De nombreux orchestres symphoniques émaillent le paysage orléanais et font résonner le département de musiques riches et variées… Sauf en cas de pandémie où ils sont cruellement réduits au silence. Pour autant, ils existent et leur dynamisme perdure malgré ce contretemps majeur qui n’a rien de musical !
Magcentre se propose d’aller à la rencontre de ces formations, des plus prestigieuses jusqu’aux plus modestes, des plus anciennes jusqu’aux plus récentes, et d’explorer, pour vous lecteurs, les abîmes de recherche et d’expression que prend la musique symphonique sous les archets, souffles ou baguettes des musiciens, qu’ils soient amateurs ou professionnels.
Un défi en ces périodes de confinement ? Un pari au contraire et une évidence : pendant la crise, la musique et la vie continuent ! De belles rencontres et surprises nous attendent.
Aujourd’hui l’Ensemble orchestral Confluence
Depuis 1994, l’association musicale Confluence réunit, tous les lundis soir, environ 40 musiciens (cordes, vents, percussions) passionnés par la musique symphonique. Parmi eux, et c’est là l’originalité de Confluence, les trois quarts sont des amateurs, les autres des professionnels. Bien malin qui les reconnaîtra en concert ! Tous sont motivés et animés par la même passion, celle de la musique symphonique.
Un projet original
Dès le projet de départ, construit et conduit par Pascal Frémaux, chef d’orchestre, la volonté de faire se rencontrer deux logiques ordinairement bien séparées – pour ne pas dire clivées – entre professionnels et amateurs, est affirmée et argumentée : les amateurs apportent leur dynamisme, leur désir de progresser et les professionnels apportent leurs compétences musicales et pédagogiques.
Et l’alchimie fonctionne depuis plus de 25 ans. L’on s’aperçoit même que ceux qui reçoivent le plus ne sont pas forcément ceux à qui l’on pense. Bien sûr les amateurs reçoivent les conseils et appuis des professionnels mais ces derniers trouvent à Confluence une atmosphère, un engagement, une dynamique de musique vivante qu’ils apprécient et savent repérer comme un « plus » pour la musique d’ensemble.
Un répertoire qui sort des sentiers battus
La musique symphonique est vaste et le choix des œuvres au programme chaque année est subtil. Il faut concilier des œuvres adaptées à la formation symphonique, accessibles aux musiciens et intéressantes pour le public. Dans ces « ingrédients » intervient aussi la sensibilité du chef d’orchestre, ses goûts musicaux, ses intérêts.
En l’occurrence, Pascal Frémaux aime à sortir des sentiers battus. Lui qui est tombé dans la musique dès son plus jeune âge, encouragé par son père le célèbre chef d’orchestre Louis Frémaux, (qui a fait une carrière internationale et à qui l’on doit des enregistrements de référence), il a développé une appétence particulière pour la musique des XXe et XXIe siècles.
Ainsi, de beaux concerts consacrés à la musique française (Fauré, Rabaud…) ont résonné à côté des plus grands symphonistes (Mozart, Schubert, Beethoven…) et quelques trouvailles inédites. À une époque où les pratiques amateurs étaient subventionnées par la Région, des commandes ont pu être passées à des compositeurs pour des créations sur mesure (Carlosema, Regnier, Werken…). Récemment, un concert consacré à Maurice Journeau à l’église Saint-Marceau a enthousiasmé les nombreux spectateurs présents et ravis de s’ouvrir à de belles musiques méconnues.
La convivialité
La régularité des répétitions hebdomadaires entraîne un esprit de musique Amateur au sens premier du terme. Chacun vient pour le plaisir, donne le meilleur de lui-même, s’engage dans les projets musicaux et participe aux tâches matérielles ou administratives de l’association.
L’âme du chef d’orchestre
Pascal Frémaux est l’âme de Confluence. Instigateur du projet en 1994, il insiste sur la place nécessaire de chacun, avec ce qu’il est, et la « reconnaissance » d’un rôle spécifique à prendre en compte. À ce titre, les professionnels sont régulièrement rémunérés et déclarés et les amateurs sont inscrits dans une logique de stage.
Lorsqu’on lui demande de parler de Confluence en quelques mots, au-delà de la mission impossible, il valorise la « pâte sonore » qu’il pétrit depuis de nombreuses années, le « style », avec la recherche d’une expressivité fidèle au compositeur et à son époque, le « phrasé » un mot magique qui va bien au-delà de la technique (laquelle est pour autant fondamentale pour que l’orchestre sonne juste)
Notons au passage les présentations lors des concerts ou des projets en milieu scolaire, qui font lien entre l’orchestre et le spectateur, dans lesquelles Pascal Frémaux excelle. Son côté pédagogique (il est Formateur en Education Musicale à l’université d’Orléans-Tours) allié à un humour plein de finesse et de facéties (serait-ce parce qu’il est né un 1er Avril !) offrent à l’auditeur un chemin facilité vers la musique symphonique.
Les projets
N’épiloguons pas sur la période actuelle où tout est « gelé » dans l’attente des printemps qui chantent. Les projets persistent avec la préparation de la très belle symphonie n°1 de Camille Saint-Saëns. Par ailleurs, et c’est aussi une caractéristique de Confluence, un recrutement de chef invité est en cours. Régulièrement, la baguette est proposée pour une période déterminée à un chef extérieur. L’intérêt est triple : pour le chef en question qui, souvent en début de carrière, peut faire ses apprentissages de direction, pour les musiciens qui vont rencontrer de nouvelles pratiques et idées musicales, pour le chef en titre qui reste directeur musical et qui va entendre son orchestre différemment, bénéficier des apports d’un autre conducteur.
Pour résumer Confluence, c’est « raconter une histoire » toujours différente lors de chaque concert en fonction du programme proposé. C’est aussi l’histoire d’une belle aventure qui fait se rencontrer des musiciens « de tout poil » depuis 25 ans. Nous attendons avec impatience les prochains épisodes !
Anne-Cécile Chapuis
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