Ce 20 mars la démocratie a rendez-vous avec les urnes pour un double scrutin régional et départemental. Par-delà le choix de nouveaux exécutifs c’est l’avenir des territoires qui est en jeu avec la mise en œuvre -ou pas- de politiques de développement dans de nombreux domaines. Au niveau départemental le Centre-Val de Loire devrait rester à droite avec cependant une possibilité de basculement à gauche dans le Cher. Pour la région les jeux sont loin d’être faits.
En 2015, plus de 900 000 électeurs du Centre-Val de Loire s’étaient rendus aux urnes lors du premier tour (et plus d’un million au second tour) pour renouveler leur conseil régional. Personne aujourd’hui n’espère atteindre de tels résultats. Les sondages nationaux nous prédisent une catastrophe en termes de participation qui pourrait se positionner entre 30 et 40%. Certes des sondages ont été réalisés montrant que trois candidats avaient des chances presque égales : François Bonneau président socialiste sortant, Marc Fesneau (Modem/LaRem) et Aleksandar Nikolic pour le Rassemblement National. Avec également en embuscade Nicolas Forissier qui talonnerait de quelques points Marc Fesneau.
Dimanche soir le panorama sera éclairci. Charles Fournier (EELV) qui devrait perdre son pari de ravir au PS le leadership de la gauche dans la région, annoncera son ralliement à François Bonneau. Pour les autres listes en présence plusieurs hypothèses sont envisageables : la fusion des listes Fesneau-Forissier (mais celui-ci a juré ses grands dieux que cela n’interviendrait jamais…), le retrait pur et simple de la liste de droite arrivée en 4e position ou au contraire une quadrangulaire. Dans toutes les hypothèses le résultat pourrait tenir dans un mouchoir de poche.
Le RN progresse-t-il réellement ?
Pour certains cette élection pourrait signifier l’arrivée du Rassemblement National à la tête de la région car de grands commentateurs nationaux placent le Centre parmi les régions qui pourraient basculer vers l’extrême droite. Pourtant le sondage France Bleu/France 3 ne crédite Aleksandar Nikolic tête de liste RN « que » de 28% (ce qui le place malgré tout en tête de toutes les listes) alors que le candidat FN avait atteint 30,5% en 2015. Faute de réserves de voix et de ralliements entre les deux scrutins le FN-RN capitalise peu de bulletins supplémentaires au second tour et plafonne donc souvent à son résultat du 1er tour. Mais l’éventuel retrait de la course de Nicolas Forissier (LR) laisserait un bon nombre d’électeurs rejoindre le RN.
Des inconnues
Le scrutin régional peut réserver plusieurs surprises car il ne s’agit pas d’un scrutin unique régional mais de six scrutins réalisés dans chacun des départements de la région. La percée d’une liste dans un département peut donc être compensée par un échec dans une autre partie du territoire national. La plus grosse inconnue réside dans le taux de participation : des résultats estimés sur une base de 50% de votants peuvent être malmenés si 30% seulement des électeurs se déplacent aux urnes. Avec la liberté de vivre sans masque quasiment retrouvée les citoyens semblent avoir peu d’appétit pour des combats électoraux souvent considérés comme secondaires. La longue crise sanitaire et économique dont nous sortons a sans doute laissé des traces dans le ressenti démocratique déjà malmené par les gilets jaunes.
L’horizon s’éclaircira dimanche soir. D’ici là un seul mot d’ordre : aux urnes citoyens !
Les départements à droite !
Les scrutins départementaux ne devraient pas apporter de grands bouleversements dans la région. La ruralité reste fermement pilotée par la droite qui dirige aujourd’hui les six départements du Centre. Marc Gaudet dans le Loiret, Jean-Gérard Paumier en Indre-et-Loire, Claude Térouinard (84 ans…) en Eure-et-Loir devraient donc retrouver leur fauteuil présidentiel. L’incertitude peut venir du remplacement de certains présidents en bout de course comme Serge Descout (LR) dans l’Indre ou Michel Autissier dans le Cher. C’est vrai aussi dans le Loir-et-Cher où Nicolas Perruchot, touché par plusieurs affaires, ne brigue pas un nouveau mandat. Dans ce département plusieurs candidats semblaient en lice pour la présidence comme le député Modem Stéphane Baudu ou le sulfureux Guillaume Peltier. En ne se présentant pas au scrutin régional il semblait probable que M. Peltier se tourne vers le Département. Mais finalement Nicolas Perruchot a intronisé un autre successeur en la personne de Philippe Gouet (DVD) de Vendôme. Seule inconnue le Cher ou le département pourrait repasser à gauche (comme les villes de Bourges et Vierzon aux dernières municipales) après l’intermède durant six ans de Michel Autissier (LR).
Peu de risques donc de voir de grands bouleversements politiques dimanche soir et surtout au second tour du 27 juin. A moins que les électeurs -ou plutôt l’absence d’électeurs-en décide autrement. Car pour les départementales comme pour les régionales le juge de paix se nommera abstention !
Jean-Jacques Talpin
Les élections régionales de 2015
1er tour
Participation : 49,54%
François Bonneau (PS) : 24,31%
Philippe Vigier (UDI) : 26,25%
Philippe Loiseau (FN) : 30,48%
Charles Fournier (EELV) : 6,60%
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2ème tour
Participation : 59,22%
François Bonneau : 35,42%
Philippe Vigier : 34,58%
Philippe Loiseau : 30%
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