La facture du grand équipement sportif, culturel et économique qui entrera en fonction à l’automne 2022 s’envole à près de 150 millions d’euros. Mais il faudra ensuite gérer cette infrastructure et surtout le flux à la sortie des spectacles ou des matchs. Un futur point noir dénoncé par un Serge Grouard à la mémoire courte et qui veut une trémie sous le carrefour Verdun.
Une vitrine majestueuse et esthétique pour l’entrée de l’agglomération
Le conseil métropolitain peut souffler le chaud ou le froid. Le chaud quand il s’agit d’offrir aux étudiants victimes de la crise sanitaire un remboursement de trois mois de voyages en bus ou tram. Chaud encore quand la Métropole veut reprendre en régie ses achats d’électricité qui à terme sera 100 % verte ou pour le renouvellement urbain de La Source et de l’Argonne. Mais le froid aussi quand il s’agit de voter des subventions importantes à la future école ESTP (École Spéciale des Travaux Publics) qui s’installera dans l’ancien hôpital ou quand il faut réformer la structure des impôts locaux. Globalement les impôts n’augmenteront pas (même si la Métropole bénéficiera de 5 millions de recettes supplémentaires) sauf pour les propriétaires non-occupants. « Pourtant, s’est réjoui le président Chaillou – contesté cependant par les communistes de Saran-, la taxe d’assainissement baissera tout comme celle sur les ordures ménagères avec à la clef « une baisse des impôts pour les ménages aux revenus les plus modestes ». A chaque fois une opposition franche se manifeste avec 5 votes négatifs, ou plus douce avec 22 absentions.
CO’Met : la facture s’envole
Un clivage qui se retrouve intact quand il s’agit d’évoquer le cas de CO’Met. Sous la présidence d’Olivier Carré la Métropole a confié en 2018 un marché global de performance (conception, réalisation, exploitation technique et maintenance) au groupe Bouygues pour un montant de 118 millions d’euros HT. Un avenant à déjà porté le marché à 125 millions d’euros et un autre va le porter à 129 millions notamment pour intégrer de nouveaux équipements (cuisine, friterie) et pour tenir compte de la crise sanitaire qui a perturbé le chantier. Et cela sans compter 10 millions supplémentaires pour les aménagements extérieurs, les parkings et la voirie d’accès.
Serge Grouard, heureux de pouvoir jeter une pierre dans le jardin de Olivier Carré s’est inquiété : « On va approcher les 150 millions mais j’attire l’attention sur l’exploitation. Aujourd’hui on passe parfois déjà plus de temps à quitter le Zénith qu’à assister au spectacle. Demain s’il y a en même temps un spectacle, un match voire un congrès ce sera totalement ingérable, ça ne peut pas fonctionner. » Oubliant qu’il avait proposé de construire son Aréna au sud de la Loire sans desserte tram et où les problèmes d’accès auraient sans doute été plus difficiles encore. Serge Grouard demande donc de « réfléchir et d’anticiper cette difficulté » peut-être en envisageant la construction d’une trémie sous le carrefour Verdun-Auchan-Zénith.
Quel coûts de fonctionnement ?
Si Mathieu Gallois (PCF Saran) se réjouit que « les communistes aient voté contre ce projet », l’écologiste Jean-Philippe Grand rappelle son rôle de lanceur d’alerte : « On se rapproche des 150 millions dont je parlais dès le lancement du projet, on découvre aujourd’hui les problèmes d’accès. Mais on n’a pas le choix il faut aller au bout du projet malgré les objections que j’avais formulées. » C’est finalement le socialiste-président Christophe Chaillou qui se fait le héraut de CO’Met : « On est dans les chiffres qu’on avait évoqués avec un budget très conséquent. Mais c’est un chantier majeur de la Métropole qui donne du travail aux entreprises locales (ce dont doute l’olivétain Matthieu Schlésinger), c’est une très belle réalisation, un chantier magnifique qui va participer à l’attractivité de notre territoire. Il faut maintenant s’approprier et valoriser ce très bel équipement. » Mais le débat n’est sans doute pas terminé. D’abord parce que CO’Met n’entrera en fonction que fin 2022 (septembre-octobre pour le parc des expositions, novembre pour le centre de congrès et janvier 2023 pour la grande salle). Ensuite parce que le fonctionnement risque de coûter très cher. Face à la concurrence d’autres équipements en France, la Métropole devra se battre pour faire vivre CO’Met et éviter d’en faire une coquille à moitié vide.
Jean-Jacques Talpin
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