L’élu de la droite orléanaise qui avait affiché le prestigieux titre d’agrégé de Lettres modernes durant la dernière campagne des municipales, n’est pas aussi lettré qu’il le laisse entendre.
Frédéric Rose, conseiller municipal orléanais délégué à la prévention et à la médiation, sous la coupe de Florent Montillot, est présenté sur le matériel de campagne des dernières municipales comme « agrégé de Lettres modernes ». Un titre prestigieux que nombre d’étudiants rêvent de décrocher et qui ouvre la porte à de brillants parcours professionnels, notamment dans l’enseignement, l’édition et la recherche.
Sauf, qu’étrangement, l’intéressé n’a absolument rien produit. Aucune occurrence, aucun écrit de référence sur André Gide, Romain Rolland ou Roger Martin du Gard. Et pour cause. L’élu de la majorité municipale pilotée par Serge Grouard n’est, en fait, pas agrégé de Lettres modernes. Son nom n’apparaît sur aucune des bases officielles que Magcentre a pu consulter. Un arrangement avec la vérité qu’il a reconnu après quelques explications confuses.
« C’est une regrettable erreur d’impression »,
Frédéric Rose, conseiller municipal
« J’avais écrit agrégatif et ça s’est transformé en agrégé. C’est une regrettable erreur d’impression que j’ai découverte après coup. J’ai aussitôt démenti ce titre, rappelant que je n’étais qu’agrégatif », assure-t-il de manière péremptoire. C’est-à-dire, qu’il aurait passé l’agrégation sans l’obtenir. Autrement dit, Frédéric Rose se serait targué, sur son CV, d’avoir raté un concours. Curieuse conception de la mise en valeur de ses compétences. D’autant plus curieuse que, contrairement à ses allégations, il n’a pas spontanément réagi à cette fausse information. Il aura fallu une intervention extérieure et quelques menaces de poursuites pour qu’il finisse par reconnaître les faits. Rappelons accessoirement que l’usurpation d’un titre ou d’un diplôme tombe sous le coup de la loi (article 433-17 du code pénal).
« Je ne souhaite pas que mon nom apparaisse dans un article », finit-il par lâcher, conscient que cette affaire arrivant malencontreusement après celle de Jean-Paul Imbault, pourvoyeur d’un faux titre de Meilleur ouvrier de France, pourrait faire tache sur l’image politique déjà bien dégradée de la majorité municipale. Une injonction pour le moins incongrue, conséquence sans doute d’une fâcheuse habitude prise par une certaine classe politique de vouloir tout contrôler, y compris les médias.
Mourad Guichard