En Sologne, terre de chasse, de chasseurs en enclos ou pas, de gibiers sauvages et d’élevage, de sangliers d’ici ou venus d’ailleurs, le port d’arme n’est pas nécessaire pour aller au restaurant. Pour Alexandre Avril, le maire de Salbris, le couteau à la ceinture, c’est comme le Sgian Dub en Ecosse, un élément du langage corporel, et surtout de la panoplie du parfait petit solognot.
Porphyrogénète de Guillaume Peltier, vice-président délégué des LR, le petit nouveau de l’échiquier politique régional, maire de Salbris, Alexandre Avril, veut faire sa place. Il va même parfois un peu trop vite pour son père spirituel. Quitte à marcher sur ses plates-bandes de la communication… Après avoir été élu maire de la commune de Salbris, puis président de la communauté de communes de la Sologne des rivières, le voilà en lice pour l’assemblée régionale.
Tête de liste départementale sous la houlette de Nicolas Forissier, il devrait, sauf tsunami électoral, occuper un siège de conseiller régional au début du mois de juillet prochain. Quand on est toujours « chercheur » en philosophie, mais sans emploi, un troisième mandat, c’est toujours bon à prendre. Surtout quand cela vient s’ajouter à une activité, seulement à temps partiel, d’invité régulier sur la chaîne d’information de la TNT, Cnews. Ça permet de marquer son territoire et ses idées.
Par exemple, à la suite de l’agression d’une policière municipale à la Chapelle-sur-Erdre, le Solognot, à l’aise devant les micros et sur les plateaux de la chaîne a déclaré être « effaré de voir que l’on peut entrer dans un poste de police municipale, dans un hôtel de ville, dans une école, dans un lycée, avec une arme blanche ». Et c’est vrai qu’il a raison l’élu solognot. Il est interdit de se promener avec une arme blanche, comme il est interdit de se promener avec toutes armes de catégorie D même si on peut toutefois en acheter et les détenir librement.
Et puis voilà que des petits malins ont retrouvé une parution de photo sur la page Facebook Alexandre Avril- maire de Salbris. Vieille d’un peu moins d’un an (août 2020), on peut voir l’élu local, entouré des maires de Lamotte-Beuvron, Pascal Bioulac, et de Romorantin-Lanthenay, Jeanny Lorgeoux, arborer un magnifique poignard à sa ceinture. C’était à l’occasion d’une rencontre très importante, à la table d’un restaurant romorantinais très prisé du premier magistrat du chef-lieu de canton. Là, un couteau pour rencontrer des amis, ce n’est pas banal. Ou alors la discussion n’était pas à bâtons rompus mais à couteaux tirés. On se dit que le Salbrisien doit avoir une bonne raison pour se balader le surin à portée de main.
Des textes clairs quant au port d’arme
Les textes sont particulièrement explicites en la matière. « Pour transporter (par exemple dans votre voiture) ou porter sur vous une arme de catégorie D, vous devez avoir un motif légitime. En cas de contrôle de sécurité (vérification d’un sac, d’un véhicule…), vous devez être en mesure de fournir une raison valable. Le motif légitime s’apprécie au regard des lieux, des circonstances et du contexte. Pour déterminer si vous avez une raison valable de porter ou transporter une arme, les forces de l’ordre, ou le juge en cas de litige, tiennent compte de ces critères pour apprécier les faits. L’appréciation des faits se fait au cas par cas. Ainsi, prétendre que l’arme servirait à mieux affronter une altercation ou un danger ne constitue pas un motif légitime en soi. Cela dépend des lieux, des circonstances et du contexte. » La loi insiste pour dire que pour la bagarre, ce n’est pas une excuse valable.
En plus, bonne chère aidant, on était entre amis selon Alexandre Avril : « Les maires des trois plus importantes villes de Sologne (Romorantin, Salbris et Lamotte) enfin réunis et sur la même longueur d’onde ! Chacun, maire et président de nos communautés de communes respectives, nous travaillons main dans la main pour dessiner ensemble le futur de la Sologne. Avec Jeanny Lorgeoux et Pascal Bioulac, qui sont en plus deux amis personnels très chers, nous avons décidé de créer ensemble un petit groupe de travail afin de renforcer nos coopérations et promouvoir les projets communs à notre beau territoire. D’autant que Pascal et Jeanny sont, en tant que maires, de véritables modèles. »
Dès lors, Magcentre s’est penché sur le menu – 853,50 euros pour un groupe de travail de trois personnes – et on ne voit toujours pas l’intérêt du couteau. Couper des ris de veau de cœur caramélisé et ses girolles de Sologne, au poignard, même de scout, ça vaut pas. Et comme y avait pas de fromage… Pas d’excuse de jour de batteuse non plus, ce n’est pas la période. En plus le poignard n’est pas pliant semble-t-il.
Donc si Alexandre Avril est effaré, il n’est pas le seul, parce que ce soit dans un poste de police municipale, dans un hôtel de ville, dans une école, dans un lycée mais aussi dans un restaurant, ce n’est pas normal d’entrer avec une arme blanche ! Dans le pire des galtos, plus encore dans un établissement étoilé, on vous proposera toujours au moins un couteau pour la viande, le poisson, et même des fois pour le beurre et le fromage.
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Fabrice Simoes
Sanctions infligées en cas de port ou transport d’une arme hors du domicile sans motif légitime
- Infraction liée au port et transport -> 15 000 euros d’amende et 1 an d’emprisonnement
- Armes achetées et détenues librement : infraction commise par 1 personne seule -> 30 000 euros d’amende et 2 ans d’emprisonnement
- Armes et lanceurs dont le projectile est propulsé de manière non pyrotechnique avec une énergie à la bouche comprise entre 2 et 20 joules (lanceur de paint-ball, carabine à air comprimé, etc.) -> 750 euros d’amende