Parmi les personnes qui comptent à Orléans il y a depuis peu Benoît. Ce dernier, amoureux des bons produits et du bon vin a ouvert le 1er septembre une cave-épicerie fine en bas de la rue Royale. L’occasion de dresser le portrait d’un homme dynamique et déterminé qui n’a pas peur de relever de nouveaux défis.
Benoit, La Terre après la pluie, Orléans © SD
Ce n’est pas un virus qui va arrêter Benoît (il n’a pas souhaité donner son nom) un ch’ti de 52 ans. Car il faut un peu de culot pour ouvrir une boutique en cette période économiquement compliquée, alors que d’autres commerçants se voient contraints de mettre la clé sous la porte. Une reconversion professionnelle mais aussi la volonté de changer de vie. Une décision prise avec sa femme en juillet 2019 après la fermeture de leur hôtel-restaurant dans les Charentes, leur région de cœur : « L’hôtel-restaurant c’était depuis 17 ans du 7 jours sur 7, de 6h30 à 23h30, donc pas de vie de famille et encore moins de vie sociale. À l’approche de la cinquantaine, on a souhaité tourner la page et surtout avoir une vie à côté. »
Car ce qui guide la vie de Benoît depuis toujours ce sont les valeurs du travail bien fait, les relations humaines et la volonté d’offrir de bons produits à ses clients : « Vous avez deux types de restaurateurs : ceux qui veulent faire de l’argent et ceux qui veulent faire bien avec un entourage de petits producteurs. » Et de la restauration au vin, il n’y a que quelques pas, vite franchis par Benoît : « Dans notre boutique, on a l’impression de faire le même métier car le vin c’est un vecteur de plaisir et de convivialité. »
Mais attention pas n’importe quels vins. Car s’il n’a pas suivi de formation d’œnologie, Benoît connaît bien les cépages et surtout il s’appuie sur un réseau solide de petits producteurs : « Des vignerons qui recherchent la qualité avant la quantité et qui surtout ne font pas appel à la chimie (comprenez les pesticides, fongicides et herbicides). On est dans un autre modèle » Le mot est lâché, un autre modèle. En effet, dans toute la France des vignerons s’engagent aujourd’hui dans une démarche vertueuse et refusent « que leurs vignes soient sous perfusion de produits phytosanitaires et veulent des productions de terroir de qualité. On appelle ça des vins d’auteur », explique Benoît.
Uniquement des vins bio, biodynamiques et naturels
Des vignerons très présents aussi en Centre-Val-de-Loire. Regroupés sous l’appellation Vinibee, ils produisent des vins bio, biodynamiques et naturels. Les producteurs de vins bio n’ajoutent aucun pesticides dans les vignes et, depuis peu, ils réduisent (très légèrement) les intrants lors de la vinification. Pour les vins biodynamiques, les vignerons vont un peu plus loin. Ils essaient d’intensifier la vie du sol afin qu’il y ait un meilleur échange entre la terre et la plante en utilisant notamment le calendrier lunaire. Enfin les vins naturels combinent ces deux méthodes mais ils vont encore plus loin en s’interdisant tout intrant et toute technique visant à modifier le jus originel, mis à part le soufre.
Car pour Benoit qui travaille avec une soixantaine de ces vignerons du Val de Loire qu’il connaît tous, « tout le problème est de savoir d’où vient le vin et par qui il a été fait ». C’est aussi pour lui une philosophie de vie, « une réflexion sur les conséquences du réchauffement climatique avec un véritable engagement dans notre mode de vie et de consommation ». En résumé, trinquer (avec modération) oui, mais abîmer la planète, non.
Sophie Deschamps
La terre après la pluie
6, rue Royale
45000 Orléans