Reconfinement : François Bonneau, “Il faut que la solidarité joue à fond”

François Bonneau ©Elodie Cerqueira

 

À l’issue de l’intervention d’Emmanuel Macron annonçant un nouveau tour de vis face à la deuxième vague de contamination, François Bonneau, le président de la Région Centre-Val de Loire, a réagi en promouvant une cohérence des politiques publiques qui ne pourrait laisser de côté l’ensemble des acteurs locaux.

 

 

Emmanuel Macron a reconnu des mesures gouvernementales insuffisantes. Quelle cohérence trouvez-vous dans ces annonces successives qui s’affichent depuis plusieurs mois?

François Bonneau : Il est évident que, notamment sur les 15 derniers jours, les mesures prises n’ont pas été à la hauteur de la violence de l’épidémie. Elles ont été totalement insuffisantes et de nombreux spécialistes sanitaires s’en sont émus. Je pense qu’il y a un problème global de rapidité dans les prises de décisions. Aujourd’hui, c’est un confinement qui est instauré, appelons un chat, un chat. Les gens ne peuvent plus sortir à leur guise, les salles de spectacle, les magasins non-alimentaires vont être fermés ; tout cela dessine une société dans laquelle nous allons vivre avec de grandes contraintes. Ce qui change par rapport à la première vague, c’est que les écoles restent ouvertes. Les entreprises, également, qui vont appliquer le télétravail au maximum et dont il va falloir maintenir l’activité pour ne pas avoir une situation économique et sociale dégradée. Cette activité est à maintenir, absolument. Sans quoi, il y aurait un risque encore plus important sur l’emploi. Je pense à ces salariés qui veulent garder leur boulot et leur salaire. La longue période de fermeture qui se profile, notamment pour les bars et les restaurants, est totalement terrifiante pour les commerçants concernés. La Région va apporter les soutiens matériels et financiers nécessaires pour leur permettre de se maintenir.

Le Président, dans son intervention, a évoqué les élus de terrain. Lui en êtes-vous reconnaissant ?

F.B. : Notez qu’il n’a pas cité les départements ni les régions. Ceci, alors que les régions ont particulièrement été mobilisées durant la première vague, fournissant des millions de masques et soutenant le milieu culturel. Dans tous les secteurs, nous allons continuer notre politique de soutien, notamment sur la formation des demandeurs d’emploi qui pensaient monter dans le train de la reprise. Mais aussi dans le domaine des transports, des lycées, nous accompagnerons les acteurs pour que ces activités prioritaires continuent dans le respect des règles sanitaires. Il faut également que la solidarité joue à fond en direction des personnes les plus exposées du fait de leur âge ou de la maladie, d’une situation de précarité, de la situation sociale dégradée. Nous sommes solidaires en période ordinaire, nous le sommes doublement en ces périodes d’épidémie.

Vous allez donc dépenser sans compter au nom de la solidarité? 

F.B. : Je compte très précisément ce qu’il y a dans la caisse, car il s’agit d’argent public, mais nous allons accroître l’action publique pour permettre aux plus fragiles de garder confiance au milieu de la tempête. Je le redis, mais les valeurs d’humanité et de solidarité sont, pour moi, des fondamentaux. Nous entrons qui pis est dans l’hiver, une période qui exacerbe les inégalités et les injustices pour les plus précaires, ceux qui vivent sous les ponts, sur les trottoirs. On va vivre une situation très rarement rencontrée dans notre société. Il va nous falloir déployer l’action publique la plus solidaire qui soit, et ce, à tout niveau.

Quand vous dites à tout niveau, qui incluez-vous précisément?

F.B. : L’État seul, ne peut pas s’en sortir. S’il n’y a pas les élus locaux pour se mobiliser avec l’ensemble des services publics, ça ne fonctionnera pas efficacement. Même chose pour les autres acteurs de terrain, notamment associatifs. Je demande solennellement à l’État d’être particulièrement attentif à cette dimension d’intégration de tous les acteurs à la nécessaire action publique.

 

Recueillis par Mourad Guichard

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  1. F. Bonneau fait partie de tous ceux (hommes politiques, journalistes, et de nombreux citoyens) qui, évidemment, auraient pris, sans tarder, les bonnes décisions. Il y a presque autant de spécialistes des épidémies en France que de sélectionneurs de l’équipe nationale de football. Tout le monde sait, après le match, ce qu’il fallait faire. Ces bavardages incessants sur la Covid (qui disent tout et le contraire de tout) sont à la fois insupportables et dangereux.

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