Stéphane Bern à Châteaudun pour le 150e anniversaire des combats du 18 octobre

C’était un 18 octobre et Châteaudun se souvient. 150 ans après la bataille perdue contre les Prussiens, la ville invite jusqu’au 7 novembre les Dunois à arpenter un passé oublié, souvent inattendu, souvent héroïque. Celui de la guerre de 1870, qui ressurgit avec les différentes commémorations de ce 150e anniversaire, et qui valut à la cité eurélienne d’être décorée de la croix de la Légion d’honneur par un décret du président de la République en 1877. «Peu de gens le savent mais Châteaudun, qui fait partie de ce club très fermé des 71 villes honorées par cette haute distinction nationale, a été la 5e ville française à recevoir cette distinction, créée par Napoléon », explique le maire Fabien Verdier(DVG), à la veille des cérémonies commémoratives, qui commencent ce vendredi 16 octobre.

Au programme : conférences, expositions, tirs au canons, marché d’art, feux d’artifices et remise de médailles. Comme cette légion d’honneur à la ville qui sera remise symboliquement par la sous-préfète Anny Pietri au nouveau maire, lors d’une cérémonie patriotique samedi 17 octobre, en présence de plusieurs personnalités. Le journaliste animateur Stéphane Bern est annoncé mais aussi les historiens Fabrice d’Almeida, David Chanteranne, le conservateur du château d’Amboise (Indre-et-Loire), Jean-Louis Sureau ou encore Tom Dutheil du musée de la Légion d’honneur qui n’ignore pas que Châteaudun, première cité décorée au titre de la guerre de 1870 pour faits de bravoure, n’a jamais reçu officiellement la croix de la légion d’honneur.

Stéphane Bern sera présent à Châteaudun (Eure-et-Loir) le 17 octobre pour le 150e anniversaire de la guerre de 1870 ©Laurent Menec

Elle lui sera décernée par décret sept ans plus tard. La ville de Paris aura été plus réactive en baptisant dès le 26 octobre 1870 une voie du IXe arrondissement, « Rue de Châteaudun ». Elle sera imitée par d’autres cités qui ont mobilisé des troupes et participé au conflit « C’est le décret qui est important et non la médaille en elle-même», précise-t-on au siège de la Grande chancellerie de la Légion d’honneur, qui rappelle que « les premières attributions de la légion d’honneur à des villes ont eu lieu pendant les Cent-jours, en 1815 ».

Moments mémoriels

Célébrer le 150 e anniversaire de cette guerre perdue, à l’origine des deux grands conflits du XXe siècle, peut paraître surprenant tant la mémoire collective semble embuée. Rares en effet sont ceux qui associent ce premier grand conflit meurtrier (environ 130 000 morts entre le 19 juillet 1870 et le 28 janvier 1871 juste pour le côté français), à la chute de Napoléon III, à la perte d’une partie de l’Alsace-Lorraine, à la proclamation de la IIIe République, le 4 septembre 1870 ou encore à ces corps-à-corps pendant deux jours dans les rues de Châteaudun, où une trentaine de barricades ont été érigées pour contrer les Prussiens.

Le devoir de mémoire nécessite donc d’emprunter des chemins mémoriels, plus ou moins convenus, pour redécouvrir cette histoire aux couleurs quelque peu surannées. Et pourquoi ne pas se réapproprier cette histoire plus intime qu’elle n’y paraît et aller d’une certaine manière plus loin que les commémorations institutionnelles comme cette cérémonie franco-allemande, organisée par le ministère des armées, le 30 août dernier, à Gravelotte (Moselle), pour honorer la mémoire de ces milliers de soldats, tombés pour la France pendant ces funèbres mois.

Car ces manifestations permettent aussi de renouer avec une partie de notre histoire, celle de nos villes, de nos villages, de nos campagnes, dont les heures sombres et douloureuses ont souvent occulté l’héroïsme de nombreux anonymes pendant ce conflit. Car si on sait tous qu’on a perdu cette guerre, on sait moins le courage, l’audace, les faits d’armes d’hommes et femmes qui ont permis d’écrire ces autres pages. On pense ainsi à Coulmiers (Loiret), près d’Orléans, qui ce 9 novembre 1870, fut le théâtre d’une des rares victoires de l’Armée de la Loire, menée par le général d’Aurelle de Paladines sur les troupes bavaroises. « Pendant la bataille de Coulmiers, il y a eu beaucoup de morts. Mais il y a eu une résistance française qui a même été saluée ensuite par des généraux allemands. Ils n’avaient pas connu une telle résistance de la part des troupes de l’Est lorsqu’ils sont entrés en France », souligne ainsi dans les médias Jean-Pierre Bourdiot. Président du groupe d’histoire locale intercommunal Ingré et Saint-Jean-de-la-Ruelle (GHILIIS), l’homme connaît bien les nombreuses cicatrices et autres traces de 1870 laissées dans la région Centre Val de Loire.

Un devoir de mémoire qui prend tout son sens ce week-end à Châteaudun, théâtre d’âpres combats. Le 18 octobre 1870, la ville, malgré la défaite de l’Empire deux mois plus tôt à Sedan, fait acte d’une résistance incroyable face à l’ennemi, avant de se rendre. Pillage, incendies, violences, exécutions sommaires, la défaite est douloureuse pour les Dunois, dont les sacrifices ne seront pas oubliés par la mère patrie. Après la guerre, on le sait elle sera décorée de la légion d’honneur pour sa « résistance héroïque » face à l’envahisseur prussien.

Cinquième ville à avoir été décorée au titre de la guerre de 1870, Châteaudun devra néanmoins attendre un décret du président Mac-Mahon en date du 3 octobre 1877, pour faire figurer dans ses armoiries la Croix de la légion d’Honneur.

Z.C.

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