À l’occasion des vingt ans de l’inauguration de la ligne A du tram orléanais par le premier ministre Lionel Jospin, Jean-Pierre Sueur revient, dans sa lettre sénatoriale hebdomadaire, sur ce projet qui transforma profondément la Métropole (on disait alors le Sivom) mais qui lui valut très vraisemblablement sa défaite aux élections municipales qui suivirent en 2001, face à un Serge Grouard qui n’avait alors pas de mots assez durs pour ce projet voulu et pensé de longue date par la gauche orléanaise d’alors.
La ligne B du tram à Orléans, rue Jeanne d’Arc. DR
Et Jean Pierre Sueur conclut par un rêve étrange où il se voit inaugurant la troisième ligne du tram métropolitain desservant cette fois l’oubliée Saran, inauguration en compagnie de ses “amis” réconciliés avec Serge Grouard (LR maire d’Orléans), Christophe Chaillou (PS président de la Métropole) et Michel Guérin (l’ancien maire PC de Saran mais pas Maryvonne Hautin, l’actuelle) dans une fraternelle communion à la modernité de ce mode de transport enfin reconnue. C’est le gentil conte de Noël que nous offre Jean Pierre Sueur pour l’occasion des fêtes.
Dans cette uchronie consensuelle, notre sénateur semble un peu vite oublier que le débat politique sur le tram ne se résume pas à une polémique entre les roues et les pneus comme a voulu le faire croire Serge Grouard à propos de la deuxième ligne du tram, polémique bien stérile qui retarda sa construction de deux ans et coûta plusieurs centaines de milliers d’euros à la collectivité d’alors. Il est finalement curieux que Jean-Pierre Sueur n’ait pas gardé en mémoire que le tram n’était pas en 1980 qu’un enjeu technique mais aussi et surtout l’enjeu d’une politique de la ville, politique qui visait, entre autres, à désenclaver la Source, nécessité urbaine pas vraiment partagée par la droite conservatrice orléanaise d’alors.
Le débat politique nourrit la démocratie
Le projet du tram orléanais n’était pas au pied de la cheminée, il était le fruit d’une réflexion sur l’urbanisme de la ville menée par des personnes un peu oubliées comme Michel de la Fournière ou Antoine Prost (adjoint à l’urbanisme d’alors). Contrairement à ce que voudrait nous faire croire notre sénateur, le débat politique ne s’est pas éteint avec la récente conversion de Serge Grouard à l’écologie et l’unanimisme de façade affiché par nos élus métropolitains va être rapidement confrontée à la dure réalité des choix politiques que l’on ne pourra éternellement différer, sauf à conforter les abstentionnistes à rester chez eux lors des prochains scrutins.
Et la pandémie est bien là pour nous le rappeler, n’en déplaise aux rangs de plus en plus clairsemés du “ni droite ni gauche” des soutiens de la République en Marche, les choix difficiles dont il faudra bien débattre tant en matière de santé collective, de soutien à l’emploi mais aussi de sécurité et de liberté publiques conduiront à des décisions éminemment politiques pour lesquelles une certaine idée de la gauche sociale et écologique devra se faire entendre, sauf à définitivement disparaître du débat.
Gérard Poitou
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