En 2018, à l’occasion du centenaire de la Grande Guerre, la municipalité (PCF) de Graçay (Cher) avait inauguré une plaque commémorative rendant hommage à l’ensemble des combattants venus des cinq continents.
Jean Pierre Charles, maire communiste de Graçay, commune du Cher, pose devant la plaque commémorative qui rend hommage aux soldats venus des cinq continents. ©Mourad Guichard
Au moment où l’on célèbre les combattants de la Grande Guerre et où certains observateurs rappellent le rôle des soldats venus d’Afrique, comme dans la tribune publiée par Magcentre, Jean-Pierre Charles, le maire communiste de Graçay (Cher) revient sur l’inauguration, en 2018, d’une plaque commémorative particulière. La municipalité y rendait hommage aux soldats venus des cinq continents. « J’ai voulu rétablir une vérité historique qui apparaît nulle part sur les milliers de monuments aux morts de 14-18 », explique l’élu qui a suivi une formation universitaire en Histoire. « Il est important de rappeler le lourd tribu qu’ont payé tous ces hommes, dont ceux venus des colonies ».
La plaque est d’ailleurs sans ambiguïté. Elle évacue les notions de patriotisme et d’héroïsme au profit d’un regard politique totalement assumé. « Ce jour-là prenait fin le plus grand massacre jamais connu de l’histoire de l’humanité. Causé par les nationalistes, la concurrence économique entre les États, la soif d’hégémonie et de puissance, la primauté des puissances de l’argent et des marchands de canons, 18,6 millions de personnes autant civiles que militaires y donnèrent leur vie », pointe-t-elle avant de poursuivre : « Venus des cinq continents, Europe, Afrique, Amériques, Asie, Océanie, nous leur devons notre liberté » ; puis de conclure par une citation d’Henri Barbusse : « Ce ne sont pas des soldats : ce sont des hommes. Ce ne sont pas des aventuriers, des guerriers faits pour la boucherie humaine. Ce sont des laboureurs et des ouvriers qu’on reconnaît dans leurs uniformes. Ce sont des civils déracinés. »
Le maire de Graçay n’en est pas à son coup d’essai. Quelques années plutôt, il avait organisé une cérémonie aux côtés du consul du Maroc et de l’ambassadeur du Sénégal afin de rendre un ultime hommage aux soldats de la Seconde guerre mondiale originaires de ces deux pays et enterrés anonymement dans le cimetière communal.
Mourad Guichard