[Info Magcentre]
Une procédure prud’homale a été lancée par Thomas Renault, joueur récemment remercié par le club de football orléanais. Devenu depuis adjoint aux sports de la ville d’Orléans à la suite des dernières élections municipales, il réclame plusieurs centaines de milliers d’euros à l’USO Foot, par ailleurs subventionnée par la municipalité. Derrière cette procédure hors normes, se profile une lutte d’influence politico-financière où les conflits d’intérêts potentiels s’entremêlent.
[Info Magcentre] Une procédure prud’homale a été lancée par Thomas Renault, joueur récemment remercié par le club de football orléanais. Devenu depuis adjoint aux sports de la ville d’Orléans à la suite des dernières élections municipales, il réclame plusieurs centaines de milliers d’euros à l’USO Foot, par ailleurs subventionnée par la municipalité. Derrière cette procédure hors normes, se profile une lutte d’influence politico-financière où les conflits d’intérêts potentiels s’entremêlent.
Le chiffon brûle entre Thomas Renault, actuel adjoint au maire d’Orléans en charge des sports et l’USO, club de football local relégué cette saison en Nationale. L’ancien gardien de but, qui a été remercié en mai dernier après une trentaine d’années passée sur le gazon de La Source, attaque le club qui l’employait devant le conseil des prudhommes d’Orléans. L’audience doit se tenir le 10 décembre prochain. Sauf si les deux parties trouvent un accord financier, malgré l’importance des sommes réclamées. « Comme dans toutes les procédures, il peut y avoir des transactions », confirme Anthony Mottais (Derby avocats), l’avocat de Thomas Renault. Son client réclamerait « plusieurs centaines de milliers d’euros » au titre d’arriérés de rémunérations et du non-respect d’une promesse de reconversion que le club lui aurait formulée.
« Mais attention, il ne faut pas mélanger les genres. Ce n’est pas l’adjoint aux sports qui attaque le club », insiste son avocat. « D’ailleurs, à chaque fois que le foot est abordé en réunion municipale, il s’interdit tout commentaire, allant parfois jusqu’à quitter la salle des débats ». Soit, mais de facto, si Thomas Renault gagne son bras de fer d’une manière ou d’une autre, l’argent qu’il percevra sera, en partie, de l’argent public provenant des subventions municipales orléanaises. Une confusion étonnante qui laisse planer un potentiel conflit d’intérêts, même si tout salarié privé d’emploi peut naturellement faire valoir ses droits devant les Prudhommes.
Les relations entre l’actuelle direction de l’USO et la municipalité vont logiquement se radicaliser.
Si les proches de Thomas Renault évoquent « un crève-cœur » du fait de son attachement à son ancien club, les relations entre l’actuelle direction de l’USO et la municipalité vont logiquement se radicaliser. D’autant qu’en plus du poste d’adjoint aux sports occupé par un joueur remercié, Florent Montillot, premier maire-adjoint, devient l’homme fort du conseil municipal. Et c’est justement lui qui, début 2019, avait lancé un projet d’aide au club de foot sous forme associative. Et provoque, dans la foulée, un apéro “martial” dans un restaurant du centre-ville. « Cette rencontre ressemblait à un procès », résume un participant à cette soirée particulière. Face à Philippe Boutron, patron de l’USO, se côtoyaient un panel de passionnés de foot avec l’homme d’affaires Alex Vagner, des universitaires comme Pierre Allorant*, Laurence Beulin, qui proposait ses services et rejoindra, plus tard, la liste d’Olivier Carré aux municipales, des techniciens et athlètes, Michel Pitel, ancien joueur de l’USO, soutien inconditionnel de Serge Grouard et, Florent Montillot, élu influent d’Orléans depuis 2001. « Officiellement, Florent venait faire une proposition d’appui afin que le club atteigne la D1 », explique un autre participant. « Dans les faits, il voulait prendre les rênes via deux investisseurs privés ».
Échaudé par ce premier bras de fer, Philippe Boutron, le toujours président du club de foot, pourrait tenter de calmer le jeu en trouvant un accord avec son ancien gardien de but. « Il faut bien comprendre que si la situation du club est aussi préoccupante, c’est en grande partie du fait de toutes ces manœuvres politico-financières », assure un connaisseur de l’USO. « En voulant déstabiliser la direction et la rendre vulnérable, ces attaques ont contribué à plomber durablement l’ensemble du club ». Surtout, qu’en début 2019, se profilaient plusieurs actions judiciaires visant les dirigeants de l’USO et rendant les pourparlers beaucoup plus favorables à de potentiels repreneurs. De son côté, Alex Vagner, tout en réaffirmant son attachement au club fondé par son père, assure prendre ses distances : « Mes engagements se font toujours avec les gens et jamais contre les gens (…) J’ai donc décidé de ne pas m’insérer aux forceps dans ce projet », a-t-il notifié sur son compte Facebook.
Contactés par Magcentre, ni Philippe Boutron, ni Thomas Renault, qui valident tous deux nos informations relatives à la procédure prud’homale, n’ont souhaité s’exprimer directement.
Mourad Guichard
*Aujourd’hui membre du conseil d’administration de Magcentre (NDLR)