Comme partout en France, le Centre-Val de Loire doit répondre aux enjeux de la transition énergétique en intégrant dans ses politiques le déploiement des énergies renouvelables. COP régionale, appels à projets, Plan de relance… Où en est la région dans cette transition ? Panorama et bilan chiffré.
Avec une hausse de 11%, la région Centre-Val de Loire enregistre l’une des plus fortes progressions du parc photovoltaïque installé en France. Baromètre 2020 Oberv’ER. ©Pixabay
Réduire sa consommation d’énergie de 43 % en 2050 par rapport à 2014 et atteindre une production et une consommation énergétique locale 100% renouvelable. Telle est l’ambition fixée par la région Centre-Val de Loire dans son Schéma Régional d’Aménagement de Développement Durable et d’Egalité des territoires (SRADDET). Pour faciliter, massifier et accélérer cette transition qu’impose l’urgence climatique et environnementale, une COP régionale a été mise en place en 2019, suivie 18 mois plus tard, d’un premier Accord COP signé le 3 février dernier : une mobilisation importante des collectivités, associations, entreprises, citoyens… qui, ensemble, ont enclenché une dynamique dans la réduction des émissions de Gaz à effet de serre (GES), responsables de l’accélération du réchauffement climatique.
En France, comme dans l’ensemble de l’Union Européenne, c’est l’utilisation d’énergie qui est la première source d’émissions de GES avec 312 Mt de CO2 en 2018, soit 70,1 % du total national, suivie par l’agriculture avec 16,8 % (Data Lab Ministère de la Transition écologique). Transport, logement (résidentiel et tertiaire) et industrie, se répartissant principalement les sources de ces émissions. En région Centre-Val de Loire, les GES atteignent 17, 4 millions de tonnes équivalent CO2 (Lig’Air/OREGES – Atlas transversal Climat-Air-Énergie). Le transport routier constituant, là aussi, le premier secteur émetteur sur le territoire (36%), suivi par l’agriculture (23%) et le secteur résidentiel (17%) dont 45% des 112.744.011 m2 de logements datent d’avant 1970 et ne répondent à aucune règlementation thermique.
Vert pour l’éolien, rouge pour le PV et le biogaz
Si la France reste en retard sur ses objectifs en matière de développement des énergies renouvelables (16,6% en 2018 pour un objectif de 23% en 2020), les régions se sont emparées de cet objectif avec des résultats très disparates. Le Centre-Val de Loire se classe, lui, à la moitié du tableau, porté par un potentiel de production issu de l’agriculture, de la filière bois, de la géothermie, ou encore de l’éolien dont elle tire le plus parti.
Ainsi, selon le Baromètre 2020 des énergies renouvelables électriques en France (Observ’ER), le Centre-Val de Loire se hisse au 4e rang des régions françaises après les Hauts de France, le Grand Est et l’Occitanie avec une puissance raccordée fin septembre 2020 de 1295 MW. Point rouge en revanche pour le développement du photovoltaïque (PV) avec seulement 363 MW en puissance raccordée pour 17 023 installations (contre 68 364 installations pour la Nouvelle Aquitaine et l’Occitanie). Malgré tout avec +11%, la région Centre-Val de Loire enregistre l’une des plus fortes progressions du parc installé en France.
