Orléans : plus de 200 personnes disent non au futur CRA d’Olivet

Une manifestation a attiré plus de 200 personnes, ce samedi 27 mars, à Orléans, pour dire non au projet d’un Centre de Rétention Administrative de 90 places dont l’ouverture est prévue en 2023 à Olivet.

« Ni ici, ni ailleurs ! » Tel était le mot d’ordre de la manifestation de ce samedi 27 mars à Orléans (Loiret). Plus de 200 personnes se sont réunies pour dire non à la construction d’un Centre de Rétention Administrative (CRA) de 90 places à Olivet (Loiret) , allant de la Place de la Loire jusqu’au Théâtre d’Orléans actuellement occupé. Un CRA est un lieu de privation de liberté où sont enfermés, sur décision du Préfet, des personnes sans-papiers de tout âge dans l’attente de leur expulsion. En France, 53 273 personnes ont été enfermées en 2019, soit bien plus que la population de Blois (Loir-et-Cher) par exemple, dans les centres et locaux de rétention administrative, dont 3 380 enfants, dans des conditions difficiles.

Banderole de tête de cortège lors de la manifestation à Orléans (Loiret) contre le Centre de Rétention Administrative qui doit ouvrir à Olivet (Loiret) en 2023. Crédit : Delphine Toujas

A grand renfort de slogans appelant à la solidarité envers les sans-papiers et contre la construction de ces « prisons qui ne disent pas leur nom », ils étaient nombreux à répondre à l’appel du collectif COLERE (Collectif contre les Expulsions et la Rétention), emmené notamment par Théo Roumier de SUD Éducation. « On conteste ces prisons pour étrangers, détaillait-il mercredi 24 mars lors d’une conférence de presse au Théâtre occupé d’Orléans. L’important est de dire qu’on ne veut pas de Centre de Rétention Administrative à Olivet, mais pas non plus à Bordeaux (Gironde) ou à Lyon (Rhône) comme c’est en projet. Ce sont des condamnations sans jugement car le séjour irrégulier sur le territoire français n’est plus considéré comme un délit depuis 2011 [décision de la Cour européenne de justice, NDLR ]. La procédure contrevient à la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme qui prévoit qu’aucun enfermement ne peut avoir lieu sans jugement préalable. Or, le contrôle d’un juge n’intervient qu’après l’enfermement et parfois les personnes sont expulsées avant d’avoir vu le juge et fait valoir leurs droits. »

Associations, syndicats et organisations politiques unis

Initialement programmée le 4 avril dernier mais reportée à cause du premier confinement, la manifestation a donc fini par se dérouler près d’un an plus tard. Dans la foule, beaucoup de banderoles et de pancartes exigeaient davantage de solidarité et la fin des frontières. Parmi elles, les passants ont pu découvrir les messages suivants : « Les frontières assassinent », « Personne n’est illégal.e », « Des papiers pour tous », « La culture n’a pas de frontières » ou encore l’inscription « Je n’ai pas tué, je n’ai pas volé… Mais je n’ai pas de papiers » derrière des barreaux.

Pancarte lors de la manifestation à Orléans (Loiret) contre les Centres de Rétention Administratives. Crédit : Delphine Toujas

Brandissant cette dernière pancarte en compagnie de son fils Jean, Silvain explique : « On est là par solidarité envers des gens qui sont enfermés sans aucune raison légale. Plein d’entre nous, moi en particulier, sont soit des immigrés, soit des descendants d’immigrés. A l’époque nos parents ou nos grands-parents auraient été enfermés, comme mon père né à Tbilissi en Géorgie. Je suis contre le fait qu’on enferme systématiquement ces personnes qui n’ont rien fait de mal. »

Un peu plus loin dans le cortège, Elena appartient, elle, à l’association CIMADE, qui a pour but de manifester une solidarité active avec les personnes opprimées et exploitées. Elle défend la dignité et les droits des personnes réfugiées et migrantes. « On ne veut pas que ce projet voit le jour, explique-t-elle. On considère que ces CRA sont des prisons et que c’est inhumain d’enfermer les personnes sans que leur dossier ou leur situation soit traités ou étudiés. »

Delphine Toujas

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