Le plastique n’est plus fantastique

« Plastic or not plastic : comment réduire notre empreinte écologique sans mettre en danger notre sécurité alimentaire ? » C’était le thème du débat virtuel proposé ce jeudi 18 février par l’Openagrifood qui a lancé en janvier l’évènement « Les Alim’engagés ».

Les légumes restent souvent emballés dans du plastique en supermarché © SD

C‘est un débat de haute tenue qui s’est tenu le 18 février via Zoom et Facebook autour des enjeux des emballages plastiques dans l’alimentation. Une quarantaine de personnes, citoyens engagés, responsables de la grande distribution et industriels de l’agroalimentaire habitant ou travaillant dans l’agglomération orléanaise ont ainsi pu s’exprimer de façon sereine, précise et concise sans être interrompues ni agressées, comme on le voit trop souvent de nos jours sur certains plateaux télé. Un évènement baptisé « Les Alim’engagés » proposé par l’Openagrifood, grand-messe de l’agroalimentaire et de la grande distribution, créé en 2014. Sa directrice Florence Dupras a été très claire juste avant le débat en précisant que « ces échanges ont pour but de faire circuler la parole entre les diverses parties prenantes afin de trouver des solutions mais sans recherche de consensus. »

Un quizz informatif et interactif

Deux petits films ont permis en préambule de poser les enjeux autour de l’utilisation du plastique (emballages et contenants). On y apprend ainsi que sur 5 millions de plastique utilisé en France chaque année, 3,5 finissent en déchets. D’où l’urgence à trouver des alternatives et des solutions face à la volonté du parlement français d’interdire progressivement le plastique à usage unique d’ici 2040. Des alternatives émergent d’ailleurs peu à peu : l’achat en vrac, shampooings et dentifrices solides, utilisation de bocaux et de bouteilles en verre et de sac en papier ou en tissu… et l’enjeu est de taille puisqu’en France 58 % des unités d’emballages ménagers sont aujourd’hui en plastique et représentent annuellement 100 milliards d’unités, soit 1,2 millions de tonnes de plastique par an.

Un quizz a ensuite permis de donner des chiffres et de rétablir quelques vérités, notamment ceci :

  • Nous jetons individuellement en moyenne par an 86 kg d’emballages plastique.
  • Les emballages plastique représentent 35% du marché total de l’emballage.
  • Le plastique met 450 ans à se dégrader dans la mer.
  • Le bilan carbone d’une bouteille en verre s’élève à 345 grammes de CO2, contre 129 grammes pour le plastique. Toutefois le verre utilisé dans le secteur alimentaire est recyclé à 75% quand le plastique ne l’est qu’à 22%.

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Accord autour du plastique à usage unique

Face à cette problématique, tous les participants au débat, citoyens et acteurs de la filière alimentaire ont admis que le problème majeur est aujourd’hui celui du plastique jetable et à usage unique, en rappelant que les alternatives existent. Jules Vagner du collectif Orléans zéro déchets a toutefois indiqué que « ce sera plus efficace si les marques (de l’agroalimentaire) s’impliquent ». Un point de vue partagé par les industriels qui rappellent toutefois l’importance « de garantir la sécurité et l’inviolabilité des produits, surtout en temps de Covid ».

Pour les distributeurs la solution consiste à « produire des plastiques plus durables, faciles à trier ou employer d’autres matériaux » tout en pointant les freins à cette conversion à cause de « la nécessité de reconvertir les emplois et de revoir les chaînes de production ». Même son de cloche pour la grande distribution selon laquelle « il y aura toujours du plastique mais plus durable et recyclable avec une perspective d’économie circulaire d’ici dix ans ». L’idée a aussi été émise qu’il faut penser l’emballage de façon globale de sa création à sa fin de vie. Il est en revanche amusant de noter que personne n’a mentionné au cours du débat l’interdiction totale depuis 2017 des sacs plastique en caisse dans les supermarchés. Quatre ans après, ce n’est donc plus un sujet.

Désaccord autour du retour de la consigne pour le verre

Pour Emmanuel Vasseneix, président fondateur de l’Openagrifood et PDG de la laiterie de Saint Denis de l’Hôtel, « une solution serait la mise  au point d’une bouteille de lait en plastique 100% recyclable, mais pour l’instant nous n’arrivons pas à trouver les matières premières” . Il a en revanche un avis mitigé sur le retour de la consigne des bouteilles en verre plusieurs fois évoquée au cours des échanges. Pour lui «c’est une fausse bonne idée à cause de leur transport qui mettraient de nombreux camions sur les routes. » Une idée défendue toutefois par un restaurateur orléanais qui dans sa vente à emporter fournit à ses clients des contenants en verre consignés. Selon lui, « il suffirait de rapporter les bouteilles en verre dans les supermarchés. Les camions de livraison pourraient ensuite les prendre en charge et en prime ne repartiraient pas à vide. »

Sortir d’une société du plastique

 Les participants ont aussi été nombreux à admettre que le meilleur emballage plastique est celui qui n’existe pas et qu’il est de notre responsabilité de consommateurs de les éviter. Comme l’a très bien expliqué Mathis, citoyen engagé participant : « En 2050, il y aura plus de plastique que de poissons dans les océans. Les efforts on est obligés de les faire, en achetant local pour réduire les emballages, ajoutant qu’on se débrouillait bien avant sans le plastique. »

Mais beaucoup ont insisté sur le fait qu’il ne s’agit pas de revenir en arrière sur l’air du « c’était mieux avant » mais plutôt de bien réfléchir à nos actes d’achat. En effet, même si c’est très pratique, est-il vraiment indispensable d’acheter de la salade coupée sous plastique, ou des avocats suremballés quand ils sont disponibles, à l’unité, juste à côté ?

Il est facile de choisir des avocats en vrac plutôt que suremballés © SD

Cela implique aussi de réapprendre à concocter de bons petits plats et de laisser de côté le plus possible les plats cuisinés.

Une transition à mener ensemble

Des échanges riches et constructifs qui rappellent que les solutions alternatives au plastique dans l’agroalimentaire doivent être élaborées de façon collective et collaborative où chacun a un rôle à jouer, avec la certitude définitive que le plastique n’est plus du tout fantastique.

Sophie Deschamps

Vous pouvez écouter les débats sur le bio et le plastique sur la page des Alim’engagés

Les prochains débats ouverts à tous auront lieu toujours via Zoom et Facebook de 18h à 19h30 :

Le jeudi 18 mars : La PAC (politique agricole commune), frein ou accélérateur de la transition alimentaire ?

Le jeudi 22 avril : Les frontières du local : commune, département, région, France ou Europe ?

Le jeudi 20 mai : Bien-être animal : à quels renoncements sommes-nous prêts ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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