[Info Magcentre] Frédéric Rose, l’agrégé de Lettres modernes de l’équipe Grouard… ou pas

L’élu de la droite orléanaise qui avait affiché le prestigieux titre d’agrégé de Lettres modernes durant la dernière campagne des municipales, n’est pas aussi lettré qu’il le laisse entendre.

Frédéric Rose, élu sur la liste de Serge Grouard. Matériel de campagne des municipales de 2020. Capture d’écran

Frédéric Rose, conseiller municipal orléanais délégué à la prévention et à la médiation, sous la coupe de Florent Montillot, est présenté sur le matériel de campagne des dernières municipales comme « agrégé de Lettres modernes ». Un titre prestigieux que nombre d’étudiants rêvent de décrocher et qui ouvre la porte à de brillants parcours professionnels, notamment dans l’enseignement, l’édition et la recherche.

Sauf, qu’étrangement, l’intéressé n’a absolument rien produit. Aucune occurrence, aucun écrit de référence sur André Gide, Romain Rolland ou Roger Martin du Gard. Et pour cause. L’élu de la majorité municipale pilotée par Serge Grouard n’est, en fait, pas agrégé de Lettres modernes. Son nom n’apparaît sur aucune des bases officielles que Magcentre a pu consulter. Un arrangement avec la vérité qu’il a reconnu après quelques explications confuses. 

« C’est une regrettable erreur d’impression »,

Frédéric Rose, conseiller municipal

« J’avais écrit agrégatif et ça s’est transformé en agrégé. C’est une regrettable erreur d’impression que j’ai découverte après coup. J’ai aussitôt démenti ce titre, rappelant que je n’étais qu’agrégatif », assure-t-il de manière péremptoire. C’est-à-dire, qu’il aurait passé l’agrégation sans l’obtenir. Autrement dit, Frédéric Rose se serait targué, sur son CV, d’avoir raté un concours. Curieuse conception de la mise en valeur de ses compétences. D’autant plus curieuse que, contrairement à ses allégations, il n’a pas spontanément réagi à cette fausse information. Il aura fallu une intervention extérieure et quelques menaces de poursuites pour qu’il finisse par reconnaître les faits. Rappelons accessoirement que l’usurpation d’un titre ou d’un diplôme tombe sous le coup de la loi (article 433-17 du code pénal).

« Je ne souhaite pas que mon nom apparaisse dans un article », finit-il par lâcher, conscient que cette affaire arrivant malencontreusement après celle de Jean-Paul Imbault, pourvoyeur d’un faux titre de Meilleur ouvrier de France, pourrait faire tache sur l’image politique déjà bien dégradée de la majorité municipale. Une injonction pour le moins incongrue, conséquence sans doute d’une fâcheuse habitude prise par une certaine classe politique de vouloir tout contrôler, y compris les médias.

Mourad Guichard

Commentaires

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  1. Décidément, cette équipe municipale compte beaucoup de faussaires ! Qui sera le prochain à se faire démasquer derrière ses plumes de paon ?

  2. Ha ces imprimeurs qui ne peuvent pas s’empêcher de vous donner des diplômes prestigieux ! C’est drôle comme c’est toujours sur ceux qui sont au bout de la chaine qu’on fait porter la responsabilité.

  3. Merci magcentre ! La supercherie est enfin révélée au grand jour !!! Elle dure depuis bien trop longtemps. Les autres lignes de son CV mériteraient elles aussi d’être vérifiées…

  4. Les poursuites DOIVENT AVOIR LIEU , cela au moins via l ‘ Education Nationale . Si cela n ‘ est pas fait , alors il y aurait ” complicité ” d ‘ usurpation !

