Voici, à huis-clos, mais animé par le sens du partage avec le plus grand nombre, un concert magnifique et de ceux que les Matinées du piano d’Orléans ont l’habitude de présenter ponctuellement le dimanche à la salle de l’Institut. Ce nouveau rendez-vous offrait aux mélomanes, via la vidéo, un programme réunissant deux monuments de la musique pour piano, à savoir les Variations et fugue de Brahms sur un thème de Haendel, et la Fantaisie opus 17 de Schumann.
Théo Fouchenneret à l’Institut. Photo: Patrick Nachbaur.
Ce sont en fait les deux pièces de deux êtres unis dans l’amour d’une femme, Clara. “Cette écriture est d’une bravoure et d’une écriture symphonique exceptionnelle, faite tour à tour de passion, d’exubérance, de romantisme et que le pianiste Théo Fouchenneret a su interpréter avec toute l’intelligence et la virtuosité nécessaire que réclament ces chefs d’œuvre” exprime avec une perspicacité sensible et savante un mélomane auditeur.
Entre ces deux pièces d’une demi-heure chacune, Théo Fouchenneret interprète une pièce de Denisov, pleine de grâce et de légèreté qu’il déplie
“comme un ruban de dentelles” nous dit encore notre mélomane averti. A présent, pour se convaincre de tout cela, il n’y a plus qu’à écouter ce beau concert sur YouTube avec ce lien :
https://youtu.be/10db3UnWQv8
Magnifique note d’intention
Par ailleurs, animé du pur respect du geste des artistes invités, Orléans Concours International aime à donner la parole à ses interprètes invités. Voici, par conséquent, de manière non exhaustive, la précieuse et sensible note d’intention écrite par Théo Fouchenneret : “Ce concert est ouvert à plusieurs lectures. La musique peut à la fois être le miroir déformant des sens, d’une tradition ou d’une intériorité. La Fantaisie de Schumann, initialement intitulée Sonate pour Beethoven, s’appuie sur les mêmes références que Brahms. Cette œuvre se déploie comme un gigantesque élan amoureux, véritable miroir de l’âme et d’une intériorité tourmentée. Le compositeur écrit à Clara, sa bien-aimée et plus tard sa femme : le premier mouvement est probablement ce que j’ai fait de plus passionné, une profonde lamentation à ton endroit. La partition fait transparaître le désespoir d’un compositeur dévasté par cet amour impossible.
Les Reflets de Denisov se font une place à part, loin de la monumentalité de Brahms et des tourments schumaniens. Cette œuvre, autour de laquelle le programme est concentré, rend audible ce à quoi le titre renvoie explicitement. Les Reflets de Denisov mettent en musique des acceptions plurielles : ils sont synonyme d’irisation, de miroitement, d’illusion, d’éclat, d’effets de lumière, de sonorités et de matières qui se dérobent pour ressurgir avec intensité. Toute l’œuvre est en mouvance, en tension entre une écriture mesurée et l’illusion d’irrégularité qu’elle suscite chez l’auditeur. Ces reflets sont aussi ceux d’une eau trouble, d’un écoulement continu où le temps distendu ouvre les sonorités à tous les possibles.”
Ainsi le verbe et la musique vont une nouvelle fois merveilleusement de concert.
JDB
Matinées du piano Théo Fouchenneret: https://youtu.be/10db3UnWQv8
Accueil