean-Luc Vezon

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