Largement majoritaire avec 22 élus sur 30 en 2015, la droite part favorite pour ce scrutin. Si la gauche, réunie sous la bannière du Loir-et-Cher en commun, ambitionne de progresser, l’inconnu semble plutôt être le 3e tour. Guillaume Peltier, candidat sur le canton de Chambord et le député MoDem Stéphane Baudu sur celui de Blois 2 ne cachent pas leur volonté de s’installer à la présidence…
Première sur la ligne de départ, la gauche présente une façade « ravalée » pour cette élection. PS, PC, LFI, G.s et EELV partiront en effet ensemble au combat les 20 et 27 juin prochains. Cette gauche plurielle est une grande 1ère dans l’histoire politique locale. « Ce n’est pas une tambouille électorale mais un accord sur le projet répondant aux besoins de la population et mettant les solidarités au cœur du programme », expliquait ainsi Frédéric Orain, 1er fédéral PS, lors de la présentation des candidats le 7 avril dernier.
Accès aux droits et au RSA pour les moins de 25 ans et les étudiants, fin de l’artificialisation des sols, soutien aux associations et à la culture « terreaux de citoyenneté », démocratie citoyenne… sont quelques axes d’un projet se voulant « éthique, transparent et égalitaire ».
Si, en 2015, le PS et les divers gauches avait emporté 4 cantons (Blois 1 et 3, Chambord et Vineuil), l’équipe n’avait pas résisté à la volonté d’ouverture de Maurice Leroy puis de Nicolas Perruchot. Séduite par la méthode dite « de co-construction » du budget, 7 des 8 conseillers ont ainsi voté le document ou se sont abstenus au long du mandat. Seul, Benjamin Vételé, maire-adjoint de Blois et proche de Marc Gricourt, est resté droit dans ses bottes en rejetant cette « collaboration ».
Dans ce contexte, on notera l’absence de Geneviève Baraban, la présidente des 7 élus du groupe Loir-et-Cher autrement au prochain scrutin départemental sur le canton de Blois 1. Populaire et engagée, l’ancienne socialiste (exclue du parti) y était élue depuis 2002. Les 6 autres membres du groupe seront quant à eux candidats. Geneviève Baraban, qui faisait équipe avec Benjamin Vételé, n’exclut pas d’apporter son soutien au candidat du MoDem sur ce canton ancré à gauche.
A droite, la succession de N. Perruchot aiguise les appétits
L’annonce début janvier par Nicolas Perruchot, président (LR) du département depuis 2017, de ne pas se représenter suite à plusieurs « dossiers » largement médiatisés a fortement rebattu les cartes. L’homme, qui avait succédé à l’ancien ministre centriste Maurice Leroy, qui a lui aussi quitté la vie politique, dirigeait avec autorité et « en mode projet » une assemblée de droite et centre-droit. Rassemblée au sein du groupe UPLC, ses 22 membres ont voté d’une seule main jusqu’à l’affaire Brown-Gasselin (1).
L’annonce de Stéphane Baudu (député Modem) de sa volonté de se présenter à la présidence puis celle de Guillaume Peltier d’abandonner la région pour tenter sa chance sur le canton de Chambord ont fait voler en éclat cette union. Un comité d’investiture local associant notamment les parlementaires a cependant maintenu l’unité en s’accordant sur les investitures de la droite et du centre (UPLC) sur 15 cantons.
Pourtant, personne n’est dupe. L’arrivée de Guillaume Peltier fait peur et l’ambition du MoDem agace. Plusieurs personnalités centristes sont donc déjà dans les starting-blocks. C’est le cas Philippe Sartori, conseiller de Saint-Aignan-sur-Cher ou Catherine Lhéritier (présidente de l’association des maires de Loir-et-Cher), ancienne binôme de N. Perruchot à Onzain.
L’inconnu du Rassemblement national
Fort de son bon score en 2015 (27,39 %), le Rassemblement national entend bien brouiller les cartes et améliorer ses résultats dans un contexte de hausse de l’insécurité et de rejet des partis. « Cette élection de notables ne nous est pas favorable mais il est important que les électeurs expriment leur mécontentement face aux politiques qui les ignorent », nous explique Michel Chassier animateur du parti en Loir-et-Cher.
Le conseiller régional pointe au passage la connivence entre les élus de droite et de gauche : « Les élus de la majorité avaient appelé à voter contre nous en 2015 dans les duels contre le PS sur Blois 1 et 3. Durant le mandat, 7 des 8 élus de gauche ont ensuite voté le budget. Que dire de plus ? C’est bonnet blanc et blanc bonnet ».
Le parti de Marine Le Pen sera donc présent sur tous les cantons avec une grande diversité de candidats. Rappelons qu’en 2015, le RN était présent au 2e tour dans 11 cantons (5 triangulaires et 6 duels). Dans son programme figure notamment le soutien à la construction d’un 2e échangeur sur l’A10 (à hauteur d’Herbault), la réalisation d’un aménagement routier au sud de l’agglomération et une demande de transparence pour mettre fin à « l’omerta » sur les Mineurs non accompagnés ou le RSA.
Chambord le duel G. Peltier – G. Clément
Au total, ce sont 61 binômes qui se présenteront devant les électeurs. Sur les cantons, on suivra particulièrement les duels opposants la majorité au MoDem ou ses proches à Romorantin-Lanthenay (2), Montrichard et Saint-Aignan, le canton de Chambord ou G. Peltier affrontera le divers gauche maire de Mont-près-Chambord, Gilles Clément, élu depuis 1998, sans oublier celui de Selles-sur-Cher où la sortante Christina Brown (non investie par l’UPLC) tentera de conserver son siège face à 5 postulants.
Dans l’agglomération blésoise, le duel entre les MoDem Marie-Hélène Millet et Stéphane Baudu et l’ancien député socialiste Denys Robiliard associé à Isabelle Nouari s’annonce passionnant sur Blois 2 avec sans doute le RN en arbitre. Les 4 binômes de la liste citoyenne « le cœur & l’action » entendent également brouiller les pistes. La France Autrement, le parti fondé par Gildas Vieira, entend porter « l’aspiration à une démocratie participative, indispensable à une nécessaire justice sociale et à une transition écologique concertée ». Enfin, dans le Vendômois, les 4 cantons ancrés à droite depuis des décennies semblent acquis à la composante centriste de la majorité.
La balance départementale va-t-elle se déporter vers le centre ou les électeurs vont-ils manifester leur désarroi « en sortant les sortants » ? Tel est l’enjeu, qui s’annonce captivant d’une élection se déroulant dans un contexte de crise sanitaire, sociale, écologique et économique. Le niveau de l’abstention, traditionnellement élevée (49,36 % au 1er tour en 2015), sera aussi un paramètre pouvant constituer “une prime aux sortants” dans le contexte de Covid-19.
Jean-Luc Vezon
(1) Les deux élues des cantons de Selles-sur-Cher et Sologne avaient révélé de possibles faits de harcèlement sexuel dont elles auraient fait l’objet de la part d’un de leur collègue.
(2) Louis de Redon et Dominique Giraudet (Modem) affronteront Peggy Dupain et Pascal Goubert de Cauville (UPLC), Martine Griveau et Damien Antiga (L/C en commun), Emilie Forget et Guillaume Besnard (RN) et Tania André (directrice de cabinet de Jeanny Lorgeoux) et Bruno Harnoi (DG).