L’horticulture aussi fait sa smart révolution

Recherche et développement, accompagnement technique, productions de végétaux à principes actifs, aide aux nouvelles pratiques numériques… À Saint Cyr-en-Val (Loiret), l’innovation se joue sous les serres. Station d’expérimentation depuis plus de 20 ans, le Comité de développement horticole de la région Centre (CDHR) lance des travaux de recherche et teste de nouvelles pratiques qu’il diffuse auprès des professionnels de la filière pour imaginer l’horticulture de demain. Focus.

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Le CDHR a été créée vers 1960 à l’initiative de la filière pépiniériste et horticulture de la région.©CDHRC

Au cœur d’un hectare et demi de serres en verre, de tunnels plastiques, d’abris chauffés ou non, et d’aires de culture pleine terre et hors sol, Olivier Yzèbe, chargé de mission R&D, et Coralie Petitjean, conseillère spécialisée en horticulture et pépinière se font la main sur un nouvel outil en test depuis mi-décembre. Dans deux serres – une chauffée à 16 degrés, une autre sous un tunnel plastique ouvert et non chauffé – ils ont installé deux sondes équipées de capteurs de température et d’hygrométrie. « Ces capteurs relèvent régulièrement des données et transmettent, via une plateforme en ligne et un réseau sans fil, toutes les trente minutes une mesure moyenne à un ordinateur, explique Olivier. Un seuil a été défini et dès que la température ou l’hygrométrie chute ou augmente trop, une alerte est envoyée sur le téléphone portable ou le mail. » 

Un outil prédictif et anticipatif

Signée en novembre 2020, un partenariat d’innovation numérique a été signé entre le CDHR du Centre et l’opérateur Orange pour effectuer des mesures environnementales qui permettent de suivre et de réguler le climat dans les serres. Le but ? « Proposer une solution pour visualiser en temps réel ce qui se passe dans les serres, résume Sophie Bresch, directrice de la station. Prévenir par exemple un producteur d’un risque de gèle dans une serre pour qu’il vienne installer un voile d’hivernage sur les végétaux. C’est avoir un œil sur ce qui se passe sans y être ! »

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En test au CDHRC, ces capteurs de température et d’hygrométrie illustrent le développement du numérique dans la filière horticole. ©EB

Plus encore, c’est aussi un gain de temps, une sécurité et une réduction de coûts pour le producteur : « Ces capteurs embarquent de petites batteries du commerce qui permettent de passer d’une gamme à des milliers d’euros à une échelle bien plus petite, sans compter l’économie de dizaines voire centaines de mètres de câble grâce au réseau sans fil », assure Matthias Herman du service Business Développeur d’Orange ajoutant que « ce dispositif est un outil qui accompagne les instituts techniques comme le CDHR vers la transition écologique en comprenant mieux leurs cas d’usage et les problématiques d’un secteur ». 

Sur le front de l’innovation

Imaginer et optimiser l’horticulture de demain par la recherche appliquée, l’innovation et l’exploration de nouvelles méthodes de production, voici le quotidien des six permanents du CDHR. Recyclage des intrants et des rejets dans l’environnement, réduction des apports en eau et des produits phytosanitaires, développement de techniques alternatives aux produits de synthèse et phytos, productions hors sol de plantes bio… « Ici, on imagine, on teste de nouvelles méthodes avant de les diffuser à nos adhérents pépiniéristes et horticulteurs de la région », précise Sophie Bresch, directrice du CDHR Centre, membre de l’institut tehnique de l’horticulture ASTREDHOR.

Ainsi le paillis en pot de miscanthus broyé, local et mécanisable, remplacerait les coques de cacao pour éviter l’utilisation d’herbicide. La PBI (Protection biologique intégrée) par conservation permettrait un retour naturel des insectes par la plantation de haies diversifiées ou de plantes fleuries capables de nourrir des auxiliaires et de favoriser leur reproduction « contrairement à la PBI qui nécessite l’achat d’auxiliaires que l’on relâche dans la nature comme les coccinelles mangeurs de pucerons ».

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Le CDHR développe des systèmes de culture aéroponique comme ici les racines de la Coleus forskohlii. ©CDHR

Ou encore la production de végétaux pour l’industrie (extraction des métabolites, molécules produites par les végétaux) comme l’armoise dont l’artémisinine est un antipaludique pour la pharmacie ou la Coleus forskohlii dont les travaux de recherche sont menés depuis huit ans. « Cette plante, qui pousse en Inde, possède des propriétés antioxydantes produites dans sa racine par la forskoline. Cette molécule intéresse l’industrie cosmétique », explique la directrice. Son système de production sur radeaux, en bassin en circuit fermé, ou en aéroponie a été validé. « Un produit français, sans phytos et économiquement intéressant. L’objectif maintenant est de transférer la technique aux adhérents qui, eux, la valoriseront commercialement. » 

Autant d’avancées qui ouvrent de nouvelles voies aux professionnels de la région (horticulteurs, pépiniéristes, paysagistes…), leur donnant les moyens de s’inscrire dans une horticulture du XXIe siècle, plus innovante, plus connectée et plus responsable, et de gagner en compétitivité sur les marchés de demain.

Estelle Boutheloup

Photo de Une : Le CDHR a été créée vers 1960 à l’initiative de la filière pépiniériste et horticulture de la région.©CDHRC

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