Et quel concert ! Ce dimanche 8 novembre Les Folies Françoises invitaient leur public à un concert en ligne et en direct depuis le Théatre d’Orléans. Et pas des moindres puisque, intitulé « Apothéose en musique », celui-ci était initialement prévu pour fêter les 20 ans de l’ensemble.
Apothéose en musique le 8 novembre, enregistrement en ligne au théâtre d’Orléans. ©AC Chapuis
Donc me voici à 16 heures pétantes devant mon écran d’ordinateur, prête à passer un bon moment de musique à domicile. L’image est fixe, annonce « dans quelques instants... » et l’on entend les sons familiers d’un orchestre qui s’accorde, qui chauffe, qui se prépare, qui nous attend….
L’image s’affiche et les musiciens entrent en scène. En silence, juste accompagnés du bruit de leurs pas et de leurs partitions. François-Xavier Hauville, directeur de Scène Nationale vient redire le plaisir d’accueillir les Folies Françoises, d’ouvrir ses locaux et équipements techniques à la musique et aux musiciens.
Puis Patrick Cohen Akénine, violoniste et co-fondateur de l’ensemble vient rappeler que « 2020 devait être une grande et belle année. Cet affreux virus en a décidé autrement » mais que le dispositif en ligne est une chance pour pouvoir, envers et contre tout, faire de la musique d’ensemble et la partager avec un public.
Il annonce le programme consacré à François Couperin (« notre parrain en quelque sorte » puisque les Folies Françoises est le titre d’une pièce pour clavecin de ce compositeur) et Jean-Baptiste Lully : un concert des goûts réunis, entre le bon goût français et l’expressivité des italiens.
Patrick Cohen Akénine et Benjamin Chénier, violons. ©AC Chapuis
Puis la musique jaillit. C’est l’instant magique du concert. Le son diffusé par l’ordinateur surprend dans un premier temps. On est loin du son « Folies » que l’on connaît. Mais très vite l’oreille s’adapte, fait fi de cet artifice et se laisse accaparer par François Couperin et ses interprètes. Ils sont en cercle, se regardent, engagés, virtuoses, énergiques et très communicatifs malgré les masques !
La caméra vient les surprendre au plus près de leur jeu, en trois ou quatre plans différents (qui laisseront dans l’anonymat Matthias Spaeter, le joueur de théorbe placé dos à la salle !) On peut ainsi admirer de près le jeu véloce de Béatrice Martin, claveciniste, qui porte l’ensemble de la partition, soutient, écoute, donne l’élan, s’engage de toute son âme et tout son corps dans la musique.
Les morceaux s’enchaînent, avec un effet curieux lié à l’absence d’applaudissements. Seuls les commentaires sur le tchat montrent le plaisir du public (mais peut-on parler de « public » quand chacun est chez soi ?) Les suites de François Couperin aux noms précis comme « la piémontaise », « la française » et même « la Couperin » pour une pièce pour clavecin, sont un enchantement. On ne voit pas le temps passer.
A la fin du dernier morceau Apothéose composée à la mémoire immortelle de l’incomparable Monsieur de Lully, la connexion s’interrompt… le tchat s’affole, la régie répond et s’affaire… mais le concert ne reprendra pas. Une interruption brutale et frustrante qui vient rappeler que rien ne remplace les conditions d’un vrai concert avec un vrai public, que tout le monde attend avec impatience…
Mais saluons la ténacité des Folies Françoises à faire exister et partager la musique quoiqu’il advienne, avec un réel souci du public qui caractérise cet ensemble.
Un grand merci et à bientôt « en vrai » !
Anne-Cécile Chapuis