Un parc dont la puissance totale n’a pris que 7% en 2020 contre 14% en 2019. Constat qui amène le Baromètre d’Observ’ER à souligner que « la filière française du photovoltaïque ne parviendra pas à remplir ses objectifs de 2023 (20,1 GW) et encore moins à 2028 (entre 35,1 et 44,0 GW raccordés) ». Enfin, concernant la filière biogaz (issu de la fermentation de matières organiques), la région Centre-Val de Loire compte 14 installations pour la production d’électricité (lanterne rouge !) et 6 installations de méthanisation pour la production d’électricité (avant-dernière de France). Ces installations peuvent être exploitées dans des décharges, déchetteries, stations d’épuration, sites industriels, exploitations agricoles…
2 milliards d’euros d’accompagnement par l’ADEME
Suite à la crise sanitaire, le Gouvernement a lancé un Plan de relance exceptionnel 2020-2022 de 100 milliards € (le plus important d’Europe par rapport à son PIB) pour stimuler et faire rebondir l’économie. Sur ces 100 milliards € d’investissements, l’État en affecte 30 milliards à la transition écologique. « Du jamais vu ! », déclarait dans un communiqué de presse le 12 avril dernier Mohamed Amjahdi, Directeur régional de l’ADEME Centre-Val de Loire. « Cela vient donner une impulsion inédite pour faciliter la transformation de nos entreprises. Certaines, implantées dans la région, ont déjà bénéficié des aides du plan de relance, elles font partie des premiers lauréats de appels à projets. » Parmi lesquelles, les papeteries PALM à Descartes (37), l’unité de production de granulés SIDESUP, filiale de Cristal Union, à Engenville (45), l‘imprimerie MAURY au Malesherbois (45) ou encore l’usine de fabrication de panneaux en bois SWISS KRONO à Sully-sur-Loire (45), pour des investissements de décarbonation.
Une enveloppe de 2 milliards € est gérée par l’ADEME permettant à d’autres projets d’être accompagnés « aussi bien l’électrification des process que l’installation de chaudières biomasse, l’objectif final étant d’aider tous les dispositifs qui contribuent massivement à la réduction des consommations d’énergie et des gaz à effet de serre », dans des secteurs stratégiques comme « l’économie circulaire, le tourisme durable, la transition écologique des TPE & PME, la production et la distribution de l’hydrogène ».
Près de 10 M€ de fonds FEDER ont été mobilisés par la Région sur la période 2014-2027 pour financer les écosystèmes hydrogène en région. ©RCVL
Vers une filière Hydrogène
Cet hydrogène décarboné ou « vert » (par électrolyse de l’eau à partir d’électricité décarbonée ou renouvelable) constitue pour le Gouvernement une priorité pour la souveraineté énergétique et industrielle du pays dans le but notamment de réduire la dépendance du pays vis-à-vis des importations d’hydrocarbures. À ce titre, la Région Centre-Val de Loire a bâti une feuille de route pour répondre à trois enjeux : réduire l’émission de GES et développer l’utilisation des énergies renouvelables pour les secteurs industriels, réduire l’émission de GES et développer l’utilisation des énergies renouvelables pour les transports très énergivores et pallier la variabilité de la production de certaines énergies renouvelables avec la possibilité de stocker l’hydrogène alors que l’électricité reste encore difficile à stocker en grande quantité.
Dans la région, une filière se construit avec notamment deux programmations de fonds FEDER 2014-2020 (3,5 millions €) et 2021-2027 (montant porté à 6,4 millions €), une labellisation de la région en 2016 « Territoire d’hydrogène » dans le cadre du plan Hulot (déploiement du vélo à hydrogène sur la Loire à Véloprojet VELHYRE) et en 2018, la co-organisation du colloque « Hydrogène au centre – de l’écosystème de projets à la structuration de la filière hydrogène régionale ».
Même si la Région possède encore une grande marge de progression sur le déploiement des énergies renouvelables, notamment sur le photovoltaïque (gisement évalué pour 2050 à 3200 MW au sol et à 19 900 MW sur toiture, données Baromètre 2020 Observ’ER) et sur l’éolien (gisement évalué pour 2050 à 13 900 MW, données Baromètre 2020 Observ’ER), force est de constater qu’une dynamique de conversion est désormais enclenchée sur le territoire. Une dynamique qui devrait être boostée par le volet « écologie » et « compétitivité » du Plan de relance donnant là, l’occasion aux entreprises de transformer leur outils de production et leurs process pour atteindre l’objectif de la neutralité carbone de 2050.`
Estelle Boutheloup
Photo Une ©Pixabay