Présidé par Reinhold Friedl, le jury du XIVe Concours d’Orléans relevant haut la main le défi de la crise sanitaire et du confinement en avançant sa finale prévue samedi à ce jeudi 29 octobre, a décerné le Prix Blanche Selva à Mikhaïl Bouzine (Russie Allemagne). Ce dernier, lors des demi- finales de mercredi à l’Institut n’avait pas manqué, par son talent confondant, d’enthousiasmer le public. A noter que Mikhaïl Bouzine, à l’issue de cette finale qui s’est déroulée au théâtre d’Orléans à huis-clos, s’est aussi vu décerner le Prix Samson François et le Prix Polska Music.
Mikhaïl Bouzine. Photo : Gérard Laurenceau.
L’aventure ne fait que commencer
Plébiscité par le jury a également été Dmitry Batalov (Russie), pianiste qui reçoit le Prix Edison Denisov, la Résidence Henri Dutilleux, le Prix Claude Heiffer et le Prix Ricardo Vinhes. A saluer, également, la présence au palmarès de Chiko Miyagawa qui se voit attribués les Prix André Jolivet et Sacem . Cette dernière avait clos, ce mercredi, la journée de demi-finale avec un programme grave et personnel d’une somptueuse intensité.
Mikhaïl Bouzine et l’Ensemble Intercontemporain. Photo : Gérard Laurenceau.
Si le quatorzième Concours vient de s’achever avec l’heureuse participation de l’Ensemble Intercontemporain dirigé par Simon Proust, l’aventure ne fait que commencer pour les musiciens. En effet, cette manifestation, dont la directrice artistique est Isabella Vasilotta, va, durant les deux années à venir, accompagner la carrière des lauréats. Enregistrement discographique, concerts et tournée seront quelques-unes des marques d’estime et d’attention à l’adresse d’interprètes remarquables.
Magnifiques et souriants ambassadeurs de la musique pour piano des XXe et XXI e siècles.
Jean-Dominique Burtin
Photos Gérard Laurenceau
Le palmarès
Prix de composition André Chevillon Yvonne Bonnaud : Tetsuya Yamamoto (“Paysage de givre)
Prix Boucourechliev : Robert Fleitz (Etats-Unis)
Prix Edison Denisov : Dmitry Batalov (Russsie)
Résidence Henri Dutilleux Geneviève Joy : Dmitry Batalov (Russsie)
Prix Alberto Ginastera : Yaoyue Huang (Chine)
Prix André Jolivet : Chiko Miyagawa (Japon)
Prix Ysang Yun : Haruka Ebina (Japon)
Prix Spéciaux Interprètes du 20e siècle
Prix Samson François : Mikhaïl Bouzine (Russie Allemagne)
Prix Claude Heiffer : Dmitry Batalov (Russsie)
Prix d’Interprétation
Prix des étudiants du conservatoire d’Orléans : Chae-Um Kim (Corée du Sud)
Prix Polska Music : Mikhaïl Bouzine (Russie Allemagne)
Prix SACEM : Chiko Miyagawa (Japon)
Troisième Prix André Chevillon Yvonne Bonnaud : Chae-Um Kim (Corée du Sud)
Deuxième Prix BEG Ingenierie : Dmitry Batalov (Russie)
Premier Prix Blanche Selva : Mikhail Bouzine (Russie Allemagne)
Belle note d’intention de Mikhaïl Bouzine
Lors de la demi-finale du Concours, Mikhaïl Bouzine a interprété des œuvres de Iannis Xenakis, Alexandre Gretchaninov, Edison Denisov, Olga Neuwirth, Sergei Bortkiewicz, Pascal Dusapin, Isang Yun.
Voici la note d’intention accompagnant ce programme qu’il avait conçu.
” Le mythe parle d’origines, de comment nous devrions vivre, ce que nous devrions faire, et dissimule le connaissable ; la brume dissimule le visible, le perceptible, et la vérité ne se cache que bien en dessous. Le programme explore les mythes qui sont créés sans relâche tant que l’humanité existe.
Le programme a trois axes : le premier est celui du héros – le mythe de défier l’impossible, tel un Dieu (Evryali), le royaume mythique que l’on s’imagine afin d’échapper à la réalité (Signes en blanc) ; le deuxième est le mythe de l’âme humaine, son irrationalité, les sentiments personnels qui entravent notre esprit, qui obscurcissent le vrai sens de l’art (Dusapin), abandonnant la beauté contemplative dans une poursuite bruyante et animale d’un objectif futile (Neuwirth) ; le troisième, entrelacé, rappelle que les mythes exigent un sacrifice (Gretchaninoff and Bortkiewicz , tous deux victimes du mythe soviétique, chassés de leur pays natal).
Le programme se termine avec l’œuvre d’Isang Yun « Little Yin Yang », car comme il l’est magnifiquement démontré dans Rashomon, la vérité n’est ni héroïque ni tragique ; elle est en réalité petite, simple et apparemment insignifiante comparée aux grandes idées des dirigeants… Mais qui possède la vérité finalement ?”
Mikhaïl Bouzine. Photo : Gérard Laurenceau.