[Mag Dossier] Un an déjà… Journal d’un confinement

Le 17 mars 2020, je me lançais dans une sorte de journal de bord dès le premier jour du confinement. L’objectif était de noter, jour après jour, mes impressions, observations et surtout les changements provoqués par cette assignation à résidence totalement inédite en France, conséquence directe de la propagation mondiale et fulgurante d’un virus que l’on appelait alors coronavirus.

Je vous propose donc de relire, avec le recul d’un an, le premier texte de ce Journal d’un confinement sur cette drôle « d’expérience » reconduite de quinzaine en quinzaine et dont on ignorait alors combien de temps elle allait durer. Surtout, personne ne se doutait et n’imaginait qu’un an après, nous vivrions encore à l’heure de la Covid-19 avec un demi-confinement, l’autre nom du couvre-feu.

Blois, le 17 mars 2020, premier jour de confinement. © Jean-Luc Vezon

Ça y est ! Depuis midi, nous ne pouvons plus mettre le nez dehors sans montrer patte blanche en France, autrement dit SANS une attestation dérogatoire de déplacement.

C’est dingue de réaliser qu’un virus (petit mais dangereux) met notre pays à l’arrêt et dans une certaine mesure le monde entier.

Nous devons donc changer nos habitudes du jour au lendemain : ne plus voir nos amis, ne plus se balader dans la rue, ne plus faire notre jogging en groupe, ne plus aller dans les boutiques, au resto, au cinéma, à la salle de sport… la liste est en fait interminable des activités quotidiennes et somme toute banales qui nous sont désormais interdites.

Toutefois, la France est à l’arrêt pour certains quand d’autres sont au contraire sur-sollicités, soignants des hôpitaux, médecins (qui plus est exposés au virus), pharmaciens, commerçants alimentaires, policiers, gendarmes, journalistes…

Nous payons aussi notre insouciance, voire notre inconscience à l’image des parcs et rives de la Seine beaucoup trop fréquentées ce dimanche à Paris ou les bords de Loire à Orléans.

Mais aussi le trop grand nombre de personnes dimanche soir à la mairie d’Orléans alors que les consignes de sécurité sanitaire avaient été plutôt bien respectées dans les bureaux de vote.

Alors que le printemps pointe le bout de son nez et nous donne des envies de nature, (quoique la météo aujourd’hui est plutôt maussade) nous devons au contraire nous cloîtrer et… nous occuper.

Nous pouvons donc d’ores et déjà écouter notre Président qui nous a conseillé hier soir dans son discours de revenir à l’essentiel et de lire.

Pour ceux qui aiment les bouquins comme moi et surtout qui en possèdent, facile, mais pour les autres ça va être un peu plus compliqué.

Mais tant qu’internet fonctionne, nous pouvons échanger, lire, jouer, chanter, nous amuser, rêver, mais aussi visiter virtuellement des musées, des villes…

Mais le plus important est de penser à toutes les personnes qui sont seules dans de petits appartements, dans des Ehpad, privés de visites, à la campagne loin de tout…

Le confinement qui nous est imposé va nous permettre de les appeler, leur parler, les écouter, rire aussi avec elles, bref retrouver paradoxalement le goût du vivre ensemble au moment précis où celui-ci nous est retiré.

Rue Royale Orléans couvre-feu © MG

Un an après, la situation semble figée puisque les services de réanimation des hôpitaux sont toujours très sollicités, avec des soignants souvent épuisés mais vaillants, que nous « oublions » toutefois d’applaudir en fin de journée.  Ils n’ont pourtant obtenu qu’une maigre augmentation à travers  un Ségur de la santé qui ne règle pas vraiment les problèmes de moyens et d’effectifs de l’hôpital public.

Un an après, nous sommes toujours assignés à résidence à partir de 18h avec le retour du confinement le week-end dans les départements où la pandémie flambe.

Un an après, nos aînés ont payé un lourd tribut à la maladie. Ainsi fin décembre 2020, les résidents en Ehpad représentaient 44% des décès Covid de l’année. Ils sont heureusement prioritairement vaccinés, avec à nouveau des sorties possibles pour les résidents des maisons de retraite dans leur famille. Toutefois cette décision est prise au cas par cas par les responsables de ces établissements.

Vaccination

Patiente de faisant vacciner au centre de vaccination de Fleury les Aubrais (Loiret) le 18 janvier 2020. ©Mourad Guichard

Un an après, les vaccins, mis au point très vite, apportent un espoir de sortie de la pandémie mais ils ne règlent pas tout. Ils ne protègent que des formes graves de la Covid, on ne connaît la durée de leur efficacité et donc ils ne nous permettront pas de sitôt d’oublier les gestes barrières et de pouvoir faire des bisous et des câlins à notre entourage.

Un an après, le masque est devenu « utile » et nous ne sommes pas prêts de l’enlever. Nous avons aussi appris que les masques à usage unique pouvaient être finalement lavés une dizaine de fois.

Un an après, les bars, restaurants, cinémas, théâtres, musées sont toujours fermés et l’on ne sait même pas quand ils rouvriront. Ce qui désespère le monde de la culture. Toutefois, les librairies sont bel et bien ouvertes et ne sont plus considérées comme « non essentielles ».

Lire aussi : Orléans, le monde de la culture se fait entendre

Un an après, le télétravail reste la norme avec une économie esquintée qui a mis sur le carreau quelques 800 000 salariés. Toutefois, l’économie numérique est la grande gagnante de cette pandémie notamment pour les plate-formes de livraison à domicile mais aussi pour les réseaux sociaux incapables de lutter contre les thèses complotistes même les plus farfelues, comme on a pu le voir le 7 mars 2021 dans la Fabrique du Mensonge sur France 5 et visible en replay.

Un an après, notre vocabulaire s’est enrichi de nouveaux mots essentiellement médicaux : covid-19, variants, masque FFP2, vaccin Pfizer, AstraZeneca, Moderna…

Lire aussi : Journal d’un confinement, le vocabulaire de la pandémie

Bref un an après, on a un mal fou à discerner quels contours aura le monde de demain car en plus d’une pandémie, l’humanité doit faire face en même temps à une crise économique et écologique sans précédent qui comme toujours frappe les plus faibles en premier.

Alors, malgré un moral en berne et de nombreuses personnes mentalement fragilisées, il nous faut garder malgré tout l’espoir d’un retour prochain à une vie meilleure car tant bien que mal la vie continue…sauf bien sûr pour les plus de 2,5 millions de morts à travers le monde dont les presque 90 000 victimes françaises de cette épidémie qu’il ne faudrait surtout pas oublier.

Sophie Deschamps

 

 

 

 

 

 

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