Quand les lingères font les zouaves, le premier ministre ne sait plus où donner de la culotte. Par Ste Nitouche et Saint Pansard, agacées d’être non-essentielles, les marchandes de sous-vêtements ont choisi l’humour pour médiatiser leur humeur. Une action culottée qui met d’autres combats au jour, encore en dessous de la ceinture.
« [dans les années 80]On se scrutait moins, on faisait ce qu’on voulait, on s’habillait à notre façon (…) J’appartenais à une génération qui ne portait pas de soutien-gorge. Sur la plage, on était tous seins nus. Au bout de cinq ou six ans, je me suis penchée sur le sujet et progressivement, la lingerie l’a emporté sur mon activité de prêt-à-porter“. Ainsi s’exprime Chantal Thomass pour commenter l’actuelle vente aux enchères à Paris marquant ses 40 ans d’activité révolutionnaire. Mais celle qui glorifia le “dessous dessus” ne pouvait imaginer qu’un jour les petites mains qui diffusent dans toute la France ses créations entreraient en résistance, tentant avec humour de faire tomber les barricades sanitaires qui bloquent leurs boutiques. Parti de Lyon, le mouvement Action culottée a généré l’envoi de dizaines de petites culottes au premier ministre, accompagnées d’une lettre argumentée. Plus de 200 en moins d’une semaine, de toutes formes et de toutes couleurs, dont 4 issues de notre région (Vendôme, Vierzon, Mehun sur Yèvre, Pithiviers).
Dame ! clament-elles, “une petite culotte par jour, c’est une question d’hygiène“, refusant d’avoir portes closes alors que des supermarchés bravent l’interdit en ne condamnant pas les rayons correspondants. “C’est pourquoi «Action culottée» sollicite le gouvernement, de façon rigolote mais pas totalement idiote, en envoyant une «culotte de mécontentement à Matignon». Un discours pur coton doublé d’un message de solidarité. “Afin que cette opération ne soit pas vaine mais puisse mettre l’accent sur l’aspect essentiel de notre secteur, le collectif « Action culottée » souhaite que le gouvernement reverse les culottes reçues ou à venir à 2 associations qui œuvrent pour les femmes : ADSF et Fondation des femmes“. Pas question de faire l’aubade à Jean Castex, ou de le porter en triomphe. Les envois vont continuer dans les jours à venir. La majorité le fait avec goût, et d’autres moins dans la dentelle.
“Tu croyais quoi ? T’es expert en logique féminine, maintenant ? Quand les nanas piquent un coup de sang, elles savent aussi le montrer“. Bing. Et revoilà Néa, ma jumelle, qui débarque et pointe du doigt un post coloré. “Celle là, le rouge, sur la culotte, elle ne l’a pas oublié. Devine pourquoi ! Même si c’est simulé, le symbole est clair“, assène son éminence. “C’est bien un truc de mec, de se moquer des règles. Il a fallut du temps pour que ce soit compris. Et encore, à petites gouttes“. Et, pas seulement pendant le confinement, cela ne concerne pas que les étudiantes. “Regarde, dans l’Indre. Enfin une vraie initiative !” La Nouvelle République l’a annoncé le 20 avril, la ville de Châteauroux vient d’installer des distributeurs de protections hygiéniques gratuites dans ses bâtiments publics. C’est une des très rares villes en France à le faire, et la seule dans la région. “Quand à la mise en place des congés menstruels, n’en parlons pas !” Effectivement, une seule entreprise française l’a mis en place, à Montpellier, depuis le 1er janvier. “Alors que l’on en parle depuis 2019“. Et notamment sur un site web explicite : Dans ma culotte !
Diantre ! Elle a de l’à-propos, la miss, qui conclue sur un proverbe québécois moqueur: “« Que sert à l’homme de gagner l’univers s’il n’a pas de culotte pour passer l’hiver »”. Ferait-elle allusion à Thomas Pesquet, qu’elle trouve peu sexy dans sa combinaison “sûrement pas dessinée par Chantal Thomass” ?
Allons, mes cousins, tous ces flots de paroles incitent à rejoindre Voltaire, et cultiver son jardin. Quitte à participer le 1er mai prochain au World Naked Gardening Day, à l’invitation de la Fédération française de naturisme. Ce jour là, sans pour autant être bêcheur, l’usage de la culotte sera officiellement non essentiel.
Néo (et Néa) Triboulet