Entre 1998 et le printemps 2020, l’État, propriétaire de la cathédrale Saint-Étienne à Bourges, a consacré plus de 18 M€ aux travaux d’entretien, de restauration, de conservation et de valorisation de la cathédrale Saint-Étienne. Le monument berruyer va bénéficier de 1,7 M€ de crédits supplémentaires, au titre du plan de relance, qui viennent s’ajouter aux 4,5 M€ déjà budgétisés pour la tranche de travaux de 2020 à 2023.
Les gargouilles sont là, monstres imaginaires destinés à hanter les nuits des esprits faibles, près du jugement dernier de la porte principale. Par contre aucun Quasimodo à l’horizon. Pas d’Esméralda non plus, le jupon flottant dans l’air d’un Printemps de Bourges toujours en attente de décisions ministérielles. Quelques passants masques sur le nez arpentent cependant le parvis de cette cathédrale Saint-Étienne classée au titre des monuments historiques sur la liste de 1862 et inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco en 1992. Un échafaudage, deux échafaudages, des bâches et quelques panneaux d’informations à la mode des services de com’ de la fonction publique. Pas de clinquant, de l’efficace, du direct.
Le temps des cathédrales en ce troisième millénaire débutant est bien celui des travaux de rénovations et pas celui des constructions ! En février dernier, les représentants de l’État, Fabrice Morio, directeur régional des affaires culturelles Centre-Val de Loire, Jean-Christophe Bouvier, préfet du Cher et Simon Karleskind, sous-préfet à la relance pour la région Centre-Val de Loire, ont présenté le ” Plan de relance Patrimoine ” à la cathédrale de Bourges. Le ministère de la Culture, via la Direction régionale des affaires culturelles Centre-Val de Loire, a terminé de recenser les projets susceptibles d’être financés en 2021 et 2022. Le mandat prévoit, au total, 21,9 M€ dont 11,9 M € pour le « plan cathédrales » qui concerne Bourges, dans le Cher, Chartres, dans l’Eure-et-Loir, et Orléans, dans le Loiret.
Les échafaudages sont déjà en place
Certes la part accordée à Bourges est moindre avec 1,7 M€ mais « la cathédrale fait l’objet d’une programmation importante. Cela permet chaque année de mener à bien plusieurs opérations d’investissement. De 2020 à 2023, l’État a prévu d’investir 4,5 millions d’euros pour la poursuite de la restauration des toitures des bas-côtés, pour la restauration des baies hautes côté nord, pour la restauration de la couverture de la tour sud, pour l’adaptation des moyens de lutte contre l’incendie », estime les services de l’État. Ces derniers précisent qu’ « elle va bénéficier de crédits au titre du plan de relance à hauteur de 1,7 millions d’euros pour la restauration des toitures des bas-côtés Nord (travées 6 à 9), opération incluant la restauration et le doublage des verrières des baies hautes ». Des opérations qui ont d’ores et déjà débuté. Une partie des échafaudages est en place et des bâches de protection ont été tendues, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur du monument. Cela n’empêchera pas, dès la semaine prochaine, une équipe de cinéma de venir tourner, durant plusieurs jours, nombre de plans du prochain film du réalisateur Jean-Jacques Annaud « Notre dame brûle ». Ce dernier s’est lancé dans un projet événement consacré à l’incendie de Notre-Dame de Paris et comme la cathédrale de Bourges ressemble pour beaucoup à celle de Paris… Sans confirmation, la rumeur dit même que les architectes étaient sinon compagnon de chantier, du moins se connaissaient !
Ceci étant, alors que la dernière campagne de travaux remontait à 1887, depuis le début du XXIe siècle les opérations de rénovations se sont additionnées sur la cathédrale, un des chefs-d’œuvre de l’architecture gothique. Les cinq portails de la façade ouest, le portail sud et le portail nord, tous précieusement sculptés, ont été restaurés de 2001 à 2011. Ces chantiers ont permis de redécouvrir d’importants vestiges de la polychromie d’origine et d’identifier avec précision les interventions opérées au XIXe siècle en particulier par le sculpteur Caudron. La totalité de la statuaire exceptionnelle est aujourd’hui restaurée. Cependant ces structures nécessitent toujours une grande attention. Voilà quelques jours de petites pierres sont tombés au cœur du portail sud. Un autre plan de relance des cathédrales ne sera vraiment pas mal vu par les amateurs de vieilles pierres.…
Fabrice Simoes