« L’intelligence artificielle va augmenter les collaborateurs »

Spécialiste international de l’intelligence artificielle, John Rauscher était l’invité du Colloque du numérique organisé le 1er avril dernier en distanciel par la CCI 41. Avec une approche concrète et humaniste, il a livré une passionnante immersion au cœur de l’Intelligence artificielle, 2e cerveau de l’être humain.

John Rauscher
John Rauscher, Marie-Noëlle Amiot membre du bureau de la CCI 41 et Yvan Saumet, président lors du colloque virtuel. Photo Jean-Luc Vezon

Globe trotteur, fondateur de trois startups dont une revendue à Oracle, John Rauscher prodigue aujourd’hui ses conseils aux entreprises pour qu’elles adaptent les technologies de l’intelligence artificielle (IA) à leur modèle économique. Accueilli par Marie-Noëlle Amiot, présidente de la commission numérique de la CCI41, l’auteur a d’emblée affirmé que « l’IA, qui apporte de la valeur, est aujourd’hui accessible aux PME ».

Commandes vocales (Siri, Alexa, Google…), tchat bot, véhicule autonome… les systèmes d’aide se multiplient ; pourtant, pour John Rauscher « l’IA qui a démarré dans l’industrie dans les années quatre-vingt n’est encore qu’à la préhistoire de ses possibilités ». Comprendre et raisonner pour prendre la bonne décision, tel est l’objectif de l’IA, « sous-ensemble de la transformation digitale de l’économie ».

Alors pourquoi l’IA est-elle indispensable ? Selon John Rauscher, il y a quatre raisons principales : la surabondance de données nécessaires pour prendre une décision (1), la multiplication des offres, la nécessité d’intégrer les nombreuses réglementations ou normes et les attentes client.   

Mais pour mettre en œuvre l’IA, toutes les conditions ne sont pas encore complètement réalisées. Car, comme disait Albert Einstein, « l’ordinateur sera intelligent quand il posera les bonnes questions ». Difficulté de la machine à poser des questions intelligentes, à comprendre les phrases longues (input), limitation de sa capacité à rédiger (output) : le dialogue homme-machine n’est pas encore optimal.

Le savoir n’est plus le pouvoir

On parle donc d’ANI (artificial narrow intelligence) pour définir cette IA monodisciplinaire par opposition à l’intelligence générale artificielle (AGI) qui, dans le futur, pourra effectuer n’importe quelle tâche dont un humain est capable. Pour les entreprises, elle s’exprime via la cobotique, domaine de la collaboration homme-robot, c’est-à-dire de leur interaction directe ou téléopérée, pour atteindre un objectif commun. « L’homme reste indispensable car il apporte son bon sens, sa créativité et son empathie », insiste John Rauscher.

John Rauscher

John Rauscher a présenté des exemples concrets d’IA dans des entreprises de services. Photo Jean-Luc Vezon

L’exemple du cobot de vente illustre son propos. Il vient en appui au vendeur en lui fournissant données, aides à l’argumentation ou rédige le compte-rendu dans le CRM mais au final, ce dernier garde la relation avec le client. Idem pour le GPS, « 1er  cobot de l’humanité ».

Ce transfert du savoir vers la machine est une vraie révolution, un changement en termes de civilisation où depuis Gutenberg « le savoir donnait le pouvoir ». L’homme s’affirme désormais via le savoir-être, sa capacité à fédérer, créer ou communiquer. « Plus de besoin de recruter des collaborateurs expérimentés, le cobot possède la connaissance et fournit des réponses cartésiennes. L’homme peut alors délivrer son expertise sur les 20 % qui restent. »

Cette automatisation des tâches générée par le cobot impacte les entreprises qui doivent se positionner sur leur marché et choisir entre low cost et premium. « Le milieu de gamme est mort. Les clients veulent du marketing One to one, des produits sur-mesure et de la simplicité d’achat. Les distributeurs, des outils simples », souligne John Rauscher en citant l’exemple de Cuisine Schmidt qui a su s’adapter à son marché grâce à l’IA (conception numérique, réalité augmentée), générer de la croissance et créer une marque.  

Le coût dans tout ça ? « Une PME a besoin de 30 jours de conseil pour modéliser son savoir-faire dans un système d’IA de type cartésien. Le deep learning, l’autoapprentissage de la machine capable de réaliser des prévisions (2) n’est pas encore pour demain même si la DARPA (ministère de la Défense) qui a inventé Internet aux Etats-Unis poursuit activement ses programmes de recherche », a conclu le conférencier auteur de « la révolution des services 4.0 : Comment devenir dès aujourd’hui le leader de votre marché avec l’intelligence artificielle ». 

Jean-Luc Vezon

(1) Selon la loi de Miller, un être humain ne peut traiter que 7 points de données au maximum.

(2) Intelligence artificielle explicable (EAT)

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