Alors que l’actuelle équipe municipale avait dénoncé la décision “unilatérale” (peut-être cela signifiait-il qu’il ne s’agissait que d’un coté du pont ?) d’Olivier Carré de réserver une voie du pont Georges V aux vélos, la décision a finalement été pérennisée à la plus grande satisfaction des usagers cyclistes. Reste qu’un pont ne fait pas une politique métropolitaine des mobilités dans laquelle l’usage du vélo devrait s’inscrire.
Pour ouvrir le débat et concrétiser la réflexion des élus qui y sont invités, la Vélorution, collectif d’usagers du deux roues, organise ce samedi une action originale, entre la place Dunois et le site de Pole 45 à Saran, afin de montrer qu’il est possible de créer des itinéraires de liaison à l’échelle de la métropole qui, s’ils sont bien conçus et sécurisés, font la démonstration que le vélo est souvent guère moins rapide que la voiture pour les déplacements urbains.
Rencontre avec la Vélorution
MC Où en est votre association dans son dialogue avec les élus ?
PL La seule information que nous ayons eue, c’est ce communiqué nous annonçant que l’aménagement du pont Georges V était pérennisé; Il y a une voie cyclable qui a été faite sur le mail mais le reste n’a pas bougé. De plus, sont maintenus au sol les pictogrammes définitifs et les temporaires: les jaunes on tendance à disparaître avec le passage intense des cyclistes, la peinture s’en va mais il reste toujours les anciens. Du coup en ville c’est une grande pagaille. Je prends le pont tous les jours et il reste les anciens pictogramme sur la rive sud donc il y a encre des cyclistes qui prennent cette voie dans le mauvais sens.
JB On a déjà envoyé une demande de rendez-vous pour faire un bilan et surtout pour faire le point sur tous les engagements pris durant la campagne électorale, puisque le collectif avait envoyé à tous les candidats une liste de mesures importantes à prendre et on voudrait savoir si la nouvelle métropole va prendre en charge ces engagements.
FB En fait on a interrogé chaque commune et globalement elles ont répondu positivement à nos demandes mais depuis on ne sait pas, donc on voudrait leur rappeler les positions qu’ils ont prises. Avant les élections nous avons participé à un comité vélo avec l’ancienne métropole en tant que Vélorution, avec des projets sur lesquels on est intervenu mais depuis, plus rien, donc on ne sait pas où en est ce comité. Il y a quand même un budget pour un plan vélo de cinq millions d’euros sur la mandature qui doit être présenté, normalement on devait en être partie prenante et être informé.
MC Que propose la Vélorution à la nouvelle métropole ?
PL Pour nous qui sommes majoritairement des vélos-taffeurs*, des gens qui utilisons le vélo au quotidien, ce qui nous intéresse c’est qu’il y ait dans la métropole des grands axes de circulation nord-sud et est-ouest, c’est du reste pour cela que nous organisons samedi prochain une Vélorution pour aller du centre ville jusqu’à la zone Pôle 45…
FB …avec les élus et la presse et avec des entreprises, puisque les entreprises aussi sont parties prenantes par rapport au déplacements de leurs salariés et à leur sécurité. Le gros problème souvent c’est que ce sont des zones prévues pour la voiture. Pour les gens qui se rendent au travail à vélo c’est très dangereux. Samedi on constatera tous les problèmes sur ce trajet.
JB On croit que Pôle 45 c’est très loin et on va s’apercevoir, par ce trajet, que Pôle 45 c’est à vingt minutes de vélo. On peut donc rendre accessible cette zone avec peu d’aménagements pour sécuriser ce trajet: c’est ce que l’on attend de la métropole.
MC Quelle place revendiquez-vous pour le vélo en ville ?
JB On voit bien qu’il y a des problèmes entre les cyclistes, les piétons, et les voitures, on voit qu’il y a des conflits, et ces conflits d’usage résultent d’un domaine public qui n’est pas géré. C’est à la collectivité d’assurer la gestion de ce domaine public et de régler ces conflits d’usage. Il faut arriver à mettre en harmonie les déplacements de chacun. Il y a des pistes cyclables sur les trottoirs comme rue Eugène Vignat où les vélos passent à vingt centimètres de la sortie du lycée et l’on voit que la collectivité se décharge de ce conflit d’usage sur l’usager. C’est à nous usagers d’apporter cette expertise aux techniciens et décideurs.
PL Le vélo à contre sens dans le centre ville d’Orléans pose aussi un problème de pédagogie pour les automobilistes, il y a par exemple le problème des intersections où les priorités ne sont pas claires, il faut donc renforcer la signalisation en centre ville sur la possibilité d’un vélo qui débouche à contre sens dans l’intersection.
FB Du fait des aménagements provisoires, on a vu une augmentation très nette des vélos en centre ville mais il n’y a pas que le centre ville, la métropole s’étend sur 22 communes et dès qu’on sort des mails orléanais, on se retrouve avec de gros problèmes. Je viens de Saran et ce n’est pas simple de prendre les faubourgs, donc il y a cette réflexion que l’on demande depuis très longtemps sur le schéma général de mobilité des vélos sur l’ensemble de la métropole. Avec une bonne politique du déplacement à vélo, on s’aperçoit que l’on facilite les déplacements de tous. On est sur une agglomération plate avec très peu de problèmes d’intempéries, on peut très bien imaginer qu’il y ait un transfert de la voiture au vélo.
MC Que proposez-vous à la Métropole ?
PL Nous avons en tant que cycliste une expertise d’usage, et c’est ça que l’on voudrait que la métropole utilise, on voit bien que les services techniques savent faire pour les voitures, mais personne ne sait faire pour les vélos. J’ai déjà participé à des réunions, et on sent bien qu’au niveau des services techniques ils sont friands de notre expérience, et les échanges que l’on peut avoir avec eux sont très intéressants.
Avec Françoise Bégout, Jérôme Baret et Pascal Lebrize de la Vélorution
Propos recueillis par Gérard Poitou
*Personnes qui utilisent le vélo principalement pour se rendre au travail