Jeudi 6 juillet 2009. Sur la grande scène du théatre romain de Vienne, The Original Nina Simone Band joue un rythme lent et majestueux. C’est la basse de Chris White qui mène le jeu. Quatre femmes entrent alors en scène dans une lente procession, chacune s’installant devant un micro. Elles se mettent dans le rythme et se balancent à l’unisson.
Et l’émotion commence à monter.
Angélique Kidjo
C’est Angélique Kidjo, la Béninoise devenue New Yorkaise, qui entame l’air des Four Women, une chanson écrite, paroles et musique, par Nina Simone. Basse et batterie en fond, très léger. La voix s’élève, aucune fioriture mais une justesse nette, précise, avec une profondeur attendrie.
L’émotion s’affole.
Guitare d’Al Shackman et percu de Leopoldo Fleming, puis piano de Jeremy Berlin, entre chaque couplet, pour continuer le charme.
Lizz Wright, voix plus enjoleuse, Lisa Simone, la fille de Nina, voix fragile et travaillée, et Dianne Reeves, la grande sœur à la voix pleine, volumineuse, prendront chacune un couplet.
L’émotion est à son comble.
Lisa Simone et Lizz Wright
Avec chacune leur intonation, elles dégagent une puissance extraordinaire. Elles sont belles, sensuelles, rayonnantes. La chanson écrite par une femme noire qui a souffert toute sa vie de racisme sexuel et racial, est magnifiée par ces quatre chanteuses considérées comme les meilleures voix du jazz. Chaque couplet est assez court, mais suffit pour que chacune y existe réellement.
La concentration de tous ces éléments dans six minutes de scène crée un moment absolument exceptionnel.
C’est de telles expériences qu’on souhaite retrouver en 2021. En vrai, en chair et en os, avec une communication réelle, des applaudissements en commun, des enthousiasmes partagés.
Et dont Magcentre, bien sûr, se fera avec grand plaisir le chroniqueur.
Bernard Cassat