  5. “Sauf, qu’étrangement, l’intéressé n’a absolument rien produit. Aucune occurrence, aucun écrit de référence sur André Gide, Romain Rolland ou Roger Martin du Gard. Et pour cause. L’élu de la majorité municipale pilotée par Serge Grouard n’est, en fait, pas agrégé de Lettres modernes. ” : il n’y a pas de rapport entre les deux. Passer un concours (CAPES, agrégation, etc) ne suppose pas d’écrire un mémoire, un rapport ou une thèse (mais juste quelques copies en lien avec les épreuves, un peu comme pour le bac). Certains agrégatifs sont docteurs, d’autre pas ou pas encore (ils le font après).
    “agrégatif” a le même sens, la même valeur que dire “niveau bac” : on l’a tenté donc on est allé jusqu’en terminale, mais on a échoué.

  6. Bonjour
    Ce n’est pas parce qu’on a raté l’agrég. qu’on est nul . Mais celui-ci a laissé croire que…, parce qu’on a laissé des sous-entendus, c’est çà qui est nul plus que nul .
    Il faut préciser que l’agrégation est un concours de recrutement et non un diplôme, ce qui veut dire que pour s’y présenter il faut être diplômé et plutôt avec mention Très Bien si on veut avoir une petite chance de succès. Ce dernier dépend du nombre de places mis au concours qui peut être inférieur à 1% du nombre de ceux qui se présentaient au concours il y a 50 ans. C’est peut-être moins vrai aujourd’hui (à vérifier).
    Ce qui est présenté dans votre article est donc aussi une insulte caractérisée pour tous ceux qui n’ont pas réussi ce concours sans pour autant démériter : certains ont fini par le réussir les années suivantes ; d’autres ont passé le Capes et ont été d’excellents professeurs, très consciencieux ; d’autres dont je fais partie ont suivi d’autres carrières avec succès ; c’est la vie. Mais agir de la sorte mérite un certain mépris.

  7. Merci Mourad pour vos investigations qui permettent de libérer des “fake news”, que je préfère appeler mensonges, dans un contexte où il devient difficile d’avoir des infos fiables. La patte d’un vrai journaliste?

  8. Bonjour les amis lecteurs de Mag Centre! Je voulais clamer “haut et fort” que j’ai raté mon bac “Math-technique” en 1966, avec une note inférieure aux rattrapages possibles de septembre, qu’on se le dise!!!
    Même si grâce aux conditions d’admissions spécifiques de l’Université Paris VIII ouverte aux “non bacheliers”, j’ai obtenu ma Licence d’Arts Plastiques en 1987… licencié, mais pas bachelier, ça arrive…
    Dois-je mentionner au titre de mes autres échecs que je n’ai jamais fini ma Maitrise d’Arts plastiques, le gel à plus de -20° de l’hiver 86-87 m’ayant “cloué” dans le village de Sologne de V., mon vieux diésel refusant tout mouvement… Quel échec cuisant, dois-je le mentionner aussi dans mon CV ?

  9. Quand ça veut pas, ça veut pas…
    J’attends avec impatience le prochain démasqué. En espérant que tous nos élus soient en plein ménage de leur CV au cas où ça leur tomberait dessus. Et sinon, au pire, ils accuseront leurs imprimeurs.

  10. Encore un membre de la liste de Serge Grouard assez flou sur son curriculum vitae . Il est vrai que le chef de file n’a jamais été très clair à ce sujet .

  11. Bravo pour le travail.
    J’avoue honnêtement que je ne lis que rarement la presse régionale, d’ailleurs je suis arrivé ici en suivant un lien en d’ASI.
    En tout cas, je vous félicite pour ces enquêtes.
    Et je reste bien conscient qu’une grande partie des articles de la presse nationale provient de matière produite par la presse régionale.

  12. Sans doute un problème de personnalité qui incite cet élu de second plan à combler le vide par des titres usurpés …. on imagine aisément que les autres éléments de son profil sont de même niveau. Cette absence d’honnêteté (non contestée par le maire) ne peut que jeter le trouble sur les profils des autres colistiers.

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