De nombreux orchestres symphoniques émaillent le paysage orléanais et font résonner le département de musiques riches et variées… Sauf en cas de pandémie où ils sont cruellement réduits au silence. Pour autant, ils existent et leur dynamisme perdure malgré ce contretemps majeur qui n’a rien de musical !
Magcentre se propose d’aller à la rencontre de ces formations, des plus prestigieuses jusqu’aux plus modestes, des plus anciennes jusqu’aux plus récentes, et d’explorer, pour vous lecteurs, les abîmes de recherche et d’expression que prend la musique symphonique sous les archets, souffles ou baguettes des musiciens, qu’ils soient amateurs ou professionnels.
Un défi en ces périodes de confinement ? Un pari au contraire et une évidence : pendant la crise, la musique et la vie continuent ! De belles rencontres et surprises nous attendent.
Aujourd’hui : Orchestre symphonique Les Violons d’Ingres
C’est l’orchestre amateur le plus ancien de l’agglomération orléanaise. En effet, sa création remonte à 1980, sous l’impulsion de Philippe Gabez (actuel chef de l’orchestre Opus 45). Son concept était à la fois très simple et très original : ouvrir un espace symphonique aux musiciens amateurs, quel que soit leur niveau, et guidés par une volonté de partager la musique d’ensemble.
L’orchestre Les Violons d’Ingres sous la direction d’Olivier Petit. ©Gilles Bakkaus
Et cette histoire dure depuis plus de 40 ans. Les chefs se sont succédé (on en compte neuf, avec des périodes d’exercice allant de un an à une douzaine d’années). Chacun a su impulser un style, avec des choix de programmes diversifiés, mais la passion et la convivialité restent des constantes de cet ensemble sympathique.
Un esprit Violon d’Ingres
Quels que soient les interlocuteurs, qu’ils soient musiciens de l’orchestre, chefs, membres du conseil d’administration ou même simples spectateurs, un maître mot s’impose, celui de Plaisir. C’est d’ailleurs clairement affiché sur la photo d’ouverture du site internet : « Orchestre symphonique amateur hautement motivé par le plaisir de partager la musique. » Il règne aux Violons d’Ingres une ambiance joyeuse où chacun est accueilli avec ce qu’il est et où la convivialité est de mise, au service et au-delà de la musique.
Aurélie Berlu, une cheffe engagée
Aurelie Berlu, chef d’orchestre, assure la direction des Violons d’Ingres depuis 2019. ©Nathalie Bainard
La jeune cheffe d’orchestre qui a pris la baguette, il y a bientôt deux ans, est très impliquée. Trompettiste de formation initiale, elle connaît bien les Violons d’Ingres pour y avoir joué en tant que trompettiste puis soliste. Lorsqu’elle a dû, pour raisons de santé, se détourner de la trompette, elle s’est passionnée pour la direction, discipline qu’elle pratiquait depuis l’âge de 17 ans et pour laquelle elle s’est formée aux conservatoires de Tours et d’Orléans. Et quand un recrutement s’est ouvert aux Violons d’Ingres, elle est revenue, avec plaisir, vers cette formation qu’elle connaît bien et où elle s’est toujours sentie bien.
Elle a alors développé son style, proposant un répertoire adapté à l’ensemble et à ses sensibilités. Elle aime le classique mais aussi les musiques de film, l’univers Disney, et sait mettre ses compétences à contribution pour les rendre accessibles à l’effectif et capacités des Violons d’Ingres. Elle explique ses choix en pensant aussi au public qui « aime quand il entend des musiques qu’il reconnaît ».
Actuellement, elle réalise des arrangements sur le Carnaval des animaux de Camille Saint-Saens, et a repris le programme Le silence de l’opéra, concocté par son prédécesseur Olivier Petit.
Une originalité : un concert doublé en langue des signes
Une démarche vers les publics malentendants a été initiée par les Violons d’Ingres. Une rencontre avec l’Institut des Jeunes Sourds de Saint-Jean-de-la-Ruelle, l’intervention d’une interprète langue des signes, ont permis l’accès des malentendants à la musique. C’est original et les personnes concernées sont, parait-il, ravies d’« entendre » la musique qui vient vers elles, en ressentant les vibrations et s’appropriant la musique grâce à la présentation en langue des signes…et grâce aux échanges avec les musiciens !
Concert à La chapelle St Mesmin, direction Aurélie Berlu. ©Nathalie Bainard
Les nombreux projets de l’orchestre, dont l’agenda 2021 était très rempli, sont hélas en sommeil aujourd’hui, covid oblige. Mais l’esprit et la chaleur du groupe sont intacts. Aurélie Berlu, qui insiste en disant qu’elle « n’a jamais connu ça ailleurs » en termes de contact et confiance, se sent « manager » de l’orchestre. C’est bien plus qu’une fonction de direction.
Et en cette triste période de silence obligé, les voix de l’orchestre continuent à se faire entendre. Une chaîne de messages a été lancée : chaque musicien est invité à y laisser un souvenir, une anecdote, un ressenti… sur son expérience aux Violons d’Ingres. Et cela fonctionne en mode fortissimo ! À quand la publication des mémoires des violons d’Ingres ?
Cette force du plaisir, de la motivation et de l’engagement constitue un atout majeur pour cette formation qui tient la route depuis plus de quarante ans et n’est pas prête à s’arrêter là ! À bientôt donc, en espérant sur scène le « plaisir » communicatif des Violons d’Ingres !
Anne-Cécile Chapuis
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