La tête de liste aux prochaines régionales et le maire de Grenoble ont tenu une visio-conférence ensemble ce samedi 12 décembre. L’occasion pour ces deux écologistes d’échanger sur la manière d’aborder les élections de juin prochain.
Il n’y a pas eu de photo de famille, visio-conférence oblige, mais l’esprit était bien là. Les deux écologistes, Charles Fournier (vice-président du Conseil régional sortant et tête de liste pour les prochaines régionales de 2021) et Eric Piolle (Maire de Grenoble), ont pu s’entretenir lors d’une conférence-débat organisée samedi 12 décembre à l’occasion du cinquième anniversaire de l’Accord de Paris lors de la Cop 21.
« Inspirant », « pionnier », Charles Fournier n’a pas tari d’éloges au moment d’introduire Eric Piolle. Accompagnés par une élue de Tours et des militants écologistes, ils ont eu des échanges enrichissants sur les enjeux des élections à venir, notamment celui de parvenir à s’unir autour des problématiques vertes mais aussi de parvenir à être audible au-delà de ces questions là. « La force des campagnes qui s’ouvrent sera de porter les enjeux sur les domaines de compétence des régions, dans le cadre d’un projet de société global, explique l’édile de Grenoble depuis 2014. Il faut avant tout leur parler de ce qu’on peut faire pour eux et donc se concentrer là-dessus. A nous de rappeler que nous pouvons fédérer autour de la justice sociale et des objectifs de justice environnementale, et que cet objectif rassemble finalement une immense majorité de personnes. Je cite souvent Greta Thunberg : ”l’espoir commence dans l’action”. »
Un scrutin à venir à enjeux
« L’écologie ne se restreint pas aux petits oiseaux et aux petites fleurs, caricature Charles Fournier. Elle entraîne aussi des questions sociales. Pour donner des exemples concrets sur lesquels la Région peut avoir une influence, j’ai parlé de l’isolation thermique de l’habitat, je peux parler de mobilités. Tout cela pèse directement sur le portefeuille et a donc un impact social considérable. Faire de l’écologie, c’est apporter des réponses sociales. Certains voudraient de nouveau les hiérarchiser en disant qu’on s’occupera d’écologie plus tard, puisqu’il faut d’abord s’occuper de l’urgence sociale. Non, ce sont les deux faces d’une même pièce. Nous ne portons pas une écologie hors sol, elle est concrètement ancrée dans la vie quotidienne. »
La question de la stratégie à mener lors de la campagne a été au cœur des débats entre les deux élus écologistes. Ils le reconnaissent volontiers tous les deux, l’écologie est à la mode pour surfer sur les mobilisations citoyennes notamment. Il y a une tendance actuelle profonde à « peindre les programmes en vert dans tous les camps », dixit Charles Fournier. Pour lui, la différence se fera sur le bilan de leurs actions et des propositions concrètes. « Je crois nécessaire que notre bilan soit porté au sein de l’institution où nous sommes déjà en responsabilité – même si nous sommes minoritaires dans la majorité – soit mis en avant. Il faut pouvoir redire que sans les écologistes, nous n’aurions pas porté haut et fort un certain nombre de sujets. »
« Lors des élections, il faut que les politiques se mettent au service d’un projet qui les dépasse, ajoute Eric Piolle, lui-même un ancien ingénieur. C’est un moment où plein de gens peuvent rentrer tout à coup dans la sphère politique et se dire qu’ils vont changer les choses. Ces élections sont l’occasion d’avoir ces mobilisations citoyennes qui s’engagent, qui viennent apporter leur volonté, leur fraîcheur, leur détermination. »
Un soutien affirmé
Même si des centaines de kilomètres les séparent, Eric Piolle a tenu à affirmer son soutien à la tête de liste écologiste du Centre-Val de Loire, de par sa présence et aussi en soulignant sa détermination. « Je vois l’enthousiasme de Charles et de son équipe, salue Eric Piolle. Le grand saut que nous avons à faire, c’est le changement de culture. Se dire qu’on va être en première ligne et pas en second rideau, ça change la façon d’aborder les campagnes, de travailler sur soi. La responsabilité est différente, tout comme le poids de la pression ou l’exposition. Ça change la façon dont on fait le programme parce qu’on se dit que chaque élément est soupesé et s’interroger sur comment on va tenir cette promesse. »
Touché, Charles Fournier, lui, a terminé en montrant le caractère essentiel de ces élections régionales de juin prochain. « L’élection régionale est très importante car à cette échelle, on peut donner un cap à d’autres territoires et entraîner des changements et des transformations, conclut-il. À cette échelle là, nous pouvons prendre des décisions cruciales, en étant mobilisés vers l’intérêt général, celui de la fin du mois et la fin du monde, plutôt que la fin du mandat. »
Delphine Toujas