Couvre-feu : le préfet du Loiret redonne vie à la « bamboche »

Pierre Pouëssel, préfet du Loiret, a créé l’amusement en redonnant vie à un ancien mot français : la bamboche. Les internautes s’en sont emparé et la vidéo de quelques secondes postée sur les réseaux sociaux par nos confrères de France 3 Centre, a été largement commentée et vue plusieurs milliers de fois.

Présent sur le plateau de nos confrères de France 3 Centre, ce jeudi 22 octobre, Pierre Pouëssel, préfet du Loiret, a détaillé les nouvelles mesures liées à la Covid19 annoncées, le jour même, par Jean Castex. Au détour d’une explication, le grand commis de l’État a ainsi résumé la situation découlant du couvre-feu : « En revanche, on ne fait plus la fête. La bamboche, c’est terminé ». Un passage qu’ont extrait nos confrères de France 3 Centre sur leur compte Twitter et qui a assurément amusé les internautes, certains le trouvant désuet, d’autres applaudissant cette pépite. 

Mais qu’est-ce que la bamboche, terme semblant avoir disparu des radars linguistiques ? Le Larousse Universel, édition 1922, nous apprend qu’il s’agit d’un « nom féminin d’origine italienne (bamboccio) ». S’il désigne « une grande marionnette, un enfant, une personne contrefaite » (sic), c’est bien sûr dans son acception familière que le préfet l’utilise, à savoir « débauche et ripaille ». Logiquement, bambocher signifie donc « faire des ripailles, des débauches, des fredaines ». Et tout aussi naturellement, une bambocheuse ou un bambocheur est celle ou celui « qui aime à bambocher ».

Définition de bamboche, source le Larousse Classique. Photo Magcentre

On y apprend également que le peintre hollandais Pierre Van Laar était surnommé « Bamboccio ». Il a donné son nom, « bambochades » aux scènes populaires qu’il excella à représenter, notamment au travers de scènes de cabarets. « On trouve effectivement les origines de ce mot en 1680 pour désigner les pantins, les poupées », précise le sénateur Jean-Pierre Sueur, par ailleurs linguiste réputé.

« Mais le vrai sens, celui des soirées avinées, joyeuses, provient des peintures rustiques d’auberges de Van Laar. Et c’est en 1810 qu’apparaît le substantif au sens de faire la fête ». Jean-Pierre Sueur se réfère au Trésor de la Langue Française (édition 1975) et au Dictionnaire Étymologique de Bloch et Wartburg qui citent, en autre utilisateur de ce mot, Flaubert, Cendrars, Stendhal et Maupassant. Et aujourd’hui, Pierre Pouëssel. Ou l’art et la manière de nous instruire en ayant l’air de ne pas y toucher. 

Mourad Guichard

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