[Billet]
La ville d’Orléans vient d’annoncer le lancement d’une plateforme numérique de mise en avant des commerces de proximité. Une idée qui avait pourtant été portée par Fahim, un entrepreneur local, qui se sent clairement spolié.
Les idées de génie promues par Serge Grouard n’ont de cesse de croître. Après sa « chaîne de solidarité » qui, durant le premier confinement, a permis de faire la promotion de ses colistiers ; après la fabrication et la distribution médiatisée de masques en tissus et chirurgicaux alors que la municipalité conduite alors par Olivier Carré en assurait une large diffusion ; après la promesse électoraliste fumeuse d’une prime aux commerçants, voici la nouvelle super bonne idée de notre édile local : créer un portail numérique permettant de donner de la visibilité aux producteurs et commerces locaux confrontés à une crise économique majeure, reconfinement oblige.
Dès cette fin de semaine, les Orléanais (eux seuls, les métropolitains iront frapper à la porte des hypermarchés) pourront accéder à ce site internet pour passer leurs commandes courantes mais aussi celles liées aux festivités de fin d’année. Mais où diable Serge Grouard est-il allé chercher une idée aussi brillante, aussi novatrice ? Peut-être en lisant Magcentre (?) ou plutôt auprès de Fahim, un entrepreneur local qui avait eu, il y a plusieurs mois, la même idée, via sa plateforme Emarket45 et l’avait soumise, début octobre, aux services municipaux. Aventure commerciale que Magcentre vous narrait le 31 octobre dernier.
« Mon premier contact avec la mairie a eu lieu début octobre, bien avant l’annonce d’un deuxième confinement », explique-t-il. « L’institution trouvait mon projet intéressant et novateur. Elle se disait très intéressée ». Las, après un passage en commission idoine, le projet innovant a été retoqué. Aucune aide à attendre de la municipalité, donc. « Quand j’ai vu le tweet de Monsieur Grouard annonçant la mise en place de sa propre plateforme, j’ai été énormément surpris et déçu ! », insiste Fahim, un brin amer.
Pour se justifier de cette jolie et aimable spoliation, la ville, qui reconnait le contact avec l’entrepreneur orléanais, répond qu’elle devait faire fissa. « Face à l’urgence et à la situation de grande détresse dans laquelle se trouvent bon nombre de commerçants orléanais (…) il fallait agir vite ». Ben voyons ! Quoi de plus rapide que de piquer l’idée « intéressante et novatrice » d’autrui ?
D’autant que la plateforme gadget de la ville vient s’empiler sur les autres pré-existantes, comme celles du Département du Loiret, Approcolocal, ou de la Région Centre-Val de Loire dans le cadre du Plan de relance. Mais il fallait visiblement que Serge Grouard apparaisse de nouveau comme le sauveur, quitte à perdre un peu plus le consommateur face à une offre pour le moins dispersée.
Mourad Guichard