Le diabète qui monte, qui monte…

Le diabète est un problème de santé publique majeur. Ce fléau réduit dramatiquement la qualité et l’espérance de vie. C’est aussi un énorme fardeau économique qui, partout dans le monde, augmente chaque année. Afin d’enrayer cette progression désastreuse des cas de diabète, depuis 1991, tous les 14 novembre, l’International Diabetes Federation (IDF), soutenue par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) organise la Journée Mondiale du diabète.

Photo Pixabay

Le Loiret a le score le plus élevé de diabétiques en région Centre-Val de Loire

Il y aurait 463 millions diabétiques dans le monde. Un sur deux n’est pas encore diagnostiqué. Le diabète est un marqueur socio-économique, puisque sa prévalence est plus élevée dans les pays les plus pauvres et y augmente plus vite. En France, ce sont les communes les plus défavorisées qui sont les plus atteintes. Selon les estimations de l’IDF, les dépenses mondiales de santé annuelles consacrées au diabète s’élèvent à 760 milliards de dollars.

En France, le diabète touche 5 % de la population. Plus de 3,3 millions de personnes sont traitées pour un diabète. Son coût s’élève à plus de 10 milliards d’euros par an. En région Centre-Val de Loire, 142 108 diabétiques sont recensés. Le Loiret a le score régional le plus élevé de diabétiques, avec 36626 patients.

Trouble de la régulation des glucides

Dans les anciens ouvrages de médecine on peut lire au mot « diabète » : « Terme générique par lequel on désigne plusieurs espèces morbides distinctes dont les caractéristiques communes sont une augmentation de la soif (polydipsie) et une exagération de la quantité d’urine émise (polyurie) qui peut être sucrée ou insipide. » En effet, il fut un temps où les praticiens goûtaient les urines de leurs patients. Même si le « diabète insipide » est toujours une maladie endocrinienne bien présente, le terme de diabète désigne principalement cette maladie chronique provoquée par un trouble de la régulation des glucides.

Elle est caractérisée par un taux en permanence anormalement élevé de sucre dans le sang (glycémie). Le métabolisme du sucre est sous la dépendance de l’insuline, hormone fabriquée par le pancréas. Quand la quantité de glucose s’élève dans le sang, l’insuline, unique hormone hypoglycémiante, est sécrétée par le pancréas. Elle permet au sucre en excès d’être stocké et ainsi de normaliser la glycémie. La régulation physiologique doit stabiliser la glycémie aux alentours de 1 g/L.

Différents types de diabète

Une personne est diabétique lorsque sa glycémie, à deux reprises, est égale ou supérieure à 1,26 g/L à jeun, ou égale ou supérieure à 2 g/L à n’importe quel moment de la journée. En dehors du diabète gestationnel, qui apparaît parfois au cours de la grossesse, on distingue deux types de « diabètes sucrés » : le diabète de type 1 et le diabète de type 2.

Chez les diabétiques de type 1, le pancréas est dans l’incapacité de produire de l’insuline afin d’adapter la glycémie. Chez ces malades, le taux de sucre dans le sang reste dangereusement élevé. Le diabète de type 1 est une maladie immunologique qui apparaît le plus souvent durant la prime enfance. Seul l’apport externe d’insuline permet de traiter cette anomalie.

Le diabète de type 2 est une maladie apparaissant progressivement chez des adultes en surpoids ou obèses. Chez les diabétiques de type 2, le pancréas fabrique encore de l’insuline. Chez certains, l’organisme résiste à l’insuline (insulinorésistance). Chez d’autres, le pancréas, épuisé car trop sollicité, n’en synthétise plus assez. C’est essentiellement le diabète de type 2 qui s’accroît dans le monde.

Redoutables symptômes et invalidités irréversibles

Si la glycémie est trop constamment élevée, de nombreuses complications apparaissent. Elles sont dues à la destruction de la paroi des vaisseaux et en particulier celle des petites artères qui irriguent le cerveau, l’œil, le rein, les nerfs. Ces altérations vasculaires sont longtemps silencieuses mais lorsqu’elles se décompensent, elles provoquent alors de redoutables symptômes et des invalidités irréversibles.

Un diabétique est exposé aux accidents vasculaires cérébraux (AVC), aux infarctus du myocarde, aux atteintes de la rétine (rétinopathie) allant jusqu’à la cécité, à des destructions des reins avec une altération définitive de la filtration urinaire, à de terribles douleurs neurologiques souvent associées à des lésions cutanées ne cicatrisant pas, à l’origine de gangrènes et d’amputations. Les diabétiques sont également beaucoup plus vulnérables à la Covid-19.

En France, parmi les patients actuellement traités pour un diabète, plus de 4 400 diabétiques ont été mis sous dialyse ou ont nécessité une greffe rénale ; plus de 8 100 ont subi un infarctus du myocarde ; plus de 19 800 ont fait un accident vasculaire cérébral (AVC) ; plus de 26 700 ont été hospitalisés pour une plaie du pied avec pour plus de 8 400 patients d’entre eux une amputation de membre inférieur. Souffrances, handicaps et conséquences financières sont tragiques pour tous ces malades.

Surpoids, obésité, tabac

Il n’existe pas de prévention efficace pour le diabète de type 1. La croissance du nombre de patients diabétiques de type 

Le Loiret a le score le plus élevé de diabétiques en région Centre-Val de Loire. Photo Pixabay

2 est fortement corrélée à l’augmentation de l’obésité et du surpoids. La prévention passe obligatoirement par une modification de l’hygiène de vie et le contrôle du poids. Individuellement, il est donc parfois nécessaire de mincir durablement, de modifier son alimentation, de faire davantage d’exercices physiques (au moins 30 minutes par jour) et de s’abstenir de fumer.

En effet, le tabac augmente le risque de diabète et de maladies cardiovasculaires. À l’échelle de la population, combattre la « malbouffe » et les publicités qui y sont associées, lutter contre l’alcool, le tabagisme, la sédentarité et les lobbies du sucre, favoriser l’éducation diététique et la pratique sportive sont des actions efficaces de lutte contre le diabète.

Une journée, même mondiale, ne suffira pas à arrêter la pandémie de diabète.

Jean-Paul Briand

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