L’économie sociale et solidaire, une économie qui a des valeurs dimanche, 25 avril 2021 Ce jeudi 23 avril se tenait une nouvelle fois en virtuel, l’assemblée générale annuelle de la Chambre Régionale de l’Économie Sociale et Solidaire, l’occasion de rappeler en cette période électorale, la place (10% des salariés en région) mais aussi les spécificités d’une économie qui a des valeurs que la crise sanitaire a rendu plus visibles par les questions sociétales qu’elle soulève. Les collectivités semblent prendre conscience de cet enjeu d’avenir, ce que souligne Caroline Dumas, directrice de la CRESS à l’issue de la réunion. Interview MC Quel bilan tirez-vous de cette assemblée générale ?CD D’abord, comme tout le monde, on a hâte de se retrouver en présentiel ! Et puis on a apprécié la fidélité par sa présence du président de région, François Bonneau, et puis les deux vice-présidences des métropoles de Tours et d’Orléans étaient également représentées, sensibles à notre assemblée générale, et en soi, c’est une nouveauté qu’il y ait des vice-présidences à l’économie sociale dans les Métropoles. Globalement, je suis assez satisfaite de notre rapport d’activités qui reprend l’ensemble de nos actions que nous avons pu mener malgré les répercussions de la covid et nous voyons bien que l’économie solidaire a encore plus de boulot et de perspectives avec la remise en cause du fonctionnement de notre société induit par la crise sanitaire. MC Comment s’est déroulée cette année 2020 pour l’économie sociale et solidaire ?CD En fait nous avons subi des courants contradictoires, avec la culture, le tourisme, le sport, secteurs qui sont les plus mis à mal avec au vu des premiers chiffres, on a en 2020 une mise en sommeil de nombreux emplois car on ne sait pas encore si c’est une baisse de l’emploi liée au chômage partiel ou si c’est des emplois détruits que l’on ne retrouvera pas et on espère que le jour où ça va redémarrer, on aura pas trop de destruction d’emplois. La culture est en grande souffrance, c’est le secteur le plus touché, ensuite le sport et le tourisme, et en même temps on a beaucoup de mécanismes de solidarité de coopération qui se mettent en place, dès le premier confinement on a pu voir des scènes de solidarité, de création de matériel de gestes barrières, les masques, les visières, et le médico-social qui était sur le front de la pandémie, tous les bénévoles qui ont activé les réseaux de circuits courts, on a deux phénomènes en parallèle. MC Vous avez souligné la présence des collectivités, qu’en attendez-vous concrètement ?CD Cette relation avec les collectivités se traduit par des projets structurants notamment avec les métropoles que l’on accompagne sur leur stratégie de développement de l’ESS. Ce qui est encourageant c’est que l’économie sociale et solidaire est maintenant considérée par les politiques de façon transversale, ils ont bien pris conscience que c’était un mode d’entreprendre différent, une manière de faire qui pouvait essaimer dans de nombreux domaines. On voit bien avec les métropoles que c’est un moyen incontournable d’aborder toutes les questions de transitions écologique et énergétique, d’aborder l’économie circulaire et le réemploi en repensant le mode de “faire”. On a ainsi pas mal de demandes directes des communes que l’on met en lien avec des structures de terrain, mais la CRESS est aussi interpelée par les métropoles et la région: on voit bien l’intérêt que les collectivités portent à ces nouvelles formes d’organisations citoyennes qui favorisent le développement d’initiatives, positionnées véritablement comme des maillons indispensables du territoire, comme de véritables points de rencontres entre les politiques publiques et les attentes et initiatives des citoyens. Et je crois que la crise sanitaire qui devient une de plus en plus crise sociétale, oblige à mettre en œuvre cette approche nouvelle. MC Le rapport d’activités a aussi souligné l’action de la CRESS en matière d’information ?CD Aujourd’hui, la sensibilisation à l’économie sociale et solidaire touche un public très diversifié, ce qui n’était pas le cas il y a quelques années. La CRESS est aussi bien sollicitée pour intervenir dans les lycées ce qui n’a pas été forcément facile, car les enseignants ont pris conscience que l’ESS pouvait toucher leurs élèves, surtout les enseignants en économie, alors que, et c’est très regrettable, l’ESS n’est pas au programme des sciences éco. Nous intervenons aussi à l’université dans des filières “aménagement du territoire” par exemple, donc vers des gens qui travailleront souvent dans des collectivités. On forme aussi les techniciens dans les espaces déconcentrés de la région, et au sein de l’agence régionale Dev’up ou avec les Chambres consulaires où les conseillers ont la curiosité de comprendre cet autre mode d’entreprendre. Ce que j’espère c’est que bientôt, lorsqu’on parlera économie et création d’entreprises, on parlera aussi bien de SA, de SàRL mais aussi de scop d’associations, que les modèles de l’ESS ne seront plus évoqués de façon accessoire. On progresse actuellement très vite dans ce domaine et les créateurs d’entreprise ont de plus en plus le réflexe de nous interroger mais aussi France Active, Alter’Incub ou le DLA pour être plus à l’aise avec les spécificités de l’ESS. MC Comment voyez-vous cette année 2021 ?CD 2021 sera une année de transition dans le cadre de notre nouveau plan stratégique, pour les cinq ans à venir. C’est un plan partagé par tous les membres de la CRESS avec deux grands défis: celui évidemment d’une transition écologique et énergétique et celui d’une société plus égalitaire, avec la réaffirmation d’une parole politique en rappelant que les entreprise de l’ESS sont des entreprises pionnières, innovantes sur le plan social et environnemental Enfin, au niveau interne de la CRESS, sous l’impulsion de notre nouveau président Jean Louis Desnoues nous allons faire aussi évoluer la façon de porter la parle des entreprises de l’ESS en faisant notamment évoluer nos compétences à disposition de nos membres. Propos recueillis par Gérard Poitou PS: Une table ronde sur le thème de l’économie sociale et solidaire est prévue dans la première quinzaine de mai, avec l’ensemble des candidats à la présidence de la région.https://www.cresscentre.org/