L’université d’Orléans, entre rivalités au sommet et détresse alimentaire

[Billet]

par Mourad Guichard

Détresse alimentaire…

Une nouvelle distribution alimentaire pilotée par le Secours Populaire Français (SPF) du Loiret et le syndicat étudiant UNEF a eu lieu à proximité du campus d’Orléans La Source, dans l’après-midi de ce vendredi 4 décembre. Près de 200 étudiants ont pu bénéficier du minimum vital (betteraves, pommes de terre, carottes, lait…), mais aussi de produits d’hygiène (gel hydroalcoolique, protections périodiques, gel douche…) et de conseils du Planning familial. Ils ont attendu sagement sous la pluie que leur tour arrive. Parmi eux, une majorité d’étudiants maghrébins et africains. Parfois les mêmes qui avaient subi de plein fouet le premier confinement. Ces mêmes qui avaient dû débourser, au titre des frais d’inscription, une somme 15 fois supérieure à celle des étudiants européens, situation tout à fait assumée par la gouvernance sortante . Enfin, les mêmes qui avaient, avant que la presse ne révèle ce scandale, été discriminés au travers de l’aide sociale  et d’un plan de financement pour l’acquisition d’ordinateurs.. 

Distribution alimentaire à l’université c Mourad Guichard

…et élections à la présidence

Le matin même de cette distribution, se réunissait le conseil d’administration de l’université dans le cadre de l’élection du futur président. Séance surréaliste qui aura finalement abouti à un stérile statu quo. Le tableau de ces deux salles, dans lesquelles s’opposaient très clairement deux ambiances, laisse pantois.

D’un côté, le combat de candidats empêtrés dans leurs rivalités pour détenir les clefs du Château (siège de la présidence de l’université d’Orléans, ndlr), rivalités qui semblent plus personnelles que politiques et qui minent le fonctionnement de l’université sur fond d’affaires judiciaires. De l’autre, des étudiants qui s’investissent sans compter pour offrir, par ricochet, des résultats parmi les meilleurs de cette université dont le rayonnement, faute de stratégie affirmée, peine à dépasser les frontières de l’Eure-et-Loir. Un fossé qui interroge sur l’image que ces étudiants retiendront de leur passage à Orléans. « Je vous conseille vraiment cette université où l’on vous laisse croupir dans 9m2 durant le premier confinement et où il faut également faire la queue pour obtenir le minimum vital durant le deuxième », pourrait témoigner ironiquement la plupart d’entre eux.

Comment les caciques du Château, drapés dans leur superbe, peuvent-ils accepter une telle situation ? Comment des élus locaux, en qualité de personnalité extérieure, peuvent-ils assister à ce chaos de l’institution universitaire, voire l’ignorer, sans défendre un minimum d’humanité ?

Au moment du nouveau scrutin pour la présidence qui aura lieu ce vendredi 11 décembre, les administrateurs auront-ils en tête ces visages masqués d’étudiantes et d’étudiants obligés d’attendre sous la pluie que de courageux bénévoles de l’UNEF et du Secours Populaire leur offrent le minimum vital ? Distribution qui aurait d’ailleurs pu être assurée par ces mêmes membres du conseil d’administration. Mais, sommes-nous bêtes, la plupart d’entre-eux ont bien d’autres préoccupations, dans la préparation de ce nouveau  scrutin de vendredi prochain avec les petits arrangements qu’il impose.

Triste spectacle d’une démocratie universitaire orléanaise en panne.

 

Commentaires

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  1. Merci Mourad pour ce billet info-humeur.
    Et si c’était cela l’éthique journalistique ?
    André Chassaing AMD

  2. Merci Mourad!
    Tout en lisant, je me disais que Monsieur Hechmi Toumi, qui avait bien avantageusement profité du système…universitaire, pourrait peut-être “mettre un peu la main à la poche” pour venir en aide aux étudiants en difficulté…
    C’est juste rendre l’énergie reçue, bien ou mal acquise, peu importe:sans étudiants, pas besoin de poste de prof ,non?Donc, c’est grâce aux étudiants qu’il vit et s’enrichit…et il y a lieu de rendre un peu…juste un peu…
    Je sais, c’est une réflexion de vieux, et je l’assume!
    Donnez un peu, Monsieur Toumi, le ciel, la nature ou les évènements vous en seront reconnaissants…

  3. Cher Papyd,

    Vous connaissez bien mal la situation dont vous parlez.
    1) M. Toumi est présumé innocent, comme vous le seriez si par malheur un jour vous étiez accusé de quelque acte que ce soit, a fortiori par des lettres anonymes, comme c’est le cas ici.
    2) M. Toumi a organisé la distribution de denrées alimentaires depuis le premier confinement, en mars, alors que ni le CROUS, ni l’université ne bougeaient. Il a mis en place une organisation effcicace, coordonné les acteurs associatifs et politiques, assuré en personne les distributions. Tout cela sans en faire la moindre publicité.
    Bref, en tous points votre commentaire s’apparente à de la calomnie pure et simple.
    J’imagine cependant que vous êtes de bonne foi et dans l’ignorance des réalités de terrain. A présent que vous êtes informé, vous ne manquerez donc pas de revenir sur des propos fort inconsidérés.

    • Chère Madame, je voulais vous répondre hier soir, mais le serveur était en maintenance à 22h56…
      Je n’ai que la vision que donne la presse régionale(La Rep’ et Mag’Centre) de ce qui se trame à l’université… et je réagis en fonction de ces informations…qui ne semblent pas faire l’objet de poursuites en diffamation…
      Ce que je sais de notre justice, c’est que quand un automobiliste écrase un piéton, il est présumé innocent jusqu’à un jugement qui arrivera quelques années bien plus tard…
      Ce qui semble poindre au lecteur “présumé innocent” que je suis, c’est que derrière toutes ces affaires, il y ait bien quelques luttes politiques internes…auxquelles “nous, lecteurs innocents” ne sommes pas initiés…
      Bonne journée, Madame.

  4. Monsieur Papyd,

    A ma connaissance, il y a une différence entre un accident materiel (un piéton écrasé) et une infraction pénale (ou il faut une intention criminelle). Mais bon. Les journaux font état d’une mise en examen pour divers chefs d’inculpation. C’est la une vérité incontestable. Mays vous, vous sautez à pieds joints des soupçons à la certitude quand vous écrivez que « M. TOUMI a avantageusement profité du système ». C’est cela que je pointais dans mon commentaire, en vous incitant à la prudence, comme à l’égard de n’importe quel justiciable. Ce n’est pas parce qu’on est poursuivi qu’on est coupable.
    Je tenais également à rétablir la vérité sur les distributions alimentaires. M. Toumi n’en a jamais fait état publiquement, mais il en a été la cheville ouvrière depuis le début.
    Quant à la violence des affrontements en interne sur le campus orléanais, je vous la confirme. Le climat a l’université est devenu irrespirable. Hélas… c’est un si bel établissement. Quelle tristesse!

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