« Le Blaisois peut devenir une métropole jardin »

L’agglomération de Blois, en Loir-et-Cher, a fait de la qualité de ses paysages l’un des axes de son développement territorial et touristique en s’appuyant sur le classement du Val de Loire au patrimoine mondial. Christophe Degruelle, son président, répond à nos questions sur ce levier et son ambition de construire « une métropole jardin ». 

Christophe Degruelle, Président d’Agglopolys est convaincu que le classement Val de Loire Patrimoine mondial est un atout pour faire d’Agglopolys “une métropole jardin”. ©Jean-Luc Vezon

Vous étiez à la 1ère loge lorsque l’UNESCO a classé le Val de Loire comme paysage culturel exceptionnel pour l’humanité…

Christophe Degruelle : Oui en effet. J’étais alors chef de cabinet de Jack Lang, ministre de l’Éducation nationale et maire de Blois qui suivait ce dossier de façon très attentive. Je me souviens lui avoir appris la nouvelle alors que nous étions en voiture. Sans être ministre de la Culture, Jack Lang a soutenu ce projet depuis le début et, après un premier refus pour cause de présence de la centrale nucléaire de Saint-Laurent-des-Eaux dans le périmètre, nous avons vécu cette nouvelle comme quelque chose d’exceptionnel pour le Val de Loire et Blois, sa porte d’entrée. Et cela d’autant plus que nous venions de créer, en 1992, le Festival international des Jardins de Chaumont-sur-Loire.

Dans quel état d’esprit étiez-vous ?

C.D. : Il est clair que pour nous il s’agissait d’une opportunité extraordinaire. En reliant la riche histoire du Val de Loire à la qualité des paysages, le classement nous apportait d’un seul coup une visibilité mondiale et portait les espoirs d’un développement de l’économie touristique. Il faut bien comprendre que celle-ci n’était encore qu’à ses balbutiements en 2000. Très vite, nous nous sommes emparés de la décision pour faire vivre le classement en prenant toute une série de mesures valorisant le Blaisois : rénovation du château de Blois, désurbanisation du secteur de la Bouillie pour en faire, demain, un parc agricole naturel urbain, valorisation du ferroduc de Vineuil ou plus récemment piétonisation du mail Pierre Sudreau et projets de « rues-jardins ». Agglopolys a aussi voté un plan d’actions pour les paysages.

La Capitainerie de l’ancien plan d’eau du Lac de Loire (Loir-et-Cher) pourrait être restaurée dans les années à venir. ©Jean-Luc Vezon

De quoi s’agit-il ?

C.D. : Il s’agit d’un document adopté en janvier 2016 par le conseil communautaire dont l’objectif est de faire de l’identité paysagère du Blaisois le socle du projet de territoire. Articulé avec les orientations issues du Plan de gestion du Val de Loire, élaboré par l’État et la Mission Val de Loire en 2012, il comporte 28 actions sur la période 2016-2020. Celles-ci couvrent les thèmes de l’habitat, des activités, de l’agriculture, du patrimoine naturel et culturel, des infrastructures et de l’animation. Je fais souvent référence à la Toscane pour évoquer ce que nous cherchons à atteindre : proposer aux touristes des villes et villages de qualité avec un arrière-pays attractif à l’image du Mugello ou du Chianti. Le classement du val doit irradier et la qualité paysagère doit toucher l’ensemble de notre territoire. Le Blaisois peut devenir « la métropole Jardin » imaginée par la Datar dans les années soixante-dix. J’ajoute que le SCOT et le PLUi intègrent les orientations du plan de paysage avec notamment le programme VUE (valeur universelle exceptionnelle) pour magnifier l’héritage naturel et culturel de nos vallées, forêts des parcs et des châteaux. 

Quelles sont les retombées ? 

C.D. : L’impact touristique est majeur avec l’augmentation de la fréquentation touristique estimée de 5 à 6 millions selon les indicateurs (visiteurs dans les grands sites, produit de la taxe de séjour) dans notre département. Cela génère de l’activité économique, des emplois et des ressources fiscales. Contrairement au littoral, il s’agit d’un tourisme de pouvoir d’achat.  Au-delà, le classement oblige les acteurs locaux à avoir une ambition forte pour le territoire en matière à la fois de gestion et de promotion. L’office du tourisme intercommunal Blois-Chambord porte cette ambition qui s’accompagne d’une professionnalisation des acteurs locaux rendue d’autant plus nécessaire que les touristes qui viennent en Val de Loire sont exigeants.

Département de Loir-et-Cher et communauté d’agglomération travaillent main dans la main sur le projet de passerelle piétons-vélos qui verra le jour à l’horizon 2024 sur les piles de l’ancien barrage du Lac de Loire. ©Jean-Luc Vezon

Quels sont vos projets pour l’avenir ? 

C.D. : Demain, nous voulons mettre davantage en valeur le fleuve. C’est le sens de plusieurs projets comme la passerelle piétons-vélos qui verra le jour à l’horizon 2024 sur les sept piles de l’ancien barrage du Lac de Loire. Avec le département et la région, grâce à ce projet, (1) nous souhaitons mettre en majesté notre fleuve. Pour cela, nous avons lancé un concours d’architectes dont le choix du lauréat définitif sera connu dans une quinzaine de jours. D’autres projets sont à l’étude comme celui de la Capitainerie pour réhabiliter l’ancien bâtiment du port du Lac de Loire ou la construction de belvédères. Au-delà, nous voulons apprendre à mieux voir et comprendre le fleuve. Les ligériens oublient qu’ils vivent dans un cadre exceptionnel. Moi, qui suis né à Paris, je ne me lasse jamais de contempler la Loire depuis ses rives. Descendre le fleuve en canoë ou en bateau de Saint-Dyé-sur-Loire à Chaumont-sur-Loire par exemple, c’est accéder à « un ailleurs », découvrir des îles et leur écosystème… Notre responsabilité d’élus est bien d’éviter la Disneylandisation du Val de Loire patrimoine mondial car la beauté sauvage de la Loire est unique.

 Propos recueillis par Jean-Luc Vezon

 (1) Le coût estimé du projet de passerelle entre Vineuil et La Chaussée-Saint-Victor est estimé à 12 millions d’euros avec une maîtrise d’ouvrage du département.

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