Les activités liées à la production d’électricité nucléaire, en plus de leur faible impact carbone, ont un poids économique fort dans notre région qui concentre 12 000 emplois dans ce secteur. C’est ce que révèle une série d’études régionales, les premières de cette ampleur, réalisées dans le cadre d’un partenariat entre la Préfecture de région, l’INSEE Centre-Val de Loire et EDF présentée le 12 janvier dernier.
En France, l’énergie nucléaire est la 1ère source de production d’électricité et représente 75 % du mixte énergétique. Avec quatre centres nucléaires de production d’électricité ou CNPE (Chinon, Dampierre-en-Burly, Belleville-sur-Loire et Saint-Laurent-des-Eaux) regroupant 12 réacteurs en activité, un centre d’ingénierie (Tours) et une agence de maintenance thermique (Montargis), la région CVL est la 2e région française et produit 1/5e de l’électricité de notre pays.
Pour mieux appréhender ce poids économique, EDF et l’INSEE ont réalisé 4 études touchant les 4 CNPE et une synthèse régionale. Ce travail, unique en France, apporte des données socio-économiques de 1er plan. On apprend ainsi que les sites EDF emploient directement 6 200 personnes auxquelles s’ajoutent 2 300 emplois indirects chez les fournisseurs et sous-traitants tandis que 3 300 emplois supplémentaires sont générés par la consommation des salariés occupant ces emplois directs et indirects et leurs familles. Au total, EDF fait ainsi vivre 31 500 personnes dans la région.
Dans le détail, c’est le CNPE de Chinon qui est le plus important en nombre d’actifs (1 700 salariés et 10 500 emplois induits) devant Dampierre (1 500 et 9 100), Belleville (880 et 6 000) et Saint-Laurent-des-Eaux (870 et 5 000).
Les 2 300 emplois indirects se répartissent dans un millier d’établissements qui reçoivent des commandes liées à l’activité nucléaire nationale d’EDF. Les 100 premiers d’entre-eux représentent 95 % des emplois indirects et les 10 premiers, parmi lesquels Orano, Vinci, Engie ou ONET, 65 %. Ils se situent très majoritairement en Indre-et-Loire (métropole de Tours et à proximité du CNPE de Chinon) et dans le Loiret.
Ils recouvrent principalement des activités industrielles dans 5 domaines : réparation et installation de machines et d’équipements, soutien et logistique, architecture et ingénierie, fabrication de produits métalliques et travaux de construction spécialisés.
Le Grand Carénage une opportunité pour les PME régionales
Pour permettre la prolongation de la durée de fonctionnement des CNPE au-delà de 40 ans, l’Etat a lancé un vaste plan de rénovation des 56 réacteurs en service baptisé Grand Carénage pour lequel il consacre 45 Mrds d’€. Les chantiers concernent prioritairement la sûreté, le remplacement de gros composants (alternateurs, turbines …) et la rénovation du contrôle de commande.
L’étude montre cependant que notre région ne tire pas assez profit de la présence d’EDF. Pour les cinq principales activités, les sites régionaux passent ainsi une grande partie des commandes à des fournisseurs installés dans d’autres régions. Il y a aurait ainsi un potentiel de 1 700 emplois supplémentaires dans ces secteurs.
Jean-Paul Combémorel EDF
« Nous souhaitons accroître la part des entreprises régionales dans le total des commandes qui est actuellement de 25 % pour le faire passer à 50 %. Notre volonté est que la présence industrielle d’EDF soit porteuse de plus de développement économique local et d’emplois » a déclaré Jean-Paul Combémorel, délégué régional d’EDF en Centre-Val de Loire.
Dans le contexte de crise, le Grand Carénage, qui a déjà touché le CNPE de Belleville en 2019 et va concerner Dampierre cette année, est donc une opportunité pour les entreprises de développer leur chiffre d’affaires. Rappelons que grâce à la plateforme ccibusiness.fr, les entreprises intéressées peuvent se manifester auprès des prestataires de rang 1 d’EDF, identifier tous les marchés à pourvoir grâce à des fiches détaillées, accéder aux formations ou participer à des business meeting.
A la recherche de compétences
Le manque de compétences constitue cependant un frein comme le déplore l’étude. On sait en effet que de nombreux métiers de l’industrie (techniciens de maintenance, soudeurs, électrotechniciens …) sont peu prisés des candidats malgré un bon niveau de rémunération et un statut cadre dans 55 % des cas.
EDF s’est donc rapproché des services de l’Etat et de la région pour mettre en place des formations permettant à des demandeurs d’emploi d’accéder aux postes proposés. L’entreprise publique travaille également étroitement avec l’association PEREN basée à Avoine qui promeut l’emploi dans le secteur nucléaire (92 entreprises adhérentes).
« Les salariés du secteur aéronautique, actuellement en difficulté, peuvent aussi se reconvertir dans les métiers du nucléaire. Les sites d’EDF apportent à leurs territoires un emploi industriel qualifié stable et des revenus élevés. C’est important pour notre région de conserver ses compétences et de fidéliser les salariés » a insisté Jean-Paul Combémorel.
Jean-Luc Vezon