Cela fait des lustres que Vierzon se targue d’être au carrefour de trois axes autoroutiers. Cela fait des lustres que « sa position géographique est un atout ». Pourtant, depuis la création du croisement A20-A71-A85, aucune perspective industrielle importante n’avait été jusqu’alors projetée sur un site de la deuxième ville du département du Cher. Le parc logistique porté par Virtuo Industrial Property pourrait aider à l’inversion de tendance.
Presque en face, de l’autre côté de la route, un restaurant Routier est déjà en fonctionnement depuis plusieurs mois. Photo FS
Dans cette ville liée à jamais à Brel dans la mémoire collective des plus de quarante ans, – le grand Jacques n’y a jamais mis les pieds alors que ce n’est pas le cas pour Vesoul…- et à une image de désert industriel pour les tranches d’âges inférieures, un projet qui introduirait un peu de fraîcheur, de vitalité, et de relance économique est toujours bon à prendre. C’est pourquoi les récentes annonces et résolutions prises sur le bassin économique et d’emploi de Vierzon redonnent, un peu, le sourire malgré le contexte sanitaire du moment, et en particulier le parc logistique porté par Virtuo Industrial Property.
Ces décisions viennent compléter l’implantation d’entreprises comme Combronde Fer-Auvergne, première installation d’envergure rail-route de la Région Centre-Val de Loire, Picasoft et la pépite Ledger qui fait rayonner la cité berrichonne au plan mondial. Elles viennent aussi conforter les élus locaux dans leurs efforts de re-dynamisation locale et s’ajoutent aux investissements dans le champ et les formations du numérique. Un Campus connecté, en partenariat avec le Cnam et le lancement de l’école de développeurs de logiciels Algosup ont voilà peu intégré le dispositif. À terme, la perspective d’une offre d’emplois conséquente pour la dernière structure s’intègre dans la politique d’accueil diversifié (industriel, numérique, logistique) souhaitée par la communauté de communes.
Plateforme Virtuo Industrial Property
La validation par le Conseil communautaire de Vierzon-Sologne-Berry d’un protocole d’accord constitue la première étape pour l’implantation d’une plateforme XXL de logistique. C’est ce domaine que François Dumon, le président de la communauté de communes, assure avoir « toujours privilégié et pour lequel notre situation géographique au cœur d’un carrefour autoroutier et ferroviaire est un véritable atout. » Il explique par ailleurs que la communauté de communes disposait « de disponibilités foncières à proximité des échangeurs et du pôle poids lourds, réservés à la logistique sur le Parc technologique de Sologne, récemment classé “Site industriel clé en main” ».
Le vote a dégagé un large consensus en faveur du projet. Un seul élu écologiste s’est abstenu et a par ailleurs lancé une pétition (voir encadré) sur Internet… même si le site proposé ne semble pas présenter en lui-même un intérêt écologique réel. La zone, en bordure de forêt domaniale, plutôt prairie que terre cultivable, était jusqu’à maintenant peu ou prou utilisée. Sur cet espace devrait être créée une plateforme de dernière génération de 80 000 m² de surfaces couvertes sur un terrain d’un peu plus de 16 hectares, dédiée à la logistique et commercialisée aux secteurs d’activités « nobles » comme la santé, la cosmétique… Ce projet signifie concrètement l’opportunité de créer une offre d’emplois dont l’ampleur, 300 emplois au moins selon Virtuo, est peu fréquente sur un bassin tel que celui du Vierzonnais.
Et puis, à l’inverse du projet avorté à Salbris à quelques kilomètres de là, sur l’ancien site de Giat Industries, dont le financement par le Conseil départemental de Loir-et-Cher pour les seules infrastructures a dépassé les 20 millions d’euros, l’investissement se ferait là sans l’apport de fonds publics…
Position stratégique validée
C’est, à priori, le fameux carrefour des trois axes autoroutiers et la position géographique privilégiée de Vierzon, au centre de l’hexagone ou presque, qui aurait fait pencher, enfin, la balance en faveur de la deuxième ville du Cher. Mélanie Cahin, cheffe de projet chez Virtuo Industrial Property, n’a pas manqué d’expliquer que le site « présente des atouts majeurs pour une implantation d’immobilier d’entreprise à vocation logistique : une localisation centrale sur un territoire attractif, un bassin d’emploi de qualité avec un passif industriel fort, une capacité foncière permettant la réalisation d’un entrepôt XXL de dernière génération, une excellente connectivité routière et autoroutière favorisant l’efficience des plans de transport… » Comme quoi, avec de la patience, tout peut arriver. L’objectif de livraison de cette plateforme est établi pour janvier 2023.
Fabrice Simoes
À l’instar de nombreux lieux où ce type de projet de parc logistique est envisagé, comme à Rouen, Metz, ou Quimper, un collectif a été initié.
La nouvelle structure dénommée « Vierzon nord, hangars et tout camion, c’est non » souhaite « soulever des oppositions et organiser des manifestations ». Elle se définie comme « un collectif de citoyens vigilants de Vierzon et de ses communes limitrophes inquiets du projet d’implantation d’un centre logistique géant au nord de Vierzon. Nous sommes clairement opposés à cette installation ». Par le menu, elle détaille plusieurs demandes telles que la consultation des habitants de Vierzon « par référendum local sur le projet, une information complète, impartiale et transparente sur les avantages mais aussi des coûts économiques, sociaux et environnementaux de ce projet pharaonique… » Une page Facebook a aussi été lancée où s’affichent déjà quelques commentaires de soutien.
À quelques encablures du site potentiel une première banderole a déjà fait son apparition sur le bord de la route. Le collectif a promis qu’il y en aurait d’autres mais que lors de l’enquête d’utilité publique qui « sera obligatoirement lancée comme pour toute opération similaire, les citoyens auront alors la possibilité de s’exprimer en toute liberté, si toutefois ils osent le faire… » Dans la foulée, une pétition intitulée « Logistique tout camion à Vierzon : non » a été lancée par Jean-Claude Léchelon, élu municipal de Vierzon. Écologiste et abstentionniste lors du vote communautaire, il est pourtant membre de la majorité municipale très favorable au projet de parc logistique. Le pétitionnaire étaye son désaccord sur « la proximité d’une forêt en grande difficulté à cause du réchauffement climatique, de l’impact sur le cadre de vie de tous les Vierzonnais et villages de la Forêt (bruit, qualité de l’air, défoncement des routes, accidents, paysages ) » alors que « la Ville de Vierzon, qui a pourtant un projet de port sec et une culture du Rail conséquente, accepte un projet privé, par ailleurs, de cette ampleur avec un mode transport si polluant. » Enfin, il affirme que « sur Orléans, mieux placé au niveau géographie et autoroutes, des plateformes logistiques sont à louer ».
La pétition est hébergée sur le site change.org et totalisait, tout début décembre, une trentaine de signatures.