Dans « l’affaire du documentaire sur Jeanne d’Arc » comme pour le cas de Jean-Paul Imbault le maire « choqué » se dit « agressé », « insulté » et « pris à partie ». Quitte à mener une violente charge contre la gauche du conseil municipal qui a préféré quitter la séance jeudi soir.
Ce sont deux « lièvres » soulevés par MagCentre et notamment par notre journaliste Mourad Guichard qui ont mis le feu aux poudres du conseil municipal jeudi soir. Le premier concerne le documentaire sur les fêtes de Jeanne d’Arc financé par la ville mais retiré au dernier moment de la programmation de France 3 Centre-Val de Loire, avec à la clef des menaces contre le directeur régional de la télé publique. La seconde concerne le cas de Jean-Paul Imbault, 13e adjoint au maire que l’on soupçonne d’avoir usurpé son titre de Meilleur Ouvrier de France (MOF).
MagCentre a déjà relaté à de nombreuses reprises les épisodes du « dossier Jeanne d’Arc », avec un film retiré par France 3 CVL après que MagCentre ait révélé que des commentaires étaient assurés par Charlotte d’Ornellas, ancienne Jeanne d’Arc mais surtout journaliste au magazine chantre de la droite réactionnaire Valeurs Actuelles. Une journaliste qui est par ailleurs « collègue » de Serge Grouard avec qui elle officie sur la très droitière chaîne CNews.
La gauche complice de la censure ?
La droite orléanaise n’a pas apprécié que la gauche ait finalement décidé de boycotter les fêtes de Jeanne d’Arc. Et elle a tenu à le dire bruyamment au conseil municipal en sortant l’artillerie lourde et en dégainant les meilleurs talents du combat rapproché qui avaient coordonné leur offensive : Quentin Defossez, William Chancerelle, Chrystel de Filippi, Charles-Éric Lemaignen, Michel Martin, Florent Montillot.
Une « charge de la brigade légère » avec des arguments étonnants mais tous orientés contre la gauche. L’adjoint à la culture a ainsi accusé la gauche de ne pas soutenir la culture et le secteur audiovisuel aidé par la réalisation de ce film. A mots indirects la droite orléanaise accuse aussi la gauche d’avoir fait pression pour la déprogrammation de ce film par France 3 CVL, gauche qui serait donc elle aussi responsable d’une « censure ». Extraits : « une chaîne de service public censure une journaliste pour ses idées », « drôle de conception de la liberté de la presse », « posture rime avec imposture », « la gauche a toujours un problème avec la liberté »…
« Des fêtes utilisées à des fins politiques »
Prudent le maire laisse ses troupes mener la bataille. Mais à la fin il décide un dernier coup de massue asséné à l’élue communiste Dominique Tripet rendue responsable d’un communiqué de la section locale du PCF intitulé « Serge Grouard met en danger le directeur de France 3 CVL ». Serge Grouard rappelle qu’il a « toujours défendu le directeur de France 3 » mais sans pouvoir pour autant contrôler les « excités des réseaux sociaux ».
Dominique Tripet, PCF, a été prise à partie par Serge Grouard au conseil municipal du 20 mai 2021. Copie d’écran
Des accusions qui évidemment mettent en fureur la gauche qui dénonce par la voie de Baptiste Chapuis (PS) la volonté du maire de « rejouer un match déplorable » et en rappelant que « les fêtes de Jeanne d’Arc étaient utilisées à des fins politiques avec une récupération par l’extrême droite ». « Les fêtes ne Jeanne d’Arc insiste M. Chapuis, ne sont ni de droite ni de gauche ni d’extrême droite » en rappelant que l’héroïne est aussi une « icône féministe et d’émancipation ». L’écologiste Jean Philippe Grand décide le premier de claquer la porte du conseil : « vous hystérisez le débat, comment cautionner un évènement politicien alors qu’on était prêt à participer à ces fêtes (…) Vous avez jeté en pâture le directeur de France 3 à la vindicte populaire ».
Valérie Corre, Dominique Tripet, Sarah Benahad poursuivent sur cette lancée tout comme Emmanuel Duplessy au commentaire acerbe : « Vous avez une image de plus en plus sulfureuse et vous avez de plus en plus de mal à défendre l’image d’Orléans. »
La droite locale réunifiée
Après les attaques du maire et le « lynchage » de l’élue communiste le groupe de gauche décide de quitter la séance du conseil municipal en livrant ce commentaire : « Après avoir livré le directeur de France 3 à la vindicte populaire il s’en est pris à Dominique Tripet. Tel un pompier pyromane, Serge Grouard accuse, crucifie puis, dans toute sa “grandeur”, condamne les propos haineux proférés sur les réseaux sociaux envers ceux qu’il a lui-même livré en pâture à ces mêmes réseaux sociaux ! »
Libéré de son opposition le maire peut donc mener son conseil tambour battant. Et cela d’autant plus que la majorité est un peu plus forte depuis jeudi soir. Le groupe minoritaire « Orléans demain » (Olivier Geffroy, Christel Royer et Gérard Gautier) issu de l’ancienne liste de Olivier Carré a en effet décidé de retourner au bercail de la majorité grouardienne. Il est vrai que l’herbe y est plus fraîche que dans la minorité avec pour sceller ces retrouvailles deux délégations confiées à Gérard Gautier et à Chrystel Royer. Rien pour Olivier Geffroy mais qui a déjà reçu son lot de consolation en étant adoubé par la droite locale pour les élections départementales sur le canton Orléans-Est.
MOF de Jean-Paul Imbault : un « quiproquo » ?
Alors qu’il avait promis il y a quelques semaines qu’il « ne parlerait plus aux journalistes » Serge Grouard a tenu une conférence de presse (une des premières depuis son élection) l’issue du conseil. Une occasion pour dénoncer « la censure et le choix politique » de France 3 CVL mais aussi la « chasse aux sorcières » dont il serait victime ainsi que son adjoint Jean-Paul Imbault, dont la possible usurpation du titre MOF a été révélée par MagCentre. « C’est très choquant, insiste le maire, car c’est quelqu’un qui a la réputation d’être un des meilleurs jardiniers de France (…) un des meilleurs spécialistes en France, un puits de science en horticulture ». Certes il n‘a pas le titre de MOF peut-être utilisé à raison d’un « quiproquo » mais peut-être celui de « meilleur jeune horticulteur de France ». Jean-Paul Imbault doit -il démissionner ? « C’est une plaisanterie ! », répond Serge Grouard…
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Jean-Jacques Talpin