Retro: Orléans: “Sur les traces du Saint Thomas de Velàzquez”

Durant tout l’été, Magcentre vous propose de lire ou relire les articles qui ont marqué l’année, ceux que vous avez préférés, que vous avez le plus commentés ou partagés.
Date initiale de publication 6 juin 2021

Une belle exposition s’installe au Musée des Beaux arts d’Orléans à partir de ce samedi 5 juin autour du Saint Thomas de Vélasquez, récemment restauré et  que les Orléanais ont le privilège de pouvoir admirer au Musée des Beaux Arts de la ville. Magcentre l’a visitée et a pu s’imprégner du concept qui nous fait découvrir ou re découvrir ce magnifique tableau, à travers un parcours fait de croisements, d’hypothèses et de questionnements.

Saint Thomas de Velasquez en bonne place aux côtés d’apôtres de facture similaire. Photo Anne-Cécile Chapuis

Une histoire à épisodes

Corentin Dury, conservateur du musée mais aussi commissaire et auteur de l’exposition, sait susciter l’intérêt, autant que manier le suspense et captiver l’attention. Il nous accompagne dans le cheminement qui a été le sien pour concocter cette l’exposition.

Nous découvrons que le musée d’Orléans possède ce tableau de renommée internationale depuis 1843, comme en atteste un catalogue de cette époque. Comment le musée se l’est-il procuré ? Le mystère reste entier, surtout à une période où la peinture espagnole n’était ni connue ni réputée en France. La preuve c’est que le tableau a tout d’abord été attribué à Murillo, et ce jusqu’à ce que Roberto Longhi le réhabilite à son juste auteur en 1920.

Les péripéties continuent ensuite. On sait que le Louvre voulait s’en emparer, ce à quoi s’est opposé le maire de l’époque Roger Secrétain. Ensuite vient la période de célébrité, avec le romancier Pierre Michon qui fait du tableau la couverture de son ouvrage « Vies minuscules » édité chez Folio, puis la bande dessinée donne notoriété à Saint Thomas dans « Les amours d’un fantôme en temps de guerre» sous le dessin de Nicolas de Crécy.

Corentin Dury en guide expert et captivant. Photo Anne-Cécile Chapuis

Le geste sûr de Velàsquez

L’exposition évoque cette histoire inédite, puis montre comment est construit le tableau. Avant même de l’avoir vu puisqu’il est situé en apothéose dans la dernière salle, la magie de l’infra rouge renseigne sur le geste du peintre. Ici pas de « repentirs », le geste pictural est sûr, et l’on voit même des « coups de pinceau » essuyés sur la toile et utilisés comme une palette ensuite.

Puis nous passons à la salle de l’Apostolado, où l’on peut voir un « contexte de création similaire ». Notre guide explique les « proximités intellectuelles » qui ont orienté son choix. On doit le terme d’Apostolado au Greco (1541-1614) qui a réuni des peintures des douze apôtres à partir de gravures. Le nom de ce qu’on pourrait appeler vulgairement des « séries » a gardé son origine espagnole pour devenir un genre pictural à part entière. Ici, nous croisons Pacheco, (le maître de Velàsquez), Tristan et Ribera qui font vivre St Matthias, St Paul ou St Philippe..

Lumières, drapés, couleurs, volumes..tout est cohérent dans cette approche des belles figures apostoliques.

L’apothéose de la dernière salle.

Le panneau central de la dernière salle nous fait enfin découvrir Saint Thomas, peint en 1620, entouré de deux autres œuvres de Velàsquez : Saint Paul et une « tête d’apôtre », (prêts de musées espagnols) qui laissent à penser que le maître aurait lui aussi réalisé un Apostolado avec les douze figures emblématiques.

Encore une énigme…

Hypothèses du passé, du présent et probablement du futur, car l’histoire de ce Saint Thomas semble loin d’être terminée, avec cette exposition qui lui redonne une (troisième?) vie et le replace dans le contexte de son époque, dans une visite qui tient du voyage, tant dans l’histoire de la peinture espagnole que dans celle du musée d’Orléans avec ses riches collections pleines de surprises qui sont, comme le souligne Olivia Voisin, directrice des musées d’Orléans, « l’ADN d’un musée ».

A ne pas manquer, du 6 juin au 14 novembre 2021.

Anne-Cécile Chapuis

Musée des Beaux Arts d’Orléans

1 rue Fernand Rabier

45000 Orléans

www.orleans-metropole.fr

Commentaires

Toutes les réactions sous forme de commentaires sont soumises à validation de la rédaction de Magcentre avant leur publication sur le site. Conformément à l'article 10 du décret du 29 octobre 2009, les internautes peuvent signaler tout contenu illicite à l'adresse redaction@magcentre.fr qui s'engage à mettre en oeuvre les moyens nécessaires à la suppression des dits contenus.

Centre-Val de Loire
  • Aujourd'hui
    • matin 0°C
    • après midi 2°C
  • samedi
    • matin 1°C
    • après midi 6°C
Copyright © MagCentre 2012-2024