Le département du Loiret a attribué la conception/réalisation de l’ouvrage de franchissement de la Loire à un groupement d’entreprises, dont le mandataire est le groupe castelneuvien. Sécurité et confort des usagers, respect de l’environnement sont les maîtres mots de ce projet à 58,1 millions d’euros, en gestation depuis 23 ans.
Dans le cadre de la déviation de Jargeau, le département du Loiret a attribué la conception/réalisation de la section de franchissement de la Loire à Baudin Châteauneuf, à la tête d’un groupement d’entreprises. Les travaux de 58,1 millions d’euros débuteront en 2022. « Nous avons engagé un dialogue compétitif en référence au marché public des entreprises et nous avons retenu Baudin Châteauneuf », se félicite Marc Gaudet, président du département. L’entreprise, née en 1919, de renommée nationale et internationale, a déjà construit neuf ouvrages dans le Loiret : Bonny-sur-Loire, Chatillon-sur-Loire, Gien, deux ponts à Sully-sur-Loire, Châteauneuf-sur-Loire, Jargeau, pont Joffre à Orléans, Meung-sur-Loire. Une entreprise qui a l’avantage d’être implantée à une dizaine de kilomètres du projet !
23 ans de longues démarches
Lancé en 1998 lors de son inscription au Schéma Routier Départemental, le projet de déviation de Jargeau commence à sortir de terre. « 23 ans de longues démarches administratives qui prennent du temps mais qui sont nécessaires pour se conformer à la loi », assure Marc Gaudet. La déviation de 15 km concerne trois communes et près de 10 000 habitants : Jargeau, Saint-Denis-de-l’Hôtel et Mardié. « Les trois maires concernés sont unanimement favorables, sans ambiguïté. L’opposition tient à une association, Mardiéval, et de l’agrégation d’autres associations et au maire de Bou », explique le président, qui parle par ailleurs d’une « opposition idéologique ». Il rappelle que cette infrastructure a fait l’objet « de concertations avec les habitants et les exploitants agricoles, suivie d’une étude de terrain (…) et que sur les 18 recours, 16 sont rejetés et un sursis est à statuer ».
L’ouvrage d’art de 170 mètres de hauteur et de 570 mètres de long, dédié à la sécurité et au confort des usagers « permettra le maintien du passage du nord au sud en cas de crue majeure de la Loire ». Le président rappelle également que « ce pont est sur le territoire de la métropole (Mardié) et [qu’il] va rendre service aux Métropolitains. » Le but étant de désengorger le trafic du pont de Jargeau et du pont Thinat à Orléans, complètement saturés aux heures de hautes fréquentations, source de bouchons et de fortes émissions de gaz à effet de serre.
L’environnement en question
Mais l’ouvrage suscite de nombreuses inquiétudes et questions environnementales. Aussi, afin de respecter les contraintes géologiques (sous-sol karstique et écoulement des eaux vers l’aquifère) révélées par le rapport du BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières) de 2017, un modèle géotechnique précis a été réalisé. Il prévoit l’inclusion de pieux métalliques qui retiendront le béton lors du coulage et qui permettront la circulation des eaux souterraines. Les piliers en forme de vrille assureront, quant à eux, la circulation des eaux de surface.
Des piliers en forme de vrille favoriseront la circulation des eaux de surface. Photo CD45
De plus, le site, classé au patrimoine mondial de l’Unesco, abrite des espèces protégées et donc une biodiversité à préserver. Sur le sujet, Gérard Malbo, vice-président et président de la commission éducation, jeunesse, sports et environnement, se veut rassurant et vante les 25 hectares de reboisement dont 19 réalisés à ce jour, ainsi que les 10 passages souterrains pour la petite faune ou encore les ouvrages à batraciens (crapauducs). Marc Gaudet ajoute « qu’il y a 35 ans il n’y avait plus de balbuzards, aujourd’hui on compte 26 couples dont une vingtaine dans le Loiret » qui bénéficient d’ailleurs d’une nouvelle plateforme de nidification.
L’agenda prévoit des interruptions de travaux en fonction du calendrier environnemental (mois de reproductions des espèces, migrations…).
Les déplacements doux seront privilégiés sur le prochain ouvrage d’art de la déviation de Jargeau. Photo CD45
Les déplacements doux sont aussi à l’honneur : 1325 mètres de pistes cyclables, de deux mètres de largeurs pour les pistes monodirectionnelles et de trois mètres pour les pistes bidirectionnelles. Ces pistes seront éloignées de la chaussée et séparées par une glissière en béton sur le pont pour garantir la sécurité des cyclistes. Un projet de continuité cyclable pour relier l’itinéraire principal de la Loire à vélo au sud et sur la levée avec le nouvel itinéraire alternatif de la Loire à vélo au nord, soutenu à hauteur de 4,2 millions d’euros par l’Etat. De plus, deux belvédères d’observation seront créés à l’amont et à l’aval du fleuve
Avec une mise en service prévue fin 2024, ce nouveau pont viendra compléter la liste des 250 000 existants en France, un patrimoine d’ouvrages d’art des plus illustres.
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Elodie Cerqueira
Chiffres clés :
- Coût total de la déviation de Jargeau : 94 millions d’euros (valeur 2024)
- Coût de la section du franchissement de la Loire : 58,1 millions d’euros
- Près de 10 millions d’euros budget alloué à la préservation de l’environnement soit environ 10 % du montant total 15 km de routes dans le cadre de la déviation
- 1 800 hectares d’aménagement foncier agricole et forestier sur 4 communes (Jargeau, Sandillon, Darvoy et Férolles)
- 25 hectares reboisés
- 19,3 Ha d’aménagements écologiques dont 1,5 hectare de mares et de moullières