Dans la deuxième ville du Cher, l’ancien bâtiment de La Poste est devenu musée et Micro-Folie. Les œuvres des membres du mouvement photographique Transfiguring occupent, jusqu’au 26 septembre prochain, l’espace muséal Maurice-Rollinat. Une exposition de leur vision commune de leur art, l’Optico-Narrative, qui pose la question d’appartenance à l’actuelle « Imagocène » selon le réalisateur Gero Von Boehm.
Marie-Laure Mallet-Melchior transfigure espaces urbains, moyens de transports figés sur métal@Fabrice Simoes
L’esthétisme de l’endroit
Les bâtiments sont comme les gens : on les pense ainsi et ils sont tout autre. Ici, les uns voient une façade rouillée. Les autres apprécient l’esthétisme de l’endroit. Au bout de la place Brel, dans un cœur de ville qui oxygène, libéré d’un carcan d’immeubles alors tombés en désuétude, un espace culturel a vu le jour depuis plusieurs mois. Presque reconverti en commissariat de police – des garages jusqu’aux bureaux et cellules de dégrisement, les plans étaient prêts mais sont restés dans les cartons – l’ancien bâtiment de la poste principale de Vierzon connaît désormais une autre destinée.
L‘espace Maurice-Rollinat, c‘est son nom de baptême, est un nouveau lieu de vie culturelle composé du dispositif Micro Folie ainsi qu’une salle d’exposition de 180 mètres carré. Cette salle permet d’accueillir plusieurs expositions par an tant de sculptures, peintures, ou photographies. Plusieurs services de la commune ont investi les salles du premier étage, comme ceux de la communication, de la culture, des sports, des associations. Une salle de conférence finalise ce niveau du bâtiment. C’est au rez-de-chaussée, en collaboration avec l’établissement La Villette, qu’a été créé la Micro folie. Composée de deux espaces elle comprend un musée numérique et un lieu de réalité virtuelle .
Porteur du projet, Franck Riester, alors ministre de la Culture, en 2018, affichait sa volonté de voir de telles structures s’implanter sur l’ensemble des territoires avec l’objectif de faire rencontrer arts et habitants. « Les Micro-Folies sont de véritables musées numériques, des espaces de création et de diffusion, d’échanges et de rencontres, une forme de Tiers-Lieu indispensable pour nos territoires, où la culture doit aller à la rencontre de tous les Français » expliquait-il alors.
L’art de la vision ou « une nouvelle acuité d l’Imogène »
Les œuvres d’art se succèdent donc dans ce nouvel espace dont l’accès est gratuit. Que ce soit peintures, sculptures ou photographies, l’espace vierzonnais se veut l’opportunité de la découverte des différentes formes d‘expressions artistiques.
Vam mène un travail sur la construction de l’identité féminine dans la société à travers ses Corpus comme La Veuve et la Nomade@Fabrice Simoes
Depuis le milieu du mois de Juillet c’est l’art photographique qui s’est aventuré sur les murs vierzonnais avec des œuvres de plusieurs artistes du mouvement TransFiguring. C’est au milieu de la dernière décennie que 6 artistes se sont regroupés en association pour initier leur propre « mouvement de photographie placée sous le signe de l’expérimentation, des arts plastiques et des nouvelles technologies ». Leur but était de promouvoir et défendre la photographie plasticienne. Depuis, le nombre de membres a été porté à 12 et le mouvement peut continuer de grandir. A Vierzon, quatre de six membres fondateurs sont présents par œuvres interposées. Sur les murs ou leurs socles, diverses productions des initiateurs du mouvement Vam, Georges Dumas, Olivier de Cayron, Marie-Laure Mallet-Melchior, et de ceux qui les ont rejoint par la suite, Jean-Philippe Deugnier, et Willy Bihoreau sont désormais accessibles aux regards berrichons.
Voilà quelques jours, alors que Olivier de Cayron et Marie-Laure Mallet-Melchior en terminaient des derniers réglages, Sophie Capazza, l’œil averti de la galerie éponyme à Nançay, a été l’une des premières à visualiser cette exposition conçue par ces « veilleurs de vie, des éveilleurs » comme les qualifie le critique d’art et conférencier Christian Noobergen. Ce dernier explique que le mouvement et « les durs artistes de Transfiguring ne dupliquent pas l’étendue. Ils l’accident et la bouleversent. Et l’étendue s’éblouit … »
Taxis roses et engagements
Au fil des pas, les divers travaux touchent plusieurs niveaux de réflexion, de vision aussi tel les grands formats de Jean-Philippe Deugnier. Plus loin les Taxis roses de Bangkok de Olivier de Cayron, une réalisation numérique sur micro-perforé qui a été décliné par ailleurs sur des vêtements, se succèdent. L’univers de Willy Bihoreau ne devrait pas effaroucher les fans de Métal Hurlant ou de La vie Future de William Cameron Menzies, dans sa dénonciation d’un « quotidien planétaire insupportable ». C’est la Paintography qui caractérise le travail de Georges Dumas. Entre peinture et photographie, le mélange est subtil. Ce n’est pas une peinture, les écarts volontaires de pixellisation sont là pour le souligner. Ce n‘est pas non plus une photographie … Peintre à l’origine, Marie-Laure Mallet-Melchior explore de nombreuses techniques. A Vierzon, ses voyages, ses épaves du temps sur plaques gravées créent une interaction avec celui qui les observe. Et du regard surgissent des émotions sur un temps d‘avant, d’aujourd’hui ou peut-être de demain. Dernière artiste exposé jusqu’au 26 septembre, « VAM mène un travail engagé sur la condition féminine et met l’accent sur les distorsions entre libération et archaïsme, les contradictions entre l’émancipation apparente de la femme dans nos sociétés, et le poids des stéréotypes dans lesquels elle reste enfermée. » Tout est dit en une seule phrase pour définir les évocations «joliment» subversive de Vam. Pour le Philosophe Philippe Barrier, « Vam c’est du féminin qui parle, qui rit et qui pleure … »
Fabrice Simoes
http://www.ville-vierzon.fr/espace-maurice-rollinat.html
Olivier de Cayron a vu ses Taxis investir le monde la mode@Fabrice Simoes
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