Les sociétés savantes existent depuis le siècle des Lumières. Composées d’érudits ou d’amateurs éclairés, elles ont pour objet la diffusion de la culture dans des domaines divers et dont les contours appartiennent à chaque organisation.
Après l’association Guillaume Budé, Magcentre a rencontré l’”Académie d’Orléans” (AO).
Héritière de la « Société Royale d’Agriculture de la Généralité d’Orléans », l’Académie a vu son essor en 1809, substituant le terme « Académie » à celui de « Société » en 1996. Depuis ses débuts, elle a son siège 5 Rue Antoine Petit, dans une jolie maison avec jardin dont la façade annonce les appartenances, avec les portraits en bas-relief de Henri Duhamel du Monceau, physicien et botaniste, et d’Antoine Petit, chirurgien, tous deux ayant vécu dans l’orléanais au XVIIIe siècle. Cette ancienne « maison des apothicaires » du XVIe siècle peut être visitée lors des journées du patrimoine.
Et dans cette petite rue qui va du monument aux morts au Campo Santo (sic), rien de mortifère, bien au contraire !
Christian Froissart, président, et Daniel Locker, secrétaire général, nous reçoivent et sont intarissables sur l’histoire de l’AO, son origine, ses fonctionnements, sa vitalité. Bien sûr, ils déplorent le manque de jeunes dans leur structure, ce qui résonne comme un air connu entendu chez beaucoup d’associations de ce type, mais l’Académie fonctionne sans discontinuer depuis la Restauration et se renouvelle régulièrement.
L’AO est organisée en trois sections (Agriculture, Sciences, Belles lettres) et est adhérente à la « Conférence Nationale des Académies », qui regroupe 32 académies en France sous l’égide de l’Institut, les coordonne et organise colloques et publications.
Un concept original et ancré sur une tradition ancestrale
L’originalité de l’AO et ce qui frappe de premier abord pour qui n’est pas spécialiste, c’est la pluralité. En effet les disciplines qui s’y côtoient parlent d’agriculture, de sciences, de lettres et d’art. C’est rare, à notre époque de spécialisations de plus en plus pointues, de rencontrer des lieux de croisements, de mises en corrélation et bien sûr de débats contradictoires. Les académiciens sont « des spécialistes qui s’adressent à un panel de confrères d’autres disciplines. Les historiens interrogent les scientifiques, les matheux s’adressent aux philosophes etc., ce qui donne une grande richesse au débat », précise Christian Froissart. Car c’est ainsi que fonctionne l’AO, avec une organisation rigoureuse et réglée comme du papier à musique !
Une organisation rigoureuse
Les membres de l’académie sont au nombre de 50 et devenir académicien obéit à un protocole statutaire rôdé, avec un système de parrainage puis vote en juxtaposant les étapes successives de coopté, correspondant, titulaire.
L’Académie se réunit deux fois par mois. Aujourd’hui, le système de visio conférence permet de poursuivre le cycle des jeudis. A chaque séance, après un point d’actualité, un académicien présente ses travaux. Le président, élu depuis 2 ans, insiste sur l’intérêt de ces communications qui apportent éclairages et références sur des sujets d’actualité. « La mixité de nos appartenances permet un regard particulier, une vision plus rationnelle, à l’ère de l’omni présence des fake news. On s’insurge contre les idées fausses, tout en restant modestes et réservés. »
Le calendrier des présentations est complet sur de nombreux mois à l’avance. Les communications effectuées sont ensuite regroupées en « Mémoires » publiés chaque année et disponibles sur le site de l’AO. Rien qu’à parcourir la liste des sujets traités, l’on y constate la grande diversité des sujets et leur grande actualité. En 2020 ou 2021, plusieurs contributions sur le coronavirus, Jeanne d’arc ou le réchauffement climatique y sont à l’honneur, sans relation de cause à effets !
L’ouverture au grand public
L’on pourrait craindre une société repliée sur elle-même et ses savoirs, d’autant que Société savante est souvent amalgamée avec Société secrète, mais il n’en est rien. Les conférences sont accessibles sur le site de l’AO, qui, par ailleurs, organise chaque année un colloque thématique (sauf perturbations “covidistiques”!) intitulé Le printemps de l’Académie. Ce sont des manifestations de haut niveau qui font appel à de grandes pointures internationales.
Le prochain colloque est prévu les 16 et 17 novembre 2021, à l’hôtel Dupanloup, et mettra à l’honneur Guillaume-François Le Trosne, juriste et physiocrate orléanais au siècle des Lumières. Un illustre inconnu à découvrir ! L’AO organise également des voyages culturels.
Enfin signalons l’existence de la « Société des Amis de l’Académie » association qui permet à ses adhérents d’assister aux séances, de recevoir les mémoires et participer aux sorties.
Les fines herbes
La société n’est pas occulte, ses membres sont connus et répertoriés sur le site ww.lacado.fr
Ce site mérite une visite. Tous les mémoires, c’est-à-dire la liste et contenu des communications regroupées par année civile, y sont accessibles. Et le trombinoscope permet de sortir de l’ombre et de faire plus ample connaissance avec ces « fines herbes » surnom que les deux membres du bureau de l’Académie reprennent volontiers à leur compte, en souriant sur une pertinence que n’auraient pas désavoué Henri Duhamel ou Antoine Petit !
Lire aussi : #1 L’association Guillaume Budé
Anne-Cécile Chapuis