Savoureux et ludique. Au terme d’une résidence à la Scène nationale d’Orléans, c’est ce mardi que vient de voir le jour « Quand les poules auront des dents”, un spectacle composé par Jeanne Plante. Cette dernière l’interprète, avec envolées attachantes à la volée, en compagnie de Jérémie Pontier. Ici, le public scolaire entre avec gourmandise dans le jeu des mots et des mets. Quant au public adulte, gageons qu’il devrait avec plaisir déguster ce morceau de choix, un bref instant de belle facture, à la fois indiciblement chic, délicieux, et musical. Une cerise sur le plateau théâtral.
Travestissement léger et plaisir du sens
Complice, ce duo conte en lever de rideau la relation obligée entre un chien et un enfant. Tous deux se lancent dans une partie de funambules évoluant sur le fil subtil du végan et du carnivore. Pas question de lisser le poil de tel ou tel partisan. Le souci est d’inviter, sur fond de légèreté et de profondeur n’excluant pas l’humour noir, à une douce fête de bons mots et de charmantes chansons.
Pas de caricature outrancière ici. Fuyant avec bonheur le trait forcé de l’enfant capricieux geignant et du toutou peluche, ces deux comédiens, multi-instrumentistes sont en osmose et pratiquent un heureux ton naturel. Elle et lui nous offrent, dans une mise en scène de Patrice Thibaud, cinquante minutes de bons mots distillés avec précaution et une invitation à chalouper sur des musiques mélodieuses.
Public fervent, joyeux et à l’écoute
Signe de l’engouement, huit représentations vont répondre à l’attente du public. Trois cent quarante-huit scolaires de classes allant de la moyenne section au cm2, tous accompagnés par leurs professeurs, sont attendus. Par ailleurs, deux cents personnes ont réservé leurs places pour les représentations tout public !
On ne pouvait attendre mieux pour fêter la reprise des spectacles.
Enfin, une fois encore, légèreté et profondeur se retrouvent dans ce bouquet de tendresse ludique, ce cabaret subtil et précieux pétri de quotidien, de fantaisie souriante et de peur du loup.
Si le courant passe, c’est que ces interprètes ne se prennent pas au sérieux et respectent leur public avec confiance et estime. Jeanne Plante : “Là, je m’amuse comme un enfant, il n’y a pas de légitimité à être artiste, car ce qui compte est d’être traversé par le personnage ». Tout cela pour notre plus grand bonheur.
Jean-Dominique Burtin.
Jusqu’au 29 mai au Théâtre d’Orléans. Puis au Festival d’Avignon, au Théâtre de L’Arrache-coeur. En savoir plus: www.scenenationaledorleans.fr.