Les sociétés savantes existent depuis le siècle des Lumières. Composées d’érudits ou d’amateurs éclairés, elles ont pour objet la diffusion de la culture dans des domaines divers et dont les contours appartiennent à chaque organisation.
Après l’association Guillaume Budé, et l’« Académie d’Orléans », Magcentre a rencontré la Saho ( Société Archéologique et Historique de l’Orléanais)
Ce qui frappe de prime abord, c’est la très belle Salle des Thèses, située au 2 rue Pothier, siège de l’association depuis 1849. Ce bel édifice du XVe siècle a une histoire, trop longue à évoquer ici dans les détails, mais son nom est en soi évocateur. Cette ancienne bibliothèque de l’université qui a vu passer de grands érudits, d’illustres enseignants et de nombreux étudiants, était menacée de destruction au XIXe siècle. La Société Archéologique s’est mobilisée pour sa défense, et a participé à son rachat, avec la Ville d’Orléans. La petite histoire dit même que le président de la SAHO de l’époque a financé une partie de l’opération sur ses propres deniers.
Et ceci n’est pas anecdotique, car cela montre l’esprit de cette société, au départ composée de notables locaux (ecclésiastiques, aristocrates, magistrats) qui s’engagent pleinement et personnellement pour défendre l’histoire et le patrimoine de leur région, en l’occurrence, l’Orléanais. Ce territoire reste à définir, souligne Françoise Michaux-Fréjaville, présidente d’honneur de la SAHO, et l’on sent d’emblée qu’on est en présence de spécialistes très au fait de leur discipline.
Ce qui frappe d’un second abord, c’est la passion qui anime les membres de la SAHO. Son actuel président, Hervé Finous, nous reçoit avec la présidente d’honneur. Tous deux font montre d’une grande bienveillance, soucieux de faire connaître leur association, de faciliter l’accès à son objet et fonctionnements, et fiers de parler d’une société qui est un des fleurons de la ville d’Orléans.
Un peu d’histoire
L’origine de la SAHO remonte à 1849, juste après la révolution car « Les sciences et les arts n’aiment pas les orages politiques » écrit un de ses fondateurs, l’abbé Edmond Desnoyers (1806-1902). Elle se préoccupait alors uniquement d’archéologie et ses membres étaient choisis ès qualité dans un système de cooptation. Ceux-ci s’intéressaient aux sites archéologiques de l’orléanais, notamment les fouilles de Neuvy-en-Sullias. Ils ont eu à cœur de mettre à disposition du public les nombreux objets trouvés sur les champs de fouille ou collectés par l’abbé Desnoyers et leur travail a participé à l’ouverture du Musée archéologique d’Orléans (situé dans l’hôtel Cabu, rue Sainte Catherine depuis 1862).
Ensuite, le champ de l’association se diversifie, s’ouvre à l’histoire car « L’histoire et l’archéologie sont les deux yeux de l’intelligence pour voir et juger sainement ce qui est vrai » ( E Desnoyers, 1898) et prend son nom actuel en 1872.
La salle des Thèses accueille la SAHO en 1881. Ce lieu recèle un fonds impressionnant d’ouvrages précieux dont la SAHO se porte garant, en collaboration avec les Archives départementales du Loiret (la directrice de cet organisme est d’ailleurs membre d’honneur de la SAHO). L’accès à l’électricité en 1906, puis l’installation d’un calorifère en 1966 permettent aux rencontres de s’y tenir dans de bonnes conditions.
Pour en savoir plus, il faut se référer au numéro 120 du bulletin de la société « La SAHO : 150 années d’activités », un intéressant document d’avril 1999 qui fourmille d’informations, de témoignages, et d’illustrations. Passionnant.
Aujourd’hui
L’association présente une belle dynamique, forte de ses quelques 200 adhérents. Son but est d’ « étudier le patrimoine historique, archéologique et architectural de l’Orléanais » et pour ce faire, a mis en place plusieurs sortes d’activités :
- Tout d’abord, la base est la rencontre du 2e vendredi de chaque mois, séances qui donnent la parole à d’éminents spécialistes, membres de la SAHO ou invités, sur des sujets historiques très variés, allant de l’Antiquité à la période contemporaine.
- Ces conférences donnent lieu à un bulletin semestriel envoyé à tous les adhérents/cotisants. Ces ouvrages de qualité, tant sur le fond que sur la forme, sont accessibles sur demande auprès de la SAHO. A noter que la société en est au numéro 183 de ses productions !
- La SAHO se centre aussi sur la recherche et les étudiants. Un prix Pierre Hamel (du nom d’un membre donateur) « est attribué tous les deux ans à l’auteur d’un travail inédit portant sur des recherches originales en histoire et en archéologie »
- Des visites ou excursions sont organisées régulièrement (activité en sommeil aujourd’hui du fait de l’actualité sanitaire)
- La SAHO développe une grande vigilance sur la protection du patrimoine, par exemple en se mobilisant pour des édifices en péril, comme actuellement pour l’église Saint-Euverte à Orléans.
Les présidents sont élus pour trois ans, et peuvent effectuer plusieurs mandats. Ce fut le cas de Jacques Debal, personnalité qui a marqué la société entre 1972 et 1999.
Les liens de partenariats sont nombreux et nos deux interlocuteurs de citer, entre autres, le Service Archéologique Municipal de la Ville d’Orléans, les Archives Départementales, l’Académie de l’agriculture, sciences, arts Belles lettres, Les journées du Patrimoine, ainsi que le réseau des sociétés savantes en France auquel la SAHO appartient.
Quand société savante rime avec association vivante
En ces temps de pandémie, les activités de la SAHO ont dû se restreindre, mais plusieurs conférences diffusées en ligne ont rencontré un beau succès, et l’association a mis au point une lettre mensuelle envoyée aux adhérents, avec des informations, des communications, ou des séries de photos. Une initiative que le président envisage de conserver. Soulignons au passage de très belles photos inédites des gargouilles de la cathédrale d’Orléans, signées Joël Larousse.
Cette société est ouverte à tous, pour une modique cotisation annuelle de 10 euros, à laquelle peut se rajouter l’abonnement aux bulletins d’un montant de 35 euros. Elle mérite que l’on s’y intéresse, pour sa double mission d’approfondissement de l’histoire et de défense du patrimoine, dont la belle salle qu’Hervé Finous mentionne dans son dernier rapport d’activités comme « un local digne des exigences de notre époque ».
Un gage de qualité renforcé par un souci d’accueil et d’ouverture qui donnent envie de pousser la porte chaque deuxième vendredi, et de rejoindre ces érudits passionnés qui ne demandent qu’à partager leur savoir.
Anne-Cécile Chapuis
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