Les amoureux orléanais de la petite reine, qu’ils la pratiquent pour les loisirs, le voyage, ou le « vélotaf », connaissent bien le collectif Vélorution qui, depuis de nombreuses années, organise des déambulations conviviales à travers l’agglomération d’Orléans pour prendre le temps de réfléchir à la place consacrée au vélo dans l’espace public.
Une Vélorution festive cl GP
Au sein du collectif, deux plumes alimentent un peu plus abondamment cette réflexion en publiant sur leur blog et leur page Facebook des analyses, des compte-rendu d’expériences étrangères, notamment aux Pays bas, des constats critiques, aussi, d’aménagements défaillants relevés dans notre agglomération. Yann d’Orléans et Jeanne à vélo sont ainsi devenus un peu spontanément mais avec l’assentiment implicite du collectif, les porteurs d’idées partagées par les usagers du vélo urbain mais qui peinent à bénéficier de l’écoute des collectivités locales. Les « coronapistes » ont été l’heureuse surprise de la sortie du premier confinement qui a notamment ouvert un cheminement décent à la circulation cycliste réclamé depuis de nombreuses années sur le pont royal, mais au-delà, le vélo, à l’inverse du mouvement observé dans de grandes agglomérations françaises telles Paris, Strasbourg, Nantes, Grenoble, Saint-Etienne, demeure le parent pauvre des aménagements orléanais. Quelques pictogrammes peints le long des trottoirs de voiries récemment refaites rappellent aux usagers de la bicyclette qu’il leur convient d’apprendre le caniveau s’ils veulent circuler en sécurité.
Un vice-président chargé de la politique cyclable et des circulations douces
Christian Dumas, Maire d’Ingré, a été désigné 9ème vice-président chargé de la politique cyclable et des circulations douces. Sa première prestation publique devant le conseil de la Métropole a donné le ton. Interrogé sur des aménagements récents de voirie qui ne respectaient pas les normes réglementaires, notamment la largeur de trottoir de 140 centimètres indispensable à une circulation sécure des personnes à mobilité réduite ou celles poussant une voiture d’enfant, Christian Dumas a laissé entendre, dans une réponse au ton quelque peu confus, que les normes réglementaires pouvaient être un élément accessoire au regard de la nécessité de faire circuler les véhicules automobiles. Le président Chaillou a ensuite répété ce leitmotiv orléanais selon lequel il convient de ne pas opposer les modes de circulation, ce qui est une manière plutôt hypocrite de renvoyer les circulations douces au rang de préoccupation mineure puisque nul ne peut ignorer que donner de l’espace aux piétons et aux cyclistes, c’est inévitablement réduire celui qui est affecté à la circulation et au stationnement des automobiles.
Droit Accessibilité Mobilité Métropole Orléans
Les « vélorutionnaires » sont gens pacifiques et courtois mais cette première déclaration a révélé la nécessité de dépasser une forme non institutionnelle d’organisation pour se doter d’une structure juridique qui puisse se confronter aux collectivités locales lorsque ces dernières entendraient s’affranchir de l’état de droit. C’est ainsi qu’a vu le jour l’association DAMMO (Droit Accessibilité Mobilité Métropole Orléans) dont l’objet social est notamment d’assurer la défense des cyclistes, des piétons, des personnes à mobilité réduite et de tous les usagers des cheminements piétons et cyclables dans toutes les communes de la Métropole d’Orléans. L’association nouvellement créée propose un accompagnement des élus et des services spécialisés pour une conception judicieuse des cheminements et entend se doter d’une capacité d’ester en justice pour faire respecter les lois et règlements d’urbanisme et d’accessibilité sur voirie au sein de l’aire géographique de référence.
Mercredi 2 juin, attablés à la guinguette du bord de Loire, les adhérents et adhérentes de l’association DAMMO et les membres du collectif Vélorution Orléans tenaient une réunion commune au cours de laquelle deux porte-parole de DAMMO ont rendu compte d’une audience qui leur avait été accordée par le vice-président Christian Dumas.
La bataille du pont Georges V (cl GP)
Un contact réfrigérant
Le moins que l’on puisse affirmer est que ce premier contact fut plutôt réfrigérant. L’élu local a indiqué d’emblée que, lisant la presse, il savait qu’une association de défense de l’accessibilité venait de voir le jour, et sur un ton où la provocation paraissait le disputer à un certain mépris, il a invité ses interlocuteurs à tenter le coup de traîner la Métropole devant le Tribunal administratif. Christian Dumas n’aime pas le vélo, il préfère courir, et ne cache pas que dans l’hypothèse d’un arbitrage entre circulation des cyclistes et des automobilistes, la priorité sera donnée à ces derniers. S’il s’engage à programmer plus de réunions du comité vélo de la Métropole, et n’est pas hostile à ce que les usagers soient consultés lors d’une requalification de rue, il ne voit pas l’intérêt d’un guide technique des aménagements qui donnerait quelques exemples de réalisations existantes et permettrait d’expliquer clairement aux usagers ce qui va être fait dans leur quartier. Le 9ème vice-président considère que les Pays-Bas ont une culture différente et que la question des infrastructures cyclables n’est pas l’élément essentiel, il déclare n’avoir aucun pouvoir sur les décisions des maires auxquels il ne peut forcer la main. Les représentants de DAMMO sont sortis de cet entretien avec le sentiment que leur interlocuteur ne portait aucun intérêt aux circulations actives et qu’il affichait un déficit majeur de connaissance du sujet. Si à la suite de ce compte rendu on a entendu fuser quelques « Dudu démission ! » chez les vélorutionnaires en réunion, d’autres ont fait observer que si Charles Eric Lemaignen (ex président de l’Agglo) n’avait pas fait grand-chose pour les circulations douces, il savait au moins ce que c’était que se déplacer à vélo en ville.
DAMMO se propose d’adresser un peu de documentation à Christian Dumas pour tenter de susciter sa réflexion sur une politique dont il est censé assumer la responsabilité au sein de la Métropole d’Orléans en bénéficiant par ailleurs du régime indemnitaire non négligeable affecté à la fonction.
Patrick Communal
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La prochaine vélorution aura lieu le 19 juin prochain, elle partira de la place du Martroi à 14h30 pour déambuler dans l’ouest de l’agglomération et terminer son périple devant la Mairie d’Ingré, d’où le nom de baptême de la manifestation : « le vélo d’Ingre ».