À Orléans, la solidarité entre commerçants, ça eût payé, comme en témoigne la déconvenue subie par Sonia Alves, propriétaire du restaurant Le Bidule. Alors qu’elle prêtait gracieusement sa terrasse à de jeunes entrepreneurs en panne d’activité pour que ces derniers puissent vendre des crêpes, du vin chaud et du café, les services municipaux lui sont tombés dessus au motif qu’elle sous-louait sans autorisation cet espace, propriété de la ville.
La terrasse du restaurant orléanais Le Bidule prêtée gracieusement à La Fabrique. ©Mourad Guichard
« Cette activité attirait du monde et rendait attractifs les commerces alentours, explique la restauratrice Sonia Alves, par ailleurs vice-présidente du syndicat GNI (Groupement national des indépendants). Quand les gens du quartier ont appris cette obligation de fermer ma terrasse, ils ont été outrés ! ». Si l’espace ainsi occupé est bien propriété de la ville, elle était propriétaire du mobilier qu’elle mettait gracieusement à la disposition d’autres commerçants.
L’intéressée a donc été informée par téléphone qu’elle devrait prochainement comparaître devant une commission municipale et qu’elle pourrait se voir retirer sa terrasse pour une durée indéterminée. Peu encline à se laisser malmener, Sonia Alves a tapé du poing sur la table et exigé réparation. « Pourquoi ne pas nous louer, aux jeunes et à moi-même, un chalet ? Il y en a bien devant d’autres commerces de la ville », questionne-t-elle.
Un chalet place du Châtelet ?
Contactée par Magcentre, la mairie n’a pas immédiatement donné suite. Mais, par miracle, en fin de semaine dernière, les services municipaux ont assuré à la restauratrice que les jeunes entrepreneurs auraient bien un chalet place du Châtelet et, qu’à la condition de retirer le barnum de son actuelle terrasse, elle pourrait également en bénéficier. Ce jeudi 21 janvier après-midi, le barnum était bien démonté mais toujours aucune nouvelle quant à l’installation des fameux chalets.
Questionnée de nouveau par Magcentre en fin de journée, ce jeudi, la mairie répond enfin : « Il n’est en aucun cas de l’intérêt de la Ville d’Orléans de l’empêcher de travailler mais c’est une question d’application de réglementation, et son stand ne correspondait (pas) à la charte des conventions. » Avant de confirmer nos informations : « Le service commerce travaille actuellement pour, en effet, lui permettre (…) d’utiliser un chalet qui lui serait mis à disposition gratuitement, comme cela se pratique en ce moment sur d’autres sites, et donc de correspondre à la réglementation des terrasses en vigueur ». Donc, dossier en attente.
Cette mésaventure, qui aurait pu se régler assez simplement, est d’autant plus surprenante que Serge Grouard, maire LR d’Orléans, semble prendre à cœur la cause des commerçants orléanais. Ainsi, le 24 novembre 2020, sur le plateau de L’heure des Pros, l’émission de Pascal Praud (CNews) – où se croise tout le gratin du Café du Commerce et où le maire a désormais son rond de serviette – il est au bord des larmes, espérant que « ses » commerçants n’en viennent pas au pire : « Sur Orléans, j’ai plus de 1000 commerces. Ils sont pratiquement tous fermés. Je les ai tous les jours au téléphone (…) Et vous savez ma crainte ? C’est qu’il y en ait un que je n’ai plus au téléphone ».
La position de l’édile orléanais confirme le vieux travers des politiques locaux aux ambitions à peine voilées. Voulant accéder à des fonctions nationales, ces derniers exploitent à l’envi leur expérience locale pour disserter sur les plateaux TV des chaînes parisiennes et, une fois rentrés au pays, appliquent le contraire. Comme dans cette affaire de plateforme Emarket45 lancée par un commerçant orléanais dont le concept a subtilement été plagié par la mairie. Aujourd’hui, son initiative peine toujours à décoller au point que l’intéressé a dû se tourner vers son ancienne activité.
Mourad Guichard