Les manifestants anti-pass sanitaire se sont de nouveau retrouvés, samedi 28 août, dans les rues d’Orléans pour un septième défilé aux reflets pour le moins éclectiques, mais avec une détermination toujours intacte.
Manifestation contre le pass sanitaire du 28 août à Orléans @Mourad Guichard
Cette nouvelle édition
des manifestations anti-pass sanitaire n’a étonnement pas fait le plein. Au départ de la place de la République, ils sont un gros millier de participants pour finalement atteindre, selon les différents comptages, entre 1.200 et 1.400 en cours de défilé. Les organisateurs annoncent, eux, 5.000 manifestants…
Dans le cortège de tête emmené par la CGT, les slogans anti-gouvernementaux fusent. Ils réclament l’abandon du pass sanitaire, mais aussi des moyens pour l’hôpital public. « Ne nous regardez pas, rejoignez-nous! », lance Pascal Sudre de l’union local CGT à l’attention des nombreux badauds venus en ville, notamment, pour l’imposante braderie commerciale.
Manifestation contre le pass sanitaire du 28 août à Orléans @Mourad Guichard
Fabienne est vaccinée. Pour autant, elle se refuse à profiter de son pass. « Même vaccinée, il n’est pas question de rentrer dans le jeu du gouvernement et d’aller à l’encontre de mes convictions », assure-t-elle, tambour autour du cou. « Je m’interdis d’aller au restaurant ou au bistrot tandis que d’autres en sont privés ». Va-t-elle jusqu’à appeler, comme certains manifestants, au boycott des commerces qui instaurent le pass ? « Non, pas jusque là, les pauvres restaurateurs n’ont pas le choix », regrette-t-elle. « Ce que je dénonce, c’est une nouvelle forme de discrimination. Je ne veux pas que certains jeunes soient interdits de bistrots ou de boîte au nom du pass ».
Pour Ségolène, cette mesure rappelle « Matin brun », la nouvelle écrite au lendemain des alliances entre la droite et l’extrême droite à la fin des années 90. « Obliger la population à avoir un laisser passer pour des gestes quotidiens, ce n’est pas acceptable ». Elle milite pour laisser le libre arbitre aux citoyens, sachant, selon ses informations, « qu’au-delà d’un certain taux de vaccination, l’immunité collective agira ». Face au pass sanitaire, elle l’assure : « Il faut faire confiance aux gens plutôt que de les menacer ».
De nombreux manifestants ont entendu les récentes annonces sur l’accélération de la recherche scientifique en direction
de traitements contre le Covid19. Et elles semblent avoir fait mouche, donnant un argument supplémentaire aux personnes refusant de se faire vacciner. «
À partir du moment où il y a des traitements en vue, pourquoi imposer la vaccination », peut-on ainsi entendre dans plusieurs groupes de discussion.
À distance du premier cortège, revoici la banderole du collectif « Le citoyen et la citoyenne » qui œuvre « pour la liberté de choix thérapeutique, la démocratie, le respect des lois, de la Constitution, du Code civil, de la Déclaration des droits de l’homme, de la femme et de l’enfant », comme ses animateurs le précisent dans leur communication. Le collectif se veut non-partisan et apolitique. Il distribue également des panneaux en forme de cœur blanc sur lequel les « citoyens » peuvent inscrire des « messages bienveillants contre le pass sanitaire dans un climat de solidarité ».
C’est dans ce même cortège que l’on retrouve des militants royalistes et l’Action française. Treillis, casquettes, tatouages, drapeau à fleurs de lys… S’ils sont peu nombreux, leur visibilité travaillée ne fait aucun doute. Et alimente toujours les débats au sein de la gauche, à savoir s’il est possible de manifester paisiblement à leurs côtés. Dans un reportage sur
la précédente manifestation, Magcentre s’en faisait l’écho. Depuis, les choses ont visiblement bougé. «
Nous réaffirmons notre opposition la plus totale aux groupuscules d’extrême droite qui tentent, par certaines diversions, de récupérer la mobilisation pour promouvoir insidieusement des discours complotistes et obscurantistes aux antipodes des valeurs progressistes que nous portons depuis toujours et que porte la majorité des manifestants », soulignent ainsi LFI et la CGT dans le communiqué annonçant la manifestation de ce samedi.
« C’est une manifestation populaire de citoyens qui représente toute la diversité de la population », temporise Aurélio Ramiro de la CGT. «
Il ne faut surtout pas nous diviser par ce genre de polémiques », insiste Fabienne.
Une nouvelle manifestation, à l’appel de Solidaires Loiret, l’UCL, le NPA et Action antifasciste Orléans, a cependant lieu ce mardi soir à 18 heures au départ de la place de Gaulle.
Mourad Guichard