Orchestres de l’Orléanais : chacun son style mais la passion pour tous ! #9 l’Orchestre Symphonique d’Orléans

De nombreux orchestres symphoniques émaillent le paysage orléanais et font résonner le département de musiques riches et variées… Sauf en cas de pandémie où ils sont cruellement réduits au silence. Pour autant, ils existent et leur dynamisme perdure malgré ce contretemps majeur qui n’a rien de musical !

Magcentre se propose d’aller à la rencontre de ces formations, des plus prestigieuses jusqu’aux plus modestes, des plus anciennes jusqu’aux plus récentes, et d’explorer, pour vous lecteurs, les abîmes de recherche et d’expression que prend la musique symphonique sous les archets, souffles ou baguettes des musiciens, qu’ils soient amateurs ou professionnels.

Un défi en ces périodes de confinement ? Un pari au contraire et une évidence : pendant la crise, la musique et la vie continuent ! De belles rencontres et surprises nous attendent.

Aujourd’hui, L’orchestre Symphonique d’Orléans : bientôt centenaire et pas une ride !

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L’orchestre Symphonique d’Orléans en concert au théâtre d’Orléans, 2020 ©Michel Perreau

L’Orchestre Symphonique d’Orléans (OSO) est une institution. Mais une institution au bon sens du terme, c’est-à-dire un ensemble qui a une compétence reconnue, un ancrage géographique solide, un rayonnement qui dépasse les frontières locales et une histoire marquée par des personnalités et des événements. Car point de pesanteur dans cet orchestre qui marque la ville d’Orléans depuis le XVIIIe siècle !

L’histoire s’origine avec une académie de musique de 70 musiciens qui jouaient sous la direction de François Giroust (1738-1799). L’on peut ensuite citer César Franck (1822-1890) qui assurait la partie de pianiste accompagnateur aux concerts de l’Institut (une plaque commémorative figure dans le hall de ce bel édifice) Mais les débuts de l’orchestre en tant qu’entité à part entière se situent en 1921.

L’empreinte des chefs successifs

Plusieurs chefs ont marqué l’orchestre au fil des ans. A l’origine intimement lié au conservatoire de musique et composé essentiellement des professeurs, il est mené par René Berthelot, une figure orléanaise emblématique, (qui a même donné son nom à une rue d’Orléans !). Son successeur, Claude-Henri Joubert donnera à la formation un élan de jeunesse et de notoriété de 1972 à 1986. L’organe s’affranchit du conservatoire, se structure en Société des Concerts, devient Orléans Concerts et aujourd’hui Orchestre Symphonique d’Orléans.

L’empreinte de Jean-Marc Cochereau, chef depuis 1987 jusqu’à son décès en janvier 2011, (pendant une répétition, au moment de donner le départ de la Marche funèbre dans la troisième symphonie de Ludwig van Beethoven) est forte et durable.

Mais celle de Marius Stieghorst, aux commandes depuis six ans, a un fort impact sur la dynamique de l’orchestre.

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Marius Stieghorst dirige l’OSO avec frénésie et passion depuis 2014 ©Michel Perreau

Ce chef d’origine allemande réside près de Mulhouse « mais mon cœur est à Orléans » ? souligne-t- avec insistance. Il parle de l’orchestre, avec des qualificatifs d’ « investissement de chacun, grande énergie » et aime à évoquer les « compétences des musiciens qui peuvent être spécialisées -baroque, jazz, musique contemporaine.- lesquelles viennent enrichir l’orchestre ».

Pour Marius Stieghorst, cet orchestre est « un grand cadeau » Pour lui, chaque session est nouvelle, a son propre rythme et dévoile ses surprises. Ses propos sont jubilatoires et montrent l’énergie qui est la sienne à faire émerger le meilleur de la formation symphonique.

Les concerts et programmations

Chaque année, la programmation est riche. Des programmes renouvelés font la part belle à la « grande musique », où les grands compositeurs du répertoire alternent avec des découvertes, faisant se succéder sur la scène du théâtre d’Orléans les plus grands solistes. Lorsqu’on demande à Marius Stieghorst un de ses meilleurs souvenirs de concert, bien sûr il hésite, mais assez rapidement il évoque le concert du 11 novembre 2018, avec un programme commémoratif ponctué de films et évocations.

La saison 2020/2021 s’annonçait prometteuse, comme en témoigne la présentation faite par Jean-Dominique Burtin dans nos colonnes.

Le spectateur se faisait, entre autres, une joie d’entendre le concerto pour piano n°21 de Mozart avec, en soliste… Marius Stieghorst lui-même.

Las, la covid en a décidé autrement…

A côté de l’événement-concert, l’OSO développe de nombreuses activités en faveur du jeune public : Concerts en famille, animations scolaires, programme Demos (Dispositif d’Education Musicale et Orchestrale à vocation Sociale) en partenariat avec la philharmonie de Paris et la Ville d’Orléans. La volonté de créer des liens avec le public se traduit par des conférences ou des « avant concerts », où des éléments de compréhension sont proposés pour encore plus de plaisir musical.

La gestion : une « machinerie » impressionnante

L’organisation des concerts et des activités suppose une organisation et une anticipation conséquentes. Une association, présidée par Micheline Taillardat, en est un des moteurs. Elle travaille en étroite collaboration avec le chef pour faire vivre l’orchestre auprès des publics, des mécènes et des partenaires.

Des professionnels contribuent à cette bonne marche, travaillant à plein temps tout en distillant « une âme et un esprit » de l’orchestre.

Catherine Mounier, « La dame orléanaise au charme soyeux et pétillant » a assuré un rôle de gestion et de lien entre les différents acteurs de musique pendant près de 40 ans. Elle a été remplacée en 2020 par Benoît Barberon qui assure aujourd’hui cette fonction. Percussionniste, issu d’une famille de musiciens qui ont joué ou jouent encore dans l’orchestre, il a d’abord été assistant avant de prendre la responsabilité d’administrateur de l’OSO. Et grande est la diversité de la tâche !

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Benoît Barberon, administrateur de l’OSO et Natacha Larnaud, chargée de développement, dans les locaux de l’association, 6 rue Pothier à Orléans ©Anne-Cécile Chapuis

Il est en lien constant avec le chef d’orchestre, recrute les musiciens pour chaque session, établit les contrats, recherche et diffuse les partitions, gère le budget, la programmation, le planning des répétitions, des concerts et des salles.

Avec Natacha Larnaud, chargée de développement, il gère les abonnements, le contact avec les spectateurs, les liens avec les partenaires et la liste n’est pas exhaustive !

Il ne cache pas son plaisir à travailler pour l’OSO, avec les musiciens « compétents et enthousiastes » qu’il côtoie quotidiennement.

Aujourd’hui… et demain ?

Les retrouvailles entre l’orchestre et son public sont attendues de part et d’autre, avec le grand moment qui va avoir lieu en novembre 2021 : le centenaire de l’orchestre ! La programmation est en cours de finalisation. Elle devrait donner lieu à une pièce monumentale de 1921, célébrer des compositeurs orléanais, s’accompagner de petits concerts, expositions…Tout un programme encore tenu secret mais qui donne envie d’en savoir plus ! Le public sera partie prenante, un appel est lancé à tous ceux qui ont des documents, et Benoît Barberon a déjà reçu de belles pièces, y compris quelques « pépites » !

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L’OSO dans la salle Aimé Touchard du théâtre d’Orléans en 2020 ©Michel Perreau

La photo cidessus est symbolique de la période actuelle : les musiciens sont là, instruments en mains, prêts à jouer, mais ils ont pris la place des spectateurs dans la grande salle du théâtre d’Orléans… Ceux-ci sont absents et on s’attend à les voir déferler par les deux grandes entrées comme lors des soirs de concert où la salle ne désemplit pas pendant deux voire trois soirées consécutives… Aujourd’hui privés de ces rendez-vous avec « leur » orchestre, ils restent néanmoins mobilisés. Les abonnements ont été nombreux pour la période 2020/21 et, à l’annonce des annulations, 80% des abonnés ont fait don à l’association du prix de leurs billets ou opté pour un report sur la saison prochaine. Une belle preuve de fidélité et de confiance en cet orchestre qui rythme la vie musicale orléanaise depuis 100 ans !

Longue vie à cette belle institution qui tient la scène avec vigueur et inventivité, pour des rendez-vous de qualité et d’émotions partagées !

Anne-Cécile Chapuis